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Enfin, puiqu'il est question de repli, un problème qui n'est pas sans similitudes, mais sur le front de l'Est et la ligne du Dniepr en 1943. Extrait du journal d'un Goebbels particulièrement troublé (27 octobre 1943):
"Je lis des rapports du front qui font état de négligences dans l'édification de positions fortifiées sur le Dniepr. On y perd vraiment son latin à essayer de trouver un responsable. [...]
Schmundt affirme dur comme fer que la décision de ne pas construire le mur du Dniepr est à attribuer à un ordre du Führer. Le Führer aurait expressément interdit d'édifier une position fortifiée sur le Dniepr parce qu'il était d'avis que cela ne pouvait avoir qu'un effet psychologique fâcheux sur la troupe. Il aurait dit que si la troupe avait su qu'une position solide existait dans son dos, elles n'auraient plus voulu tenir les positions situéses en avant de celle-ci. Mais par ailleurs, j'entend dire par l'aide de camp du Führer que celui-ci, depuis des mois déjà, avait donné l'ordre de construire ce mur sur le Dniepr. En tout cas, une chose est certaine, c'est qu'il n'existe pas. Les soupçons du Führer à l'égard de l'armée de terre, et surtout à l'égard des généraux, ont encore augmenté."
Derrière cette apparente confusion, quelqu'un a-t-il à nouveau tiré les ficelles ?
Eh bien je n'en sais rien ! Il faudrait pour soritr de cette ignorance une étude très détaillée, dont je ne sais si elle a été entreprise.
Une remarque au passage : "l'aide de camp du Führer" a bien l'air d'être ce même général Schmundt qui a fait précédement des confidences assez contradictoires. Or c'est, de tous les officiers qui côtoient le Führer, probablement son plus proche complice et il est fort méconnu, entre autres raisons parce qu'il fut l'une des quatre victimes de l'attentat du 20 juillet et qu'il n'a pas laissé de papiers.
Si cette identification est confirmée, cela veut dire que le même proche de Hitler déverse dans l'oreille de celui qui dirige la propagande une explication de l'absence d'une fortification par une désobéissance des généraux, d'une part, et par un calcul tactique du Führer d'une autre. Pour être contradictoires, elles n'en ont pas moins un air de famille : leur invraisemblance. Ce que Hitler veut vraiment, et qui est matériellement possible, advient, nous sommes en dictature ou non ? Quant à la théorie sur la nocivité des fortifs qui ne font que saper le courage des défenseurs de l'avant, elle est carrément inepte, et démentie par les milliers de kilomètres de défenses édifiés par les Allemands durant cette guerre. Donc il y a beaucoup d'intox, et c'est peut-être un signe. Le Haltbefehl dunkerquois (cf. fil ci-dessous) a lui-même fait l'objet de justifications variées, parfois au cours de la même journée, de la part du maître ou de ses proches, et j'y vois l'indice qu'aucune n'était la bonne.
Donc, une explication diplomatique (au moins partielle) de la non-résistance sur le Dnierpr par le souci de corser les discussions de la conférence de Téhéran (ou de tout contact interallié en cette période que Hitler sait devoir être consacrée à des discussions sur les offensives de 1944) pourrait avoir sa pertinence... mais je ne suis par près d'être en mesure d'écrire un livre là-dessus !