Le Forum de François Delpla

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MessagePosté: Ven Sep 29, 2017 7:14 am 
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Inscription: Sam Juil 01, 2006 8:20 am
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La vérité chemine encore https://www.39-45.org/viewtopic.php?f=1 ... 56#p636156 .

Le pseudonommé Soxton fait lumineusement apparaître l'inconséquence et la légèreté de notre vieille connaissance Alain Adam. Il lui reste à reconnaître qu'en pleine bataille de France Hitler fait tout pour écraser et humilier militairement le pays hôte en épargnant au maximum son allié britannique.


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MessagePosté: Mer Aoû 01, 2018 8:17 am 
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Inscription: Sam Juil 01, 2006 8:20 am
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Bon retour, Nicolas ! non seulement sur ce petit forum, mais sur 1940 et sur le Haltbefehl, après tes embardées éditorialement fécondes sur l'URSS et le Pacifique !

Mais pourquoi ouvrir un nouveau fil ? Celui-ci est tout indiqué :

Nicolas Bernard a écrit:
Keitel accompagnait-il Hitler à Charleville, le 24 mai 1940? François indiquait qu'aucun document ne permettait de trancher.

Cependant, il s'avère que la visite de Hitler à Charleville a été suivie par Heinrich Hoffmann, lequel a pris quelques clichés, accessibles sur ce site en utilisant son logiciel de recherche (mots clefs: Hitler, Charleville). On y croise notamment le général Von Rundstedt, le colonel Jodl, ou encore l'un des aides de camp du dictateur, Julius Schaub. On notera que Jodl quitte le Q.G. de Von Rundstedt au même moment que Hitler.

Une photographie, prise peu avant le départ en avion de Hitler pour retourner à son propre Q.G., le Felsennest, est la plus révélatrice. On y aperçoit, de gauche à droite, Otto Dietrich (chef du service de presse du Reich), Hitler, Von Rundstedt, Martin Bormann, Wilhelm Keitel (au premier plan, en plein milieu, et inratable), Schaub, le colonel Rudolf Schmundt (aide de camp militaire de Hitler), le général Karl Bodenschatz (de la Luftwaffe), l'aide de camp Wilhelm Brückner, l'aide de camp Willy Deyle, et le diplomate Walther Hewel.

Le journal de Hewel correspondant à l'année 1940 n'a pas été retrouvé. Martin Bormann, dans son propre journal (davantage un vague carnet de déplacements qu'un journal), ne fait aucune mention du 24 mai 1940. Il n'est pas inintéressant que Bodenschatz ait été présent à Charleville, l'homme étant un proche adjoint de Göring, et servant d'officier de liaison entre lui et Hitler.

Le fait est qu'une photographie atteste que Keitel se trouvait à Charleville ce jour-là. A-t-il assisté à la réunion entre Hitler et Von Rundstedt? Compte tenu de son statut et de ses relations avec ce dernier, le contraire serait étonnant.

Du coup, je relis d'un autre oeil ses Mémoires, rédigés à Nuremberg, tant la version publiée que l'originale, non coupée par l'éditeur, Walter Görlitz. Keitel y mentionne l'épisode du Haltbefehl en quelques lignes. Selon lui, l'O.K.H. en aurait appelé à Hitler pour décider de la stratégie à suivre: fallait-il autoriser la Panzergruppe Kleist foncer vers l'est, au sud de Dunkerque? L'attention du dictateur aurait été attirée par la nature du terrain, prétendument impropre à la guerre mobile. Mieux aurait valu, selon lui, diriger l'offensive le long de la côte, ce qui impliquait de stopper la course des blindés. Et Keitel de préciser, non sans perfidie: si l'O.K.H. avait été sûr de son affaire, il aurait agi, sans réexaminer la situation avec Hitler.

Keitel s'exprime de mémoire, sans avoir sous les yeux les différentes pièces du dossier. Sa version des faits n'en reste pas moins source d'interrogations. Tout d'abord, il attribue, et sans réserve, la décision du Haltbefehl à Hitler, et ne dit mot de Von Rundstedt, ce qui prend un tout autre relief si l'on suppose qu'il a assisté à la réunion de Charleville. De même, Keitel se réfère manifestement au plan de Halder concocté le matin du 24 mai, qui impliquait de crever le front ennemi par le Groupe d'Armées A au sud de Dunkerque, pour faire jonction avec le Groupe d'Armées B et consommer l'encerclement des forces alliées, sans même avoir à prendre Dunkerque - plan tout aussi manifestement écarté par Hitler le lendemain matin, 25 mai (réunion à laquelle Keitel se réfère, à l'évidence). Preuve que la mémoire du chef de l'O.K.W. n'est pas mauvaise. Enfin, il admet honnêtement que la décision de Hitler s'est révélée erronée.

Mais Keitel

1/ transforme le Haltbefehl en pur et simple arbitrage, vis-à-vis d'un O.K.H. apparemment trop frileux pour "travailler en direction du Führer" et assumer ses propres responsabilités (bref, Hitler aurait plutôt "travaillé en direction de l'O.K.H.", mais pas de Dunkerque);

2/ précise que Hitler préconisait de conduire l'offensive sur Dunkerque par un détour le long de la côte (ce qui n'est pas sans intriguer, car la 1. Panzer-Division était précisément en mesure de le faire, et s'y apprêtait, sans qu'il soit besoin de stopper les Panzer de Kleist et Hoth);

3/ prend visiblement Hitler au sérieux quand ce dernier allègue que les Panzer risquaient de s'enliser dans les plaines inondées (!) du théâtre d'opérations au sud et sud-ouest de Dunkerque;

4/ et mieux encore, ignore visiblement que ledit O.K.H. a tenté, dans la nuit du 24 au 25 mai, de contourner ledit Haltbefehl pour prescrire à Von Rundstedt, en des termes soigneusement choisis, de reprendre l'avance (tentative qui n'est restée qu'à l'état de tentative, Von Rundstedt l'ayant mise en échec).

On ne peut exclure que Keitel noircisse, par mauvaise foi, le tableau pour dépeindre l'O.K.H. Dès lors qu'il admet que le Haltbefehl constitue une erreur, il peut lui être difficile d'aller jusqu'au bout de sa logique, et de concéder que le haut-commandement de l'armée de terre ait pu avoir raison. Ce qui expliquerait pourquoi Keitel dépeint ces généraux comme peu enclins à prendre des risques (il rappelle que tel n'était pas le cas du Führer!), et dont les velléités offensives n'auraient précisément été que des velléités. L'hypothèse expliquerait également pourquoi Keitel passe sous silence la tentative d'insubordination de l'O.K.H. dans la nuit du 24 au 25 mai, laquelle cadre mal avec la pusillanimité qu'il prête à cette instance.

Mais une autre hypothèse peut être soutenue: Keitel est mal, très mal informé. D'abord parce que Hitler, visiblement, ne lui dit pas tout (il ne lui fait part que d'un seul des motifs de l'ordre d'arrêt). De même, la circonstance que lui ait échappé la tentative de l'O.K.H. de vider le Haltbefehl de sa substance, dans la nuit du 24 au 25 mai, semble attester que l'information circule fort mal dans les instances dirigeantes, mais que le Führer reste mieux au fait de la situation que l'O.K.W. lui-même (il me paraît absurde, en effet, que la chose soit passée inaperçue du dictateur).


Je suis moi-même dans les finitions de mon petit dernier (Hitler et Pétain, chez Nouveau monde en novembre) et les détails dunkerquois ne sont pas frais dans mon esprit d'ailleurs éloigné de sa doc, mais je peux déjà répondre ceci : Keitel est à Charleville, OK, mais à la réunion ? c'est plus douteux, car sinon Hitler se tournerait-il vers Jodl ? "Lakeitel" a pu être envoyé inspecter ceci ou cela dans cet important QG.

Tu les as trouvés où, ses mémoires non censurés ? A Fribourg, comme moi en 1996 ? En tout cas ta façon de les scruter m'intéresse. Je m'en étais surtout servi pour démontrer que Keitel faisait des sauts fréquents, le matin, dans les QG subalternes et tordre ainsi le cou à l'une des erreurs les plus fréquentes qui bloquaient la réflexion : l'idée que Hitler était loin de l'action et que son information n'était jamais à jour.


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MessagePosté: Ven Fév 15, 2019 4:04 pm 
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Mille fois désolé pour le retard apporté dans ma réponse. Beaucoup d'événements sont entre-temps survenus.

J'ai dégoté les mémoires non censurés de Keitel aux Archives britanniques, lesquelles ont acquis moult documents du négationniste David Irving. Ces pièces ont été mises en ligne: https://microform.digital/boa/collectio ... -1925-1956

Pour l'affaire qui nous occupe, j'y ai dégoté le témoignage, formulé en 1967, d'un propagandiste nazi, Helmut Sündermann, invité chez Hitler en 1942-1943, et avec qui le Führer, devant une immense carte géographique, avait abordé la question de Dunkerque. Cette réunion n'est pas sans rappeler, à maints égards, le témoignage ultérieur de Giesler.

Le dictateur avait alors indiqué à Sündermann que son ordre d'arrêt avait été motivé par des préoccupations d'ordre militaire. Plus précisément, il aurait redouté que les Panzer, en allant de l'avant, ne subissent de lourdes pertes. Le délai de réparation en découlant aurait, de surcroît, accordé aux Français un répit pour reconstituer leurs forces - ce qui, quand on y réfléchit, n'a strictement aucun sens (car arrêter les chars revient au même). Du reste, précisait-il, il connaissait les Anglais depuis la Première Guerre mondiale, ils se battent comme des diables quand on les accule. Il fallait donc éviter aux chars d'être placés "dans une situation désespérée à Dunkerque". Pour info, Hitler n'y a abordé la problématique des réparations mécaniques qu'au futur, pas au passé, sans mentionner l'état des blindés au 24 mai.

J'étais également tombé sur cet autre témoignage, qui, lui, allait plutôt dans le sens d'une explication diplomatique: https://www.39-45.org/viewtopic.php?p=630934#p630934

Pour revenir à Keitel, je ne puis établir, en l'état, sa présence à la réunion entre Hitler et Von Rundstedt. De par son statut, une telle absence m'étonnerait. Que Hitler jette un regard à Jodl, selon un témoignage de Blumentritt, ne me semble pas significatif.

Toujours est-il que lesdits mémoires établissent que Hitler, via les visites de Keitel à l'état-major du Groupe d'Armées A, se permettait de contrôler Von Rundstedt... et donc le déroulement de l'offensive.


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MessagePosté: Mar Fév 19, 2019 10:13 am 
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De belles avancées encore...
dans ce cas, ça vaut le coup d'attendre !

Keitel était à Charleville, sur ce point je suis convaincu par tes preuves. Mais présent dans la pièce pendant toute la réunion ? Je persiste à penser que non, pour une raison précise.

La "rébellion de minuit" (titre d'un chapitre de la Ruse nazie), c'est-à-dire le brusque retrait à Rundstedt de la totalité de ses blindés par l'OKH, serait découverte par Hitler au cours de cette réunion. C'est tout à fait invraisemblable. Puisqu'il n'est, de compréhensible manière, pas enchanté, l'état-major du Hgr A n'a pu manquer d'appeler l'OKW pour demander si le coup venait de lui et, dans la négative, s'il était d'accord. Donc Keitel n'a pu manquer d'être au courant, au moins à son réveil s'il dormait pendant le coup de fil et que le récipiendaire n'a pas jugé urgent de le faire réveiller. Et dès qu'il a appris la chose, Lakeitel s'est nécessairement mis en devoir d'informer et de consulter son chef sur cette rébellion caractérisée.

Si on me suit jusque là, force est de convenir 1° que "dans la nuit rien à signaler" (dans le journal de marche du groupe d'armées) est un gros mensonge (de même que la docilité avec laquelle, dans la matinée, la direction du groupe prépare, pour la fin de l'après-midi, le passage des blindés sous le commandement de Bock) ; 2° qu'à Charleville Hitler feint la surprise. Alors de deux choses l'une :

- ou bien il convient avec Jodl d'une comédie où tous deux feindront l'ignorance quand Rundstedt annoncera cet ordre de l'OKH; mais dans ce cas, pourquoi pas avec Keitel ?

- ou bien Jodl a eu autre chose à faire et n'est pas au courant -et dans ce cas il sied que Keitel ne soit pas dans la pièce -il a pu être envoyé faire ou chercher quelque chose dans un autre endroit du QG de Rundstedt.


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MessagePosté: Dim Fév 24, 2019 3:52 pm 
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Disons que la présence ou non de Keitel à la réunion ne me semble pas d'une importance vitale.

Que Hitler ait découvert la "rébellion de minuit" (qui n'a rien d'une véritable rébellion) lors de la conférence de Charleville ne me semble pas davantage plausible. Or, Jodl semble effectivement surpris, lui. Donc, il n'en savait rien.

Ta reconstitution des événements dans La ruse nazie, s'agissant de cet épisode précis, m'a longtemps laissé perplexe, mais je dois admettre qu'en prenant le problème dans tous les sens, c'est elle qui épouse le mieux les documents, les témoignages, et la logique.

Hitler peut-il avoir été destinataire d'une information qui aurait échappé à Jodl? A mon sens, oui, si l'on suppose que l'état-major du Groupe d'Armées A, et je songe surtout à Sodenstern, ait directement renseigné Keitel, ne serait-ce que par téléphone. Il n'y avait plus, pour Keitel, qu'à en référer directement au Führer, sans passer par Jodl ou quiconque. Sans connaître le détail du fonctionnement administratif de l'O.K.W., l'hypothèse ne me paraît pas invraisemblable.

Sur ce point, il y aurait lieu de s'attarder sur un fait qui m'a toujours étonné:

1) Il ressort d'un document contemporain, à savoir le compte-rendu d'entretien de Von Rundstedt et de Von Kluge en date du 23 mai, que le premier (entre-temps informé des préoccupations de Von Kleist) demande à Von Kluge si la situation est tendue, et que ce dernier se fait très affirmatif ("Ce n'est aucunement le cas"), et Von Rundstedt fait part de son soulagement ("Il avait craint que l'ennemi ne porte un coup vers le sud, contre Valenciennes"), l'usage du plus-que-parfait ("habe befürchtet") révélant que, certes il s'inquiétait, mais que ce n'était plus le cas (à l'en croire). Rundstedt ferait ensuite part à Von Kluge de la fameuse et fumeuse plainte de Von Kleist, sans autre explication.

2) Or ce soulagement de fin d'après-midi paraît suivi, le soir à 22 h, d'un retour à l'inquiétude antérieure, dans la mesure où le chef d'état-major de Von Rundstedt, le général Sodenstern, communique à la 4. Armee qu'il faut redouter de fortes tentatives de percée vers le sud (Jacobsen, Dünkirchen, op. cit., p. 85). Sauf que l'extrait du journal de marche du Groupe d'Armées du lendemain s'ouvre sur un très laconique "Pendant la nuit, rien à signaler"...

Les préoccupations de Sodenstern dans la soirée du 23 mai sont-elles sincères? ne seraient-elles pas d'origine externe au Groupe d'Armées A? Je me borne à poser la question, sans avoir d'idée préconçue.


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MessagePosté: Dim Fév 24, 2019 4:54 pm 
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A propos de Jodl. Extrait d'un interrogatoire du 12 octobre 1945:

Citation:
The Dunkirk Episode

Jodl upheld the sincerity of Hitler's fear that there would be heavy armored losses In the soft terrain before Dunkirk if Guderian's army were permitted to attack the British. Though he had shared Hitler's apprehensions, he admitted that the question was debatable. In any event, he did not believe that the desire to favor the Luftwaffe or Goering had been a factor in the decision. /See Interrogation of Guderian, 8 September 1945.


Les enquêteurs alliés, après la guerre, découvrent assez rapidement le Haltbefehl. J'ignore à quelle date ils mettent la main sur le Journal de Halder, mais ce dernier leur fait part de l'épisode - et de son émotion - le 7 août 1945 :

Citation:
The second occasion when HITLER interfered had far-reaching consequences: the British-French forces were on the defensive against German attacks from the EAST and SOUTH in area COURTRAI end NORTH of it. The spearheads of KLUGE's armoured formations of the Army Group RUNDSTEDT advancing from the SOUTH had already reached the roar of the enemy and threatened the line of retreat to DUNKIRK. It was a question of a few days before this line waa finally cut. On the personal orders of HTTLER, the armoured formations wore stopped, the spearheads were even wlthdrawn, and thus the way to DUNKIRK was cleared for the British Amy.


Et l'intéressé d'ajouter:

Citation:
The development of this action was dramatic. One day, I cannot remember the date, BRAUCHITSCH told me, after a conference with HITLER, that the OKW was very worried about tho armoured formations because they were in considerable danger, in difficult country honeycombed with canals, without being able to attain any vital results. One could not sacrifice the armoured formations uselessly, as they were essential for the second stage of tho campaign. I refused, on behalf of the OKH, to interfere in the movement of Army Group RUNDSTEDT, which had clear orders to prevent, tho enemy from reaching the coast. The quicker and more complete the success would be here, the easier it would be to repair later the loss of some tanks. The next day I was ordered, together with BRAUCHITSCH, to a conference. The excited discussion finished with a definite order by HITLER, to which he added that he would ensure execution of his order by sending personal liaison officers to the front. KEITEL was sent by plane to Army Group RUNDSTEDT, and other officers to the front CPs.

I have never been able to fathom how HITLER conceived the idea of the "useless endangering of the armoured formations" . It is most likely that KEHEL, who was for a considerable time in FLANDERS during the World War, had originated those ideas by his tales.


Déclarations intéressantes, exposées de (bonne) mémoire, mais que je n'ai pas le temps de commenter plus avant...


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MessagePosté: Mer Avr 17, 2019 1:01 pm 
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Considérations stratégiques :

GI Joe a écrit:
Mais, la théorie doit toujours tenir compte des faits.
Il est bien possible que Hitler ait ralenti ses chars en vue de ménager l'Angleterre. Mais alors, il s'est trompé : ça n'a pas marché. Les Anglais n'ont pas fait la paix pour autant. Pire, on peut juger que c'était une erreur. En effet, comment ne pas tirer la conclusion suivante : l'Angleterre ragaillardie par les 200.000 hommes qu'elle sauve de Dunkerque se ressaisit. Si Hitler au lieu de retenir ses chars, les avaient lâché tels des chiens sur un fugitif, il y a fort à parier qu'il aurait fait 200.000 prisonniers britanniques et aurait eu une grosse carte à jouer pour forcer l'Angleterre à la paix.
Il y a donc une option à ne pas écarter : les Anglais étaient conscients de cette possibilité, Hitler lui l'a rejeté. Halifax aurait donc fait le jeu de l'Angleterre en encourageant Hitler dans ses espérances d'une paix séparée au cas où les soldats britanniques étaient sauvegardés. Halifax, loin d'être un traître, aurait fait gagner son pays.


La question est : Hitler prévoyait-il d'occuper l'Angleterre ?

La réponse est non.

Dans ce cas, quelle utilité aurait eu les 200.000 prisonniers anglais ? Ils auraient été un poids mort...

Qu'attendait-il de l'Angleterre ? La soumission. Cette soumission, il ne peut l'avoir qu'en prenant les ressources de l'URSS. Hitler doit donc attendre l'été 1941 pour voir réaliser ses plans.

D'ores-et-déjà, à l'été 40, il sait que tout se jouera dans les plaines russes à l'été 41. Voilà pourquoi il ne tenait pas à capturer ces 200.000 Anglais. Il sait aussi que ce n'est pas l'Angleterre qui lui fournira les ressources nécessaires à son Reich de 1000 ans. Il sait que le seul endroit où il peut les trouver est l'URSS.
C'est pourquoi Hitler est en réalité déjà tourné vers l'URSS quand il encercle la fameuse poche de Dunkerque.

Considérations idéologiques :

Il s'agissait de ne pas humilier la grande puissance coloniale anglaise. Il ne fallait pas mettre en difficulté la grande puissance mondiale aryenne du moment à la veille du règne de l'Allemagne aryenne sur le monde.
Je reprends cela de vous. Vous l'avez bien expliqué, je ne sais plus où.


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MessagePosté: Lun Avr 22, 2019 7:42 pm 
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Fin mai 40, Hitler ne pense pas encore à une campagne orientale. C'est le souci de la paix immédiate et générale qui l'obsède et qu'il espère obtenir via la chute de Churchill.


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MessagePosté: Mar Avr 23, 2019 5:14 pm 
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Et il espère obtenir cette chute en encerclant et menaçant d'anéantir le corps expéditionnaire britannique à Dunkerque. C'est bien votre théorie, n'est-ce pas ?


Connaissiez-vous le témoignage de Kurt Meyer ?
Kurt Meyer "Panzermeyer", Soldats du Reich, p.34.

"le 24 mai la 1° Pz div se tient sur le canal de l'Aa près de Holques et a pour mission d'attaquer Dunkerque. Dans le cadre de cette opération notre régiment est engagé sur Watten.
Au cours d'une marche de nuit je fais monter le détachement avancé le long du canal et du Mont Watten. (..)
Peu avant le déclenchement de l'opération le franchissement du canal est interdit par ordre de Hitler. Toutes les opérations du groupe Kleist sont immédiatement stoppées. Nous restons muets face à cet ordre (...) lorsque nous apprenons avec soulagement que Sepp Dietrich ordonne la poursuite de l'opération malgré l'ordre du Führer (...) le général Guderian couvra Dietrich. (...) le début de l'attaque est finalement fixé au 27 mai"

Commentaire annexe :
L'ordre d'arrêt arrive donc à l'aube le 25 mai. Les troupes sont fraiches et prêtes à l'action. Il n'y aucune raison de retarder l'attaque.
Mais plus surprenant encore que l'ordre d'arrêt, c'est la désobéissance flagrante de Sepp Dietrich qui attaque malgré tout !
Certes il ne s'agissait que de prendre la motte de Watten, haute de 76 mètres qui donne une belle vue que la plaine. En quoi est-ce une désobéissance, puisque Hitler retarde le franchissement du canal... canal qui ne sera franchi que le 27 mais conformément aux souhaits du Führer.


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MessagePosté: Ven Juil 12, 2019 5:25 pm 
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On avance (un peu), mais je n'ai malheureusement pas les sources en main qui me permettraient d'être plus précis (les sources citées ci-dessous sont décryptées à partir de google.books).

Tout d'abord, l'offre de paix de Göring transmise à Reynaud par l'intermédiaire de Nordling n'est pas totalement passée inaperçue des Etats-Unis. Et l'information est, du reste, connue depuis fort longtemps, puisque le Secrétaire d'Etat Cordell Hull relate l'épisode dans ses Mémoires (The Memoirs of Cordell Hull, vol. I, p. 768-769, Macmillan, 1948). Elle a été confirmée, côté français, il y a quinze ans, dans le recueil Documents diplomatiques français: 1940. (1er janvier - 10 juillet), Peter Lang, 2004, document n°310, p. 668 et s.

Plus précisément, le 22 mai 1940, Reynaud reçoit l'ambassadeur américain à Paris, Bullitt, pour renouveler sa demande d'une assistance américaine. Comme "gouverner, c'est prévoir" (assène textuellement le compte-rendu français de l'entretien), notre Président du Conseil ajoute à ses supplications un parfum de menace: il sait de source italienne et suédoise (dit la source américaine, mais pas le document français) que si Hitler remportait des succès spectaculaires dans le nord de la France, il émettrait une proposition de paix généreuse, mais séparée, ce "dans un délai très prochain" (dit le document français). Ce rameau d'olivier, s'il était tendu vers la France, entraînerait de graves répercussions, puisque le peuple français, démoralisé, serait susceptible de l'accepter.

Le document français atteste que Reynaud ose la tartuferie suivante: jamais, au grand jamais, l'actuel Président du Conseil français ne ferait droit à une telle proposition de paix, mais il "ne sera pas toujours là" et, faute pour l'Amérique d'intervenir, "le Cabinet pourrait être balayé, d'autant plus que les propositions allemandes seront sans doute présentées sous l'aspect le plus bénin et que M. Hitler ne manquera point de nous offrir son amitié". En ce cas, ajoute Reynaud (d'après la source américaine), la France commettrait un véritable suicide, à l'instar de feu la Tchécoslovaquie. L'Angleterre ne tiendrait pas plus de quelques semaines, et les nazis pourraient prendre pied en Amérique du Sud, pour bombarder le canal de Panama.

Apparemment, les Documents diplomatiques français ne publient pas la note du 20 mai 1940 faisant état des approches de Göring via Nordling. Mais les éditeurs renvoient le lecteur à deux documents, n°296 et 303. Si le n°296 ne m'est pas accessible, j'ai pu lire une page du n°303, p. 657, un télégramme classé "urgent" d'André François-Poncet, notre ambassadeur à Rome, émis le 21 mai et faisant allusion à des bruits agitant les milieux politiques romains:"On suppose qu'ayant atteint la Manche et étant arrivé dans la région de Paris, Hitler avant de poursuivre la lutte pendant une durée impossible à prévoir éprouvera le désir d'essayer d'y mettre un terme, et l'on admet que M. Mussolini le poussera dans ce sens et lui prêtera son aide, quitte, en cas d'échec, à se ranger militairement à ses côtés."

L'ambassadeur précise: "On croit savoir qu'après avoir tout d'abord songé à débaucher la France en lui proposant une paix séparée, on reconnaîtrait aujourd'hui qu'une telle entreprise aurait peu de chances de succès et l'on en reviendrait à l'idée d'une paix générale, fondée sur une reconstruction de l'Europe" (je n'ai pas accès à la suite).

A noter: le journal du Ministre des Affaires étrangères britanniques, Halifax (qui camoufle énormément de faits) révèle, à la date du 19 mai, que ce dernier s'attend à ce que si Hitler "gets Paris", il émettrait une proposition de paix "menaçante" à l'adresse des Alliés, appuyée par un chantage de Mussolini. John Costello, dans Les dix jours qui ont sauvé l'Occident, Olivier Orban, 1991, fait allusion à des bruits similaires.

Récapitulons. On sait que l'offre de paix généreuse présentée par Hitler a été précisément transmise via Göring au Suédois Nordling, qui l'a remise à Paul Reynaud le 20 mai 1940. Cependant, la Suède ne détenait visiblement pas le monopole du coeur: Hitler aura probablement fait fuiter cette offre du côté italien, via ses diplomates locaux, de manière à ce que nos propres diplomates aient vent de la manoeuvre. En atteste la similitude de termes entre l'offre de Göring présentée à Nordling et les rumeurs relatées par François-Poncet.

A ceci près que François-Poncet ajoute, et le fait n'a pas échappé aux Britanniques, que l'offre de paix hitlérienne suivrait l'atteinte de la Manche par les Allemands et l'arrivée de la Wehrmacht "dans la région de Paris". Cette menace n'apparaît que bien après la percée de Sedan, et pourrait révéler une pression supplémentaire sur les Alliés, de la part du Führer: voyez, messieurs les ploutocrates, j'ai atteint la Manche, comme prévu et comme promis, alors devancez mon offre, car je risque fort de convoiter Paris! Sachant, bien entendu, que non seulement Hitler va négliger Paris au profit du coup de faux vers Dunkerque, mais encore qu'il stoppera ses tanks le 24 mai suivant, ce qui retardera d'autant la marche des nazis sur la capitale française... Autant de délai accordé à l'ennemi pour réfléchir!

De même, l'allusion de François-Poncet à la disparition de l'hypothèse "paix séparé" avec la France" au profit d'une "paix générale" me semble une manoeuvre hitlérienne destinée à accroître la confusion et la peur: l'offre de paix séparée faite via Nordling n'est pas intangible, et on pourrait rechercher un arrangement global, qui pourrait être plus défavorable. A moins que Hitler ne lève un peu plus le voile: ses offres de paix ne viseraient pas seulement la France, mais aussi l'Angleterre.

De ce qui précède, il résulte que le message de paix formulé par Göring, sur mandat de Hitler, à Reynaud, par l'intermédiaire de Nordling, ne saurait être une proposition intangible, à interpréter de manière positiviste. Ce message s'inscrit, chez le dictateur nazi, dans une démarche dynamique, mouvante, tendant, à tout le moins, à l'ouverture de négociations entre l'Allemagne et ses adversaires occidentaux. La volonté hitlérienne de paix énoncée par Göring a toujours été présentée comme provisoire, certes généreuse, mais susceptible de fluctuer au gré des triomphes allemands. En d'autres termes, le message de Göring est moins une offre de paix qu'une invitation faite aux Alliés de jeter l'éponge, en devançant, d'eux-mêmes, une offre du Führer, qui pourrait très bien, succès allemands obligent, non seulement être reportée, mais également être modifiée, dans un sens ou dans l'autre.


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MessagePosté: Sam Juil 13, 2019 9:40 am 
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D'accord, mais... tu oublies un peu beaucoup Churchill !

La réaction de Hitler à sa nomination, le soir du 10 mai, est inconnue mais on peut la supposer réjouie : avec ma percée de Sedan, je vais déséquilibrer non seulement mes chers appeasers Chamberlain et Halifax, mais mon seul adversaire foncier (et fonceur) ! l'avancée vers la grande alliance aryenne millénaire n'en sera que plus nette et plus irréversible, que Churchill lui-même se résigne ou qu'il soit balayé.

Il ne peut donc que guetter au lendemain de la percée, c'est-à-dire à partir du 15 mai, les signes d'un affaiblissement de la combativité britannique, et notamment les symptômes avant-coureurs d'un rembarquement. Or non seulement la BEF reste solidaire de l'absurde repli français en Belgique (absurde car non accompagné d'une furieuse tentative de contre-attaque vers le sud, pour maintenir ouverte la voie d'un repli vers la France), mais Churchill vient à Paris, visiblement pour soutenir le moral des Français.

C'est ainsi que j'interpréterais le passage des rumeurs d'une paix séparée franco-allemande à celles d'une paix générale. Le 6 mai, Göring documente la diplomatie suédoise à l'usage, essentiellement, de Reynaud. La France est censée signer tout de suite, et l'Angleterre faire ses comptes, un peu comme la France de 1871 qui se résigne à l'armistice après avoir fait le tour des alliés possibles. Le gouvernement, que Chamberlain est censé présider encore, devrait, avant de reconnaître une défaite humiliante et désastreuse, sonder Washington et même Moscou, et se casser les dents (la diplomatie allemande y veillant, au besoin).

La ténacité churchillienne accélère les choses et Hitler, dans sa paranoïa antisémite, se représente "la Juiverie" en train de se ressaisir sous la houlette de Winston. Il urge à présent de diviser l'establishment conservateur et de pousser au renversement du premier ministre, par un mélange de menace et de "générosité" dont l'arrêt devant Dunkerque est une parfaite illustration.


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MessagePosté: Dim Juil 14, 2019 1:40 am 
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Hypothétique, mais possible, as usal.

Ce qui va dans ton sens, c'est le Journal de Goebbels. L'intéressé, certes, ne sait pas tout. Mais il me semble en parfait accord avec son maître pour définir Churchill : un instrument des Juifs, un vieux charlatan, va-t-en-guerre et éloquent, le pire ennemi du Reich... et que l'offensive du 10 mai va mettre hors d'état de nuire.

Tout d'abord, la crise politique qui frappe le gouvernement Chamberlain avant l'offensive du 10 mai, notamment, n'échappe nullement au dictateur et son propagandiste en chef. Le 4 mai, Goebbels note un échange avec Hitler intervenu la veille: militairement, "Churchill ist ja ganz unberechenbar", mais politiquement, "die Krise in London verschärft sich. Der Führer meint auch, daß Chamberlain zurücktreten muß."

Goebbels se réjouit que Churchill soit fragilisé par l'affaire norvégienne (entrées des 5 mai et suivants). Le 1er mai, déjà il écrivait: "Wir spinnen eine kleine Intrige gegen Churchill via Rom. Der alte Raunzer wird sich wundern." Le 7 mai, il note que le gouvernement britannique est victime de panique, que les pleins pouvoirs pourraient être confiés à Churchill. Et la veille, Hitler lui a tenu ce discours révélateur:

Citation:
England muß einen schweren Schlag bekommen, aber nicht vernichtet werden. Denn sein Weltreich können und wollen wir nicht übernehmen. Soviel Reichtum macht auch garnicht mehr glücklich. Wenn man zu nichts anderem mehr kommt, als nur seinen Reichtum zu bewachen, dann verliert der Reichtum seine schöpferische Kraft. Dann macht er das Volk arm und unglücklich (s. England) und entnervt seine führende Schicht. Das ist die größte Schwäche des englischen Weltreichs.

Jetzt ist jedes Mittel recht, um England zu schlagen. Wir haben viele Verträge gebrochen; aber mußten wir das nicht, um endlich einmal Ordnung zu schaffen. Dazu gehörte nicht nur Kraft, sondern auch List. Das war immer so. Einen Vertrag aber haben wir nie gebrochen: den, der uns an unser Volk bindet und verpflichtet. Das ist auch moralisch und sittlich und notwendig. Was darüber hinausgeht, ist Mittel zum Zweck.


Entrée du 10 mai: "Gestern: Churchill hat im Unterhaus eine sehr dünne Rede gehalten. Auch ihm scheint unter unseren Schlägen der Atem ausgegangen zu sein."

Entrée du 11 mai: "In England wächst die Krise. Paris ist wie vor den Kopf geschlagen. Man redet nur ganz wirres Zeug. Gerüchte, daß Churchill anstelle Chamberlains Ministerpräsident geworden sei. Das wäre eine absolute Klärung der Fronten. Ich gebe für den Fall an die Presse entsprechende Kommentaranweisungen." Et plus tard, une remarque significative: "Churchill ist nun wirklich zum Premier ernannt. Klare Fronten! Das lieben wir."

Les dés sont jetés - avec l'offensive. Et les masques tombent - avec la prise du pouvoir de Churchill. L'épreuve de force avec la juiverie a commencé. Ce que Goebbels ressent me semble directement d'inspiration hitlérienne: l'arrivée au pouvoir d'un Churchill fragilisé, qui doit encore s'encombrer d'un Chamberlain sinistré, n'est finalement pas une mauvaise nouvelle.

En toute hypothèse, les appréciations de Goebbels suggèrent que, côté allemand, on perçoit à relativement juste mesure les potentielles lignes de fracture qui affaiblissent le gouvernement Churchill. Ce qui plaide en faveur d'une stratégie allemande tendant à diviser les Conservateurs, pour discréditer et éjecter Churchill et introniser un Premier Ministre "raisonnable".

Les notes de Goebbels prises dans les jours entourant le Haltbefehl ne sont pas inintéressantes, d'autant que, sans être mis au parfum, le Ministre reste en ligne directe avec le Führer.

- 21 mai (relatant les événements du 20):

Citation:
Gestern: die Gegenseite hat zweifellos eine gewisse psychologische Entlastung erfahren. Einmal die Berufung Weygands und Pétains, dann Churchills Rede und ein gewaltsames Aufbäumen gegen die Katastrophe haben das zuwege gebracht. Aber wir gehen dem nicht nach. Unser ganzer Rundfunk, offen und geheim, wird nun zu einer Panikpropaganda größten Stils angesetzt. Ich selbst schreibe die meisten Darlegungen, die anderen kontrolliere ich genauestens, sie werden mit großem Elan verfaßt. Leider macht uns das A.A. dabei wieder Schwierigkeiten, vor allem bzgl. der belgischen und holländischen Sender. Aber ich setze mich dagegen mit dem OKW durch.

In London trägt man einen gekrampfen Optimismus zur Schau. Aber das nutzt den Plutokraten ja nichts. Die Ernüchterung wird einmal umso furchtbarer sein. Ihre Armeen und ihr Volk sind bedenklich angeknaxt. Wir müssen nur unentwegt weiter bohren und nachstoßen.

Schon beginnen sich die Engländer nach der Kanalküste hin zu verdrücken. In London und Paris hält man die sture Haltung nicht aus. Schon nachmittags wird die Lage wieder als "sehr ernst und bedrohlich" bezeichnet.

Im Militärischen ist sie etwa so: im Süden die gefährliche Rechtsschwenkung unserer Truppen. Harte Gegenangriffe, die mit größter Bravour zurückgeschlagen werden. Im Volke stellt man sich vor, es ginge gleich nach Paris. Die Franzosen suchen aus ihrem Kessel nach Süden, die Engländer an die Küste zu entweichen. Aber sie sitzen in einer eisernen Umklammerung. Ein französischer Tankangriff größten Formats wird zurückgewiesen. Wir haben die obere Schelde erreicht. Haben Cambrai und Peronne in unserem Besitz. Schlacht im Weltkriegsgebiet an der Somme. Festungsgürtel von Lüttich und Namur nun erobert. 143 feindliche Flugzeuge erledigt. Die Lage in Narvik unverändert.

Wir haben Anlaß zu allen guten Hoffnungen. [...]

Nachricht vom Führerhauptquartier: es steht alles gut, mehr als gut. Geradezu glänzend. Der Führer selbst leitet die ganzen Operationen. Er steht auf der Wacht und läßt keine günstige Gelegenheit aus. Herr Weygand wird sein blaues Wunder erleben.

Die Stimmung in Paris und London sinkt immer mehr ab. Man kann sie bald als eine Art von fatalistischer Hoffnungslosigkeit bezeichnen. Bei uns im Lande steht alles großartig. Das Volk ist von einem absoluten und uneingeschränkten Vertrauen auf den Sieg erfüllt. Die große Schlacht nähert sich ihrem dramatischen Höhepunkt. Sie wird sich bald entscheiden.


Bref, Goebbels (et donc Hitler) ressentent la baisse - voire la chute - du moral ennemi, et les tensions qui les rongent (les Britanniques cherchent à se replier vers les côtes de la Manche!).

- 23 mai (relatant les événements du 22):

Citation:
Die militärische Lage: der Gegner drückt in seinem Kessel. Verzweifelte Ausbruchversuche. Überall abgewiesen. Ein Riesenkontingent von Divisionen sitzt in der Falle. Es werden noch sehr harte Kämpfe ausgefochten. Weitere deutsche Kräfte sind vorgerückt am Kanal. St. Pol und Montreuil in unserem Besitz. 120 Flugzeuge erledigt. Der Feind hat verschiedentlich in Westdeutschland bombardiert. In Narvik halten sich die Unsern. Von Drontheim aus nördlich 400 km Mo erreicht. Eine Heldensage!

Der Führer ruft an: der Druck sei immer noch sehr stark, aber ein Entrinnen gebe es nicht mehr. In einigen Tagen habe er sie und dann die größte Schlacht der Weltgeschichte gewonnen. Heute Lage so wie die ersten Tage bei Kutno. Dann erfolge gleich der neue Angriff. Ziel: Paris. Keine Ruhepause. Holland und Belgien sollen souveräne Staaten bleiben. Schon wegen des Kolonialbesitzes. Das ist auch ganz richtig so. So stecken das Japan und Amerika und wer weiß wer ein.


Preuve que, le 22 mai, Hitler songe certes à retourner ses forces contre Paris (du moins le dit-il), mais séquence encore le plan d'action: on liquide la victoire dans le nord, qui ne sera prétendument pas une mince affaire (cf. l'allusion à la bataille de Kutno) et ensuite ("dann") on marche sur la capitale française.

L'allusion à Kutno n'est pas inintéressante: rappelons qu'à cette occasion, en septembre 1939, les Polonais y avaient lancé une contre-attaque massive, prenant à revers la Wehrmacht, et lui causant quelques remous. Cette dernière, toutefois, avait vite repris le dessus. Mais si Hitler fait montre de réalisme en mentionnant la dureté des combats, il évoque tout de même sa certitude de remporter la plus grande victoire de l'histoire mondiale dans quelques jours, sans la moindre échappatoire pour l'ennemi.

Hitler mentionne également que les Pays-Bas et la Belgique devraient rester des Etats souverains, ce qui me semble être une allusion transparente, pour le coup, à la "modération" dont il s'attend à faire preuve lors des négociations de paix. Dans cette logique, cette phrase confirme un mien raisonnement: la nomination de Seyss-Inquart à la tête d'une administration nazie de la Hollande, décidée de manière inattendue (l'armée s'attendait à en hériter) n'est qu'une pression sur les Alliés, laquelle peut être réversible à l'heure des négociations.

- 24 mai (relatant les événements du 23):

Citation:
Im Kessel schwerste Kämpfe. Wir haben Boulogne erreicht, was aber noch nicht veröffentlicht wird. Die Engländer und Franzosen machen verzweifelte Ausbruchsversuche, am energischsten die Engländer, die Franzosen schon sehr angeschlagen. Sie sind von unserem Angriffselan anscheinend am schwersten getroffen worden.

Ich verstärke die Arbeit der Geheimsender. Lasse Friedensgerüchte lancieren, die ich dann nach 24 Stunden als von England torpediert wieder dementiere. Das muß auf die Dauer die französischen Nerven ruinieren. Im Übrigen nehmen diese Gerüchte schon ihren Weg in die neutrale Presse. Das ist gut so! Durcheinander kann uns auf die Dauer nur nützlich sein. Sonst sind wir mit allen Mitteln besorgt, Moral und Haltung des deutschen Volkes zu erhalten. Es muß sich auch über die Schwere der Kämpfe im Klaren sein. Die neue Wochenschau ist da, besonders bzgl. des Brandes von Rotterdam sehr realistisch. Ich lasse sie durch die Presse noch näher begründen. Vor allem mit Spitze gegen die Kriegsverbrecher. [...]

Anruf vom Führerhauptquartier: schwere Kämpfe dauern an. Das wird auch noch eine ganz geraume Zeit dauern. Wir müssen uns also mit Geduld und Härte wappnen. Dem Führer geht’s gut. Er arbeitet unermüdlich am Aufmarsch und an der Bewegung unserer Fronten. [...]

Härteste Kämpfe um Valenciennes. Die Engländer suchen verzweifelt unseren Vormarsch nach Calais aufzuhalten, der planmäßig vor sich geht. Insgesamt hat unsere Flak vom 10.-15. Mai 342 feindliche Flugzeuge abgeschossen. Eine stolze Leistung.

In Rom rumoren die Studenten weiter. Aber Mussolini hat sich noch nicht entschlossen. Es wird allmählich reichlich spät. [...]

Churchill hat gesprochen. Sehr pessimistisch. Gibt unsere Einnahme von Boulogne zu, was bei den Franzosen, die noch in Optimismus machen, wie ein Schock wirkt. Wir putschen weiter das französische Volk auf. Mit sichtbarem Erfolg. Ich stelle selbst den Gottesdienst für den Geheimsender zusammen. Raffiniert schlau!

Militärische Lage entwickelt sich im Laufe des Nachmittags ausgezeichnet. Man stellt jetzt, vor allem bei den Franzosen, stärkste Ermüdungserscheinungen fest. Alle Angriffe des Feindes bisher abgeschlagen.

Paniknachrichten gehen durch die ganze Welt. Man kann kaum noch im Einzelnen feststellen, ob sie von uns stammen oder nicht. Das ist auch egal. Hauptsache ist jetzt, daß Unruhe entsteht. Diese schöpferische Unruhe, die das Neue gebiert.


In England eine Verhaftungswelle gegen Faschisten. Auch Mosley eingesperrt. Die dicken Plutokraten wehren sich ihrer Haut. Aber solche Dinge macht man besser vor dem als während des Krieges. Im Kriege muß man stark sein und kämpfen, sonst unterliegt man.

So war es bei unseren Gegnern im Weltkrieg.

So ist es heute bei uns. Vae victis!


- 25 mai (relatant les événements du 24):

Citation:
Gestern: die Panik und das Flüchtlingschaos in Paris wachsen an. Leon Blum berichtet darüber wehklagend im "Populaire". Duff Cooper seinerseits ruft in London zum Aushalten auf. Dort herrscht die vollkommene Diktatur. Churchill boxt jeden Widerstand nieder. Aber unsere Geheimsender können er und Reynaud in ihrer verheerenden Wirkung nicht aufhalten. Man richtet im feindlichen Lager jetzt alle Hoffnung auf Amerika. Aber Roosevelt läßt es bei lahmen Protesten bewenden, und die New Yorker Börse reagiert mit Baisse in englischen und Rüstungspapieren überhaupt.

Wir haben unseren Hauptangriff in die Geheimsender verlegt. Gegen England noch mit verhältnismäßiger Reserve, gegen Frankreich mit vollen Registern. Jetzt muß man uns schon auf der Gegenseite unter dem Druck der Gerüchtewelle dementieren. Das aber ist gerade das, was wir wollen. Damit kommen wir ja überhaupt erst ins Gespräch.

Leider macht das "12 Uhrblatt" einen schweren Fehler und benützt den deutschen Sieg in der Umfassungsschlacht nach wenigen Stunden. Das hatte uns noch gefehlt. Ich schlage einen Mordskrach. Nichts gefährlicher, als einen doktrinären Illusionismus zu wecken und zu pflegen.

Militärische Lage: die große Schlacht geht weiter. Scheldeübergang an einigen Stellen erzwungen. Die Franzosen zeigen starke Ermüdungserscheinungen. Sie wehren sich allerdings noch verzweifelt gegen die Umklammerung. Doch das nützt ihnen nichts. Wo sie auszubrechen versuchen, werden sie abgeschmiert. Die Engländer geben nun zu, daß Boulogne in unserem Besitz ist. Der Kreis schließt sich immer enger. Tournai in unserem Besitz. Maubeuge ganz genommen. Lorettohöhe genommen.

6 Transporter versenkt, und zwar beladen. [...]

In London und Paris kämpft man verzweifelt gegen den Defaitismus an. Selbst Bernard Shaw will nun "im letzten Schützengraben sterben", ehe er zur Kapitulation rät. Das wird sich ja finden. [...]

Abends redet der englische König. Nur Quatsch. Unbeachtlich!

Ich telephoniere mit dem Führer. Er war an der Front. Es steht gut, aber es wird sehr hart gekämpft. Wir haben noch schwere Tage vor uns. Aber gelingen wird uns der große Schlag. Man muß jetzt nur arbeiten, kämpfen und die Ruhe behalten. Am Ende steht unser Sieg!


Tout en décrivant la panique qui règne dans les capitales occidentales, et l'aggravation de la situation militaire alliée, Goebbels est enfin informé, non de l'ordre d'arrêt du 24 mai, mais que la bataille va durer, et qu'elle sera dure. Le tour est joué.

Pas le temps d'aller plus loin (ni de traduire), mais le Journal de Goebbels contribue indéniablement à éclairer les événements, bien que le diariste soit sous-informé par son maître vénéré.


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MessagePosté: Mer Fév 12, 2020 8:27 pm 
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J'ai du neuf : il y aurait un Haltbefehl, aussi, au nord ! Une interdictionau nom du Füher, prononcée par Keitel, à une armée dependant du Hgr B de foncer vers le sud.

Je copie, à Munich, l'archive en question puis je donnerai quelques détails.


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MessagePosté: Ven Avr 03, 2020 1:29 pm 
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ça s'anime à nouveau sur le beige.

Mon allusion précédente portait sur une tentative de coup de fil de Reichenau à Hitler, pendant le Halbefehl, pour le convaincre qu'à la tête de sa 6ème armée (Hgr. B, sous Bock) il avait un boulevard devant lui, vers le sud, pour compléter l'encerclement en un "nouveau Tannenberg". Il n'arrive même pas à avoir le Führer au bout du fil car Keitel fait barrage, en disant qu'il repousse d'avance toute suggestion de ce genre.

J'ai trouvé récemment une autre pièce du puzzle : un témoignage de l'amiral Raeder disant que, s'il n'a pas lui-même foncé vers le sud pour tenter de barrer sur mer la sortie de Dunkerque, ce n'est pas pour elle ou telle raison militaire mais... parce qu'il n'en a pas reçu l'ordre !


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MessagePosté: Ven Jan 08, 2021 5:17 pm 
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Je dépose aujourd'hui ceci sur Mediapart, Facebook etc.

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Un nouveau-vieil article sur l'arrêt allemand devant Dunkerque en 1940


En octobre 2020, les éditions Perrin ont publié un ouvrage collectif en vingt articles sur les "erreurs de la Seconde Guerre mondiale", sous la direction d'Olivier Wieviorka et de Jean Lopez. Le dernier nommé s'est chargé de l'article sur le "Haltbefehl" des 24-26 mai 1940. Il synthétise des théories complètement dépassées.





En octobre 2020, les éditions Perrin ont publié un ouvrage collectif en vingt articles sur les "erreurs de la Seconde Guerre mondiale", sous la direction d'Olivier Wieviorka et de Jean Lopez. Le dernier nommé s'est chargé de l'article sur le Haltbefehl des 24-26 mai 1940, qui a stoppé en plein élan les unités qui s'apprêtaient à enfermer près d'un million de combattants anglais, français et belges dans une gigantesque nasse.

Deux résumés de l'article sont actuellement en ligne. Sur un forum, celui du professeur Thierry Giraud :



" La thèse de Lopez n'est pas une nouveauté ...Les Haltbefehl hitlériens du 17 et 24 mai, ne sont que des confirmations des ordres d'arrêt donnés par Rundstedt, chef du GA.A, chargé de prendre Dunkerque. Ordres d'arrêt qui ne sont d'ailleurs pas acceptés par l'OKH avec un Brauchitsch qui a essayé de réorganiser l'attaque sur Dunkerque en choisissant von Bock du GA.B pour s'en charger, ordre recalé peu après par Hitler. Ce dernier ne fait qu'arbitrer entre un Rundstedt, qui craint une contre-offensive alliée par le sud, avec ses divisions blindées isolées de leur infanterie et qui est soutenu par Kluge et Kleist et l'OKH, plus offensif. Lopez, à juste titre, parle du "syndrome de la Marne" qui a marqué les hommes de l'époque, avec cette victoire promise aux allemands, en 1914, qui a échoué à cause de la contre-offensive française. Rundstedt et Hitler ne veulent, cette fois, prendre aucun risque !! Surtout que Goering promet au Führer que sa seule Luftwaffe va anéantir les forces anglo-françaises dans la poche, qui n'auront aucune possibilité de réembarquer. Ici, avec les assurances du gros Maréchal, il est logique que Hitler n'ait pris aucun risque et qu'il laisse finir le boulot à son aviation, à son artillerie et à son infanterie, pour préserver ses chars. Or il s'avère que les Britons vont réaliser un miracle, en réembarquant leur corps expéditionnaire, alors qu'ils n'y croyaient même pas !! "



Sur 3945.com, un paragraphe non signé :



" Autre chapitre excitant, celui sur le Haltbefehl devant Dunkerque. La capture ou l’évacuation du BEF n’a pas beaucoup d’impact dès lors que l’invasion de la Grande-Bretagne n’entre pas réellement dans les plans nazis. Par contre, la menace de vouloir contre-attaquer pour couper le corridor est plus sérieuse. L’exemple de Montcornet est un lieu malheureusement trop commun et ne peut être considéré comme une menace réelle (voir GBM n°134). Les tentatives autour de Cambrai, d’Arras combinées aux tentatives à partir de la Somme sont plus élaborées et potentiellement plus dangereuses. Las, elles accouchent finalement d’une souris du fait de l’impossibilité de pouvoir les monter correctement. Mais la vision de von Rundstedt (voir Le maréchal oublié) n’est donc pas dénuée de tout fondement. Le temps laissé aux troupes blindées et motorisées permet de mettre à mort ensuite rapidement la France avec Fall Rot. Leur utilisation à Dunkerque n’aurait nullement accéléré le processus de désagrègement de l’armée française."



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Je suis très étonné. Jusque là Lopez ne jurait, notoirement, que par l'historien militaire allemand Karl-Heinz Frieser et son livre maintenant assez vieux (1995), intitulé Blitzkrieg-Legende. Or si sa solution de l'énigme est irrecevable (Hitler sabotant le travail pour montrer aux généraux Brauchitsch et Halder que c'est lui qui commande), cet auteur ne pouvait pas la formuler sans démolir préalablement les vieilles explications militaires que Lopez ressuscite aujourd'hui, et il les déchirait à belles dents.
Il expliquait en particulier que, 48h après la contre-attaque anglaise d'Arras qui avait jeté un certain trouble, le moral de l'assaillant était remonté au beau fixe et que, pour parer au danger d'une contre-attaque, " il aurait suffi de tenir un seul régiment en réserve ".

John Costello, en 1991, avait proposé une solution originale, développée (après sa mort accidentelle en 1995) dans mon livre La ruse nazie (1997) : Hitler, ayant compris que le maintien de l'Angleterre dans la guerre était mortellement dangereux, souhaitait faire tomber Churchill immédiatement, en donnant au cabinet de guerre un délai supplémentaire de réflexion avant de refermer un piège son armée de terre.

Cette thèse est moins discutée que jamais ! Le silence complet serait-il la dernière étape avant son adoption ?

Le second résumé enferme d'ailleurs une hirondelle qui pourrait annoncer ce printemps : contrairement à ce qui s'écrit encore universellement, Hitler, dès ce moment, n'avait nulle intention d'attaquer l'Angleterre. Si on poursuit ce raisonnement il aurait, par cette campagne, souhaité uniquement, en frappant l'armée et la puissance françaises, détacher l'Angleterre de ce poids mort et s'entendre avec elle. Cela justifiait bien la prise de risque, minime, d'une suspension de la marche triomphale vers le colmatage de la poche, le temps que Londres mesure les enjeux.


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