Intéressante avancée d'Alain Adam
http://www.39-45.org/viewtopic.php?f=17 ... 68#p493868 .
Il montre fort bien que l'explication militaire (que personne n'a jamais énoncée clairement, ni dans un livre ni sur la Toile) ne repose que sur des hypothèses très détaillées, et absolument pas documentées, sur ce qui pouvait se passer dans la tête des décideurs :
Citation:
Au 24/25 mai , pas de doutes qu’après une course a la mer , l'on puisse organiser quelques groupements pour poursuivre l'attaque au delà de l'Aa , mais ce serait des formations ad hoc , basées sur les Aufklarungs Abteilung ( donc automitrailleuses ) , qui a cette occasion étaient en tête , quelques unités de chars ( legers - de toutes façons les allemands avaient peu de chars moyens ) et un peu d'infanterie portée . Pas d'appui d'artillerie ( ou quasiment pas - mais la luftwaffe pourrait remplacer ) , peu ou pas de génie avec leur matériel , des pénuries de munitions a prévoir au delà de 48h d'engagement ... Mais pas de force majeure possible sur un point de rupture ce qui est un non sens tactique .
En soit , ce n'est pas l'usure des unités de panzer qu'il faut regarder a ce moment la , si l’hypothèse est de continuer l'attaque , mais plutôt ce qui était disponible dans le secteur a l'instant T .
Lors d'une autre discussion nous avons constaté qu'un peloton de chars britanniques a tranquillement traversé les lignes "tenues" par les PzD pour rejoindre un des ports , ce qui démontre bien que sans regroupement ( et donc arrêt ) les forces blindées formaient juste une passoire avec leurs éléments de pointe . Le même type de constat est valable a Lille , ou malgré les efforts de deux PzD pour fermer la poche , beaucoup de troupes Françaises motorisées et hippomobiles ont pu sortir du chaudron ... jusqu’à ce que l'infanterie Allemande vienne verrouiller au nord .
Sur un point de vue stratégique , par contre , il est clair que l'attrition naturelle + les pertes , ont diminué environ de moitié l'efficacité des PzD pendant la course a la manche ( disons 15% de pertes pour la campagne , 35% de matériel récupérable dans les 2 a 5 jours . Reconcentrer les PzD revient a leur redonner du mordant/de la puissance ( du premier au dernier véhicule d'une PzD, il y avait 200 a 300 km ), être capable de récupérer les chars réparés ( les ennuis mécaniques a cette époque ... ) , réapprovisionner tout ce beau monde avec du carburant et des munitions en masse , reformer les unités en remplaçant ici un homme , ici un véhicule , la une mitrailleuse , et laisser le temps a l'infanterie de prendre place au front , ou tout du moins s'en approcher , et pour le moins , laisser les panzertruppen se reposer après 15 jours de combat ( c'est l'inconvénient stratégique d'une force militaire basée sur un groupe restreint de divisions d'elite/de forte puissance : si l'on perds ces unités la guerre est perdue ) .
Si on ajoute a cela que les renseignements étaient maigres sur les potentialités d'attaque alliées venant du sud , tout comme la consistance ou non de défenses solides dans le secteur de Dunkerque ( les Allemands savaient que plusieurs unités blindées s'y trouvaient mais je n'ai pas trouvé de texte estimant leur forces - je ne sais pas s'ils en avaient ne serait ce qu'une idée ) , on obtient une situation dans laquelle la poursuite risque de se retourner finalement contre l'attaquant .
Je ne dis pas que ces points sont la cause initiale d'un arrêt de poursuite au delà de l'Aa , mais qu'ils ont forcément contribué a un moment ou a un autre a la décision .
A cela une affirmation de Frieser suffit à répondre : le 24, si on redoutait encore une réaction ennemis, il suffisait de garder pour y parer un régiment en réserve.
Ma réponse :
Citation:
Si je résume mal, dis-le, je ferai un mea culpa et les gens intelligents n'iront pas me le reprocher pendant l'éternité.
Si je résume bien, ce que tu nous dis là c'est que la percée allemande est fragile tant qu'elle n'est pas solide.
Or justement il y a le 24 mai à 12h 30 un bon moyen de la consolider, en sapant les possibilités, et surtout le moral, de l'ennemi. C'est de faire les 30 km non défendus qui séparent l'avant-garde de Rundstedt de celle de Bock, à partir des deux endroits, en amont de Gravelines, où l'Aa est franchi.
L'Aa qui, contrairement à ce qu'ont l'air de penser certains, n'est pas l'Amazone (décidément, j'aime bien causer du Brésil à propos du Haltbefehl !), et sur lequel il n'est pas bien long ni sorcier de faire traverser des chars.
Au contraire, replier les automitrailleuses qui sont déjà de l'autre côté et, comme le disent les docs allemands du jour, faire de la rive gauche du fleuve une "enclume", c'est quasiment inviter l'ennemi à se rendre compte que dans un repli vers Dunkerque se trouve le salut, et le seul.
Le raisonnement que,
sans aucune incursion dans les documents qui ont trait au processus de décision,
tu prêtes (de façon plus hypothétique qu'affirmative)
aux décideurs allemands
ressemble à une conférence Rommel-Guderian le 15 mai qui se conclurait par :
"c'est déjà pas mal, cette poussée,
attendons du renfort pour ne pas risquer de la compromettre".