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Mes formulations précédentes pouvaient laisser entendre que Busch commandait l'infanterie sur une grande partie du flanc sud et je vous sais gré de préciser qu'il ne s'agissait que des abords de la ligne Maginot. Mais je fais observer qu'il n'y a que le premier pas qui coûte.
Euh... sans doute... ce qui veut dire quoi, au juste, dans le cas qui nous préoccupe ? J'avoue n'avoir pas compris.
La précision que j'ai apportée au sujet de Busch n'était pas pour faire un concours de pédanterie sur qui commandait quoi, mais parce que la thèse annoncée, à savoir que les 17 et 18 mai Hitler avait réorienté son axe d'attaque en bloquant l'option sud, était à ma connaissance fausse.
La mission de Busch a été fixée en février 1940, tactiquement elle consiste à attaquer les abords de la ligne Maginot, stratégiquement le but est de couvrir le flanc sud de la percée de Sedan. La 16e armée allemande va exécuter cette mission à la lettre et comme prévu, elle ne reçoit pas d'ordre d'arrêt mais s'arrête toute seule une fois ses objectifs atteints et face au raidissement de la défense française. Donc comme c'est une des rares armées d'une part à avoir reçu des ordres couvrant la période d'après la percée et d'autre part à les avoir exécutés sans intervention d'aucune sorte par les échelons supérieurs, il me semblait exagéré de citer son commandant pour démontrer qu'Hitler redirigeait son effort !
La seule armée dont la mission change, c'est la 12e. Mais on ne la redirige pas. Elle devait aller vers l'ouest, puis s'arrêter en faisant face au sud. Le 18, on lui ordonne de s'arrêter plus tôt que prévu, rien de plus.
Je veux bien débattre de l'interprétation à donner à ces ordres, mais on ne peut pas dire n'importe quoi sur les ordres eux-mêmes et sur les mouvements sur le terrain. C'est quand même la base...
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Je fus le premier, en 1997, et je crains d'être encore un des rares, à remarquer que le plan d'attaque allemand n'était précis que jusqu'à Sedan (vous chercherez cette info en vain chez Vanwelkenhuyzen -1994- ou Frieser -1995).
"Miracle...", que j'avais prêté à un ami, m'avait été rendu dans un sac plastique que j'avais laissé dans ma voiture. Grave erreur qui m'a valu une porte pliée et la perte du sac et d'un briquet ! Donc je ne sais pas pour Vanwelkenhuyzen (puisqu'il ne me reste que "Autopsie...") mais l'info est tout à fait dans Frieser ainsi que dans, par exemple, "To Lose A Battle" de Horne (1969).
Mais ce que j'en dis, c'est uniquement à cause de mon goût, qu'Olivier connait bien
, pour la contradiction parce que la vraie question c'est: quand bien même ce serait le cas, qu'est-ce que ça fait ?
Je rappelle que nous discutons d'une thèse sur l'ordre d'arrêt émis par Hitler le 24 mai. Savoir qui a dit le premier que le plan allemand n'était détaillé que jusqu'à la Meuse, on s'en fiche un peu, non ?
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Ensuite, il avait paru indispensable aux planificateurs de l'OKH, et Hitler les avait laissés faire, de prévoir une nouvelle définition des objectifs en fonction des positions ennemies, et notamment de la quantité de troupes amassée dans le piège belge. Ils avaient cependant esquissé une direction générale de progression : la Basse-Somme.
Grosso modo, l'idée générale du plan c'était de viser la Manche, sachant qu'il n'était précis que jusqu'à la Meuse et n'offrait plus de calendrier détaillé pour la suite, à cause de la résistance alliée à laquelle on s'attendait. A mon avis, il ne faut pas chercher plus loin pour savoir pourquoi Göring parle de Calais et Jodl du sable de Dunkerque. En cherchant bien, il y en a sûrement d'autres qui ont parlé de Boulogne ou d'Ostende !
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J'ai fait par la même occasion cette remarque que le mot "Sichelschnitt" (coup de faucille), constamment employé (et obsessionnellement par Frieser) pour désigner le prétendu plan allemand postérieur à la percée (lui-même volontiers dénommé Sichelschnitt-Plan), était une création de Jacobsen (1956). Cf. le récit des origines de ces expressions dans La ruse nazie, p. 120-121.
Je n'en disconviens pas, l'expression est en effet employée à tort ou à travers dans les ouvrages plus anciens (genre Horne et Chapman, j'ai la flemme de ressortir Ellis et les auteurs français pour vérifier). Et donc... ?
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Ce que j'affirme après avoir repéré et démenti ces contre-vérités c'est qu'il y avait en revanche, dans l'esprit de Hitler, un plan bien précis, consistant à encercler l'aile marchante adverse et à l'acculer pour finir dans le secteur de Dunkerque, et que par ses leviers de commande il s'était donné les moyens de l'imposer subrepticement. Nul besoin donc, ô Olivier, de lui prêter à cet égard un don de divination !
Qu'est-ce qui permet d'affirmer que le "plan bien précis" de Hitler consiste à acculer les armées alliées dans le secteur de Dunkerque et pas, par exemple, du côté de Lille après avoir capturé Dunkerque en premier ?
L'ordre de marche du 24 février désigne l'embouchure de la Somme. La suite logique c'est de réduire la poche ainsi créée, notamment en capturant les ports. Il est prévisible que les Alliés se replieront vers les ports, il est pratiquement impossible de savoir s'ils les atteindront avant les Allemands. Si c'est le cas, ils seront acculés dans ce secteur (entre Calais et Ostende, où Dunkerque est le port le plus important de la région), sinon les Allemands captureront les ports les premiers avant de livrer bataille à front renversé contre les Alliés acculés du côté de Lille.
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Mais au point où nous en sommes je crois que vous devriez ne plus vous contenter des résumés de l'article et des mises au point de ce forum. C'est le moment d'aborder l'ouvrage lui-même, dont je vous rappelle que j'ai récupéré un stock que j'écoule à prix coûtant.
Pour l'instant, je n'ai pas reçu une seule réponse aux objections que j'ai soulevées. Je résume dans le désordre:
1. Aucun élément n'a été fourni à l'appui de la thèse selon laquelle l'ordre d'arrêt de Hitler est politique le 24 mai, mais les arrêts du 21 (Rundstedt) et du 17 (Hitler) ne comptent pas.
2. Aucune raison n'a été fournie démontrant pourquoi Hitler aurait besoin d'offrir un répit aux gouvernements alliés le 24, pas avant et pas après.
3. Aucun argument non plus montrant pourquoi Hitler accordait tant d'importance à Dahlerus, ni surtout ce qui lui permettait de croire que le 24 mai était la bonne date pour marquer le coup vis à vis de Reynaud et Churchill.
Pour l'instant, la thèse de la ruse nazie ne me semble reposer sur rien de plus concret que des hypothèses qui sont au mieux non démontrées et en général ignorent totalement la situation sur le terrain. Par exemple, le 16 mai Guderian est déjà loin à l'ouest de Sedan et il fonce pleins tubes, alors que les premiers éléments d'infanterie commencent à peine à arriver sur la Meuse. Pas étonnant qu'Hitler s'inquiète de son flanc sud !
La situation est la même dans le secteur de la 4e armée, sauf que là le flanc nord est tenue de manière plus ou moins continue, il n'y a pas décrochage entre les blindés et l'infanterie (puisqu'il n'y a que des blindés pratiquement jusqu'à Namur).
J'ai lu l'article avec attention, et je n'ai rien trouvé de plus concret. Un passage m'a semblé particulièrement caractéristique (je cite de mémoire): "jusqu'à présent, nous avons accumulé les hypothèses, mais allons plus loin". Pour moi, quand on a accumulé des hypothèses, il est temps de les étayer plutôt que de risquer d'aller trop loin.
Que François pense qu'Hitler contrôle avec précision le timing de
Gelb jusqu'au 26 mai, est son droit le plus strict. En ce qui me concerne, ça me semble incroyable pour les raisons suivantes:
1/ Il est humainement exceptionnel, pour ne pas dire impossible, pour une personne normale d'avoir ce degré de contrôle sur soi-même et sur tant de facteurs étrangers. Si Hitler dispose de ces facultés exceptionnelles, il ne les a certainement pas mises en évidence ni avant ni après. Donc je ne suis pas disposé à croire qu'il les ait eues (ce qui n'est pas la même chose que de le traiter d'imbécile, je ne reviens pas là-dessus)
2/ Il existe de très solides raisons militaires pour expliquer les ordres données. Ces raisons ne sont pas toujours de "bonnes" raisons, mais on a souvent de solides raisons de prendre de mauvaises décisions, c'est pour ça que ça arrive si souvent.
3/ Les gouvernements alliés ne semblent pas particulièrement au courant de l'offre de paix de Hitler qui émoustille tellement François. Au contraire, ils semblent penser (on se demande bien pourquoi !
) qu'Hitler, qui ment comme un arracheur de dents depuis 5 ans, n'a aucune crédibilité et que ses propositions ne méritent pas qu'on s'y attarde.
Compte tenu de ces objections, pour que j'adhère à la thèse de François il faudrait des éléments concrets pour m'en convaincre. Jusqu'ici, François a été incapable de montrer l'absurdité supposée de l'explication militaro-politique (en gros: l'hypothèse classique reprise avec une variante par Frieser). Il n'a pas non plus démontré la cohérence interne de son raisonnement en répondant à mes questions pourtant maintes fois réitérées, qui tournent autour de "pourquoi donner ce signal-là à cette date-là ?". Il n'a pas non plus apporté d'éléments concrets à l'appui de la thèse selon laquelle Hitler tirait les ficelles de tout le monde.
Dans ces conditions, il me semble que lire "la ruse nazie" me conduirait simplement à poser les mêmes questions, qui recevraient la même absence de réponse. Je respecte donc le droit de François à énoncer une opinion, je salue le caractère stimulant de ce type de réflexion, mais en l'état du débat sur une partie de sa thèse et compte tenu de la pile de livres qui me restent à lire par ailleurs, je pense que je vais sêcher.
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L'école buissonnière est loin d'être réprimée, mais il est demandé de garder un lien avec les articles du site.
J'espère être resté en lien avec l'article qui donne la base à cette discussion. Je m'y suis en tout cas efforcé. Mon impression en tout cas est que c'est plutôt François qui fait l'école buissonnière dans cet échange et pas moi. Je ne l'en blâme pas: c'est son droit tant en général qu'en particulier ici où nous sommes sur son site. Mais il est clair que ça ne m'encourage pas à potasser LRN...