Aprés l'avoir vu deux fois, je dirai NON, absolument NON !
D'abord des chiffres. Il y a en 42 en AFN, 1.076.000 Français de souche européenne pour à peu près 6.000.000 d'indigènes.
Sur ce million et un peu plus, 180.000 vont être mobilisés, 19 classes, rappelés ou appelés, de 19 à 38 ans. Soit 16,4 %, pourcentage largement supèrieur à celui de la métropole en 1918 que j'on considère pourtant comme exceptionnel. Et les pertes en deux années de guerre effective sont aussi proportionnelles.
En 39-40, il y a déjà eu 100.000 européens et 200.000 indigènes de mobilisés et ils ont payé un lourd tribu à cette guerre perdue.
Dans le film, on ne voit qu'un seul Pied-Noir, le sergent Martinez, une véritable caricature de vaudeville... Mon père et mon oncle qui firent partie de cette armée là et dans les Tirailleurs qui plus est, ne connurent jamais d'épisode des "Tomates", ni de réunions "syndicales", dans leurs unités respectives. Il y eut, peut-être, quelques scènes de ce genre, mais extrêmement rares...
Même chose lorsqu'on nous montre le général Juin, béret et cigarette aux lèvres en train d'observer à la jumelle et sans aucune émotion, le massacre des "indigènes" sur le flan d'un piton battu par les mitrailleuses et les mortiers allemands. Il s'agit en fait d'une scène tirée d'une photo qui est souvent reprise lorsqu'on parle du CEF en Italie, où l'on voit effectivement et de dos, le général Juin, entouré d'officiers de son EM derrière un mur de sacs de sable.
Or il s'avère que cette photo prise par Jacques Belin qui faisait alors partie du SPCA, et qui donc a été témoin de la scène, si elle représente bien le général Juin, n'a rien à voir avec la scène du film !
Car le général observait alors à la jumelle, non pas un assaut de centaines de Tirailleurs et de Goumiers, mais tout simplement les effets d'un barrage d'artillerie sur des positions allemandes. Jacques Belin, ami de mes parents nous l'a confirmé !
C'est vrai qu'il y eut des pertes dans les rangs de ces unités d'infanteries "indigènes", où l'on comptait aussi de nombreux Martinez, Schoukroun, Weber ou Casanova...
On n'en voit nulle trace dans le film ! On en parle que lorsqu'il est question de "permissions" ou "d'avancement"... Mon père n'a eu droit à aucune permission et il n'en a jamais demandé pour la simple raison qu'il tenait à finir le "travail" commencé. Mon oncle, lui, y a eu droit parcequ'il avait perdu ses deux jambes !
Et enfin, question: pourquoi avoir choisi Djamel Debouze dans le casting ? On n'aurait jamais retenu pour le service "armé" d'invalide privé de l'usage de son bras droit ! Allons ! Celà suggèrait-il qu'on envoyait au casse-pipe n'importe qui, surtout si c'était un "indigène" ?
Malheureusement, et c'était le but recherché, de nombreux spectateurs vont être convaincus d'avoir vu un film "historique", ce qui n'est qu'une falsification de l'histoire ! Une de plus !
_________________ "Moi vivant, jamais le drapeau FLN ne flottera sur Alger !" Charles de Gaulle
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