vendredi 10 juillet 2009
NOUVELLE ADRESSE E-MAIL : francoisdelplaNOSPAM@sfr.fr
(dysfonctionnement grave de fdelpla@club-internet.fr) à propos de l’auteur (in english also) : : "Shoah par balles" : un bâillon original La mise au point de Serge Klarsfeld : Deux institutions, influentes sur la scène historique française, ont stigmatisé avec une rare violence, au cours des dernières semaines, une recherche historique d’un grand intérêt et d’une rare qualité. L’émission de France-Culture La Fabrique de l’histoire et le Monde des livres, respectivement le 27 mai et le 18 juin ( !), ont vitupéré avec des attendus sordides le travail de terrain entrepris depuis plusieurs années par l’association Yahad-In unum sur les exécutions de Juifs en URSS pendant l’occupation allemande. Les reproches relèvent tantôt du procès d’intention (on insinue que la qualité d’ecclésiastique de Patrick Desbois le rendrait trop compréhensif pour l’antisémitisme des populations chrétiennes), tantôt du pur fantasme (les Juives auraient été couramment violées avant d’être abattues et les chercheurs seraient aveugles à cette réalité), tantôt de la négation d’évidence (on reproche à cette recherche son amateurisme méthodologique alors qu’elle se fait dans un dialogue constant avec des universitaires de haut niveau). Un certain corporatisme se fait jour dans des critiques portant sur la "médiatisation" des résultats et notamment le livre Porteur de mémoires auquel on reproche de ne pas être bardé de références bibliographiques et archivistiques, alors qu’il ne s’agit que d’un reportage, destiné à montrer la fécondité de la démarche et non à en publier scientifiquement les conclusions. Il importe de préciser une chose : si ces calomnies ont eu, comme le montrent la crédulité du Monde et celle de France-Culture, un impact, précisément, médiatique, le milieu des historiens s’y est, en revanche, montré particulièrement imperméable, à quelques exceptions individuelles près. Il y a néanmoins quelques leçons à tirer de l’affaire pour notre discipline en général, et pour l’étude du nazisme en particulier. L’idée lancinante que Desbois enfoncerait des portes ouvertes car la Shoah par balles serait "connue depuis longtemps des spécialistes" fait bon marché Le nazisme, comme son judéocide, sont des sujets qui sont loin d’être épuisés. Même si quelques investigateurs le sont. : Montigny, le 10 juillet 2009
des limites de la littérature antérieure (Raul Hilberg, notamment, que nombre de publicistes présentent comme plus rigoureux que Desbois dans sa présentation, il y a quarante ans, des mêmes faits, mélange allègrement les endroits et les époques dans ses chapitres sur les "unités mobiles de tueries", fort méritoires en leur temps mais appelant précisément des études de terrain rigoureuses) ;
des particularités de la criminalité nazie, experte à dissimuler ses objectifs comme à compromettre des gens idéologiquement très divers (du préfet radical français Bousquet au prélat slovaque Tiso). Le débroussaillage, ici, est à l’ordre du jour, et les productions de la seconde moitié du XXème siècle sont restées balbutiantes.
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