le bloa a écrit:
Bien entendu, Hitler ne peut pas avouer avoir un Français pour modèle.
mais si ! il urge que vous lisiez les Propos. Celui du 31 mars 42 montre exactement le contraire. Il était formidable, et la Révolution française aussi... à condition qu'il en prît le contrôle, et c'est en régressant au niveau des aristocrates qu'il a tout gâché :
Citation:
C’est une grave erreur de vouloir changer quelque chose à la
désignation du chef de l’État quand elle est liée à la forme de l’État.
Ce fut, en dehors de l’interférence entre son sens de la famille et les
affaires politiques, la plus grande erreur de Napoléon, d’avoir eu le
mauvais goût d’abandonner le titre de Premier consul pour se faire
appeler empereur. Car c’est sous le titre de Premier consul que la
Révolution, qui faisait trembler le monde, l’avait hissé au sommet
du pouvoir, lui le général républicain, au détriment du Directoire,
ce club de brasserie. En renonçant à ce titre et en se faisant appeler
empereur, il a renié les Jacobins, ses anciens compagnons de lutte,
et perdu leur appui, et s’est aliéné, chez lui et à l’étranger, d’innombrables
partisans qui voyaient en lui l’incarnation du renouveau
spirituel apporté par la Révolution française. Pour mesurer pleinement
l’effet de cette mesure, il n’y a qu’à se représenter l’effet qu’il
produirait sur les Munichois et, au vrai, sur le monde entier, s’il allait
se promener en calèche dorée dans les rues de Munich en se faisant
appeler « Kaiser ».
Par là, par cette faute de goût, Napoléon n’a même pas gagné
quelque chose. Car les vieilles monarchies l’ont évidemment traité
comme un parvenu. La seule chose qu’il ait obtenue c’est la fille
Habsbourg qu’on lui a refilée et dont l’apparition a blessé profondément,
une fois pour toutes, l’orgueil national des Français. Car
la belle Joséphine, qui dut céder la place devant la fille Habsbourg,
était alors pour les Français un modèle en tant que républicaine
fanatique et en outre c’était la femme qui s’était élevée avec lui
jusqu’à la plus haute marche de l’État.
60 Propos intimes et politiques COMMENTAIRES 61
La commotion que l’adoption du titre d’empereur par Napoléon
produisit en Europe est illustrée on ne peut mieux par le fait que
Beethoven, qui lui avait dédié une symphonie, la déchira et la foula
aux pieds en criant : « Ce n’est pas une apparition, ce n’est qu’un
homme1 ! »
Tout le tragique du destin de Napoléon est de ne pas avoir senti
qu’en prenant ce titre et en instituant une cour et un cérémonial
impériaux il s’abaissait au rang de dégénérés et se dotait d’une cage
remplie de singes. Je considérerais comme un non-sens qu’on me
propose un titre de duc et me mette ainsi au rang de tous les malades
mentaux porteurs de ce titre.
Quant à la protection accordée à sa parenté, elle témoigne aussi
d’une incroyable faiblesse humaine. Quand on parvient à une position
comme la sienne, on doit s’affranchir des sentiments familiaux.
Au lieu de cela, il a placé ses frères et soeurs dans des postes
dominants et les y a laissés même quand ils avaient donné depuis
longtemps la preuve de leur inaptitude. Seul le sentiment corse de
la famille, égal à celui des Écossais, permet d’expliquer cette inconséquence
qui, en lieu et place de la seule solution possible qui était
de se débarrasser de tous ces parents d’une incompétence évidente,
l’amena à écrire tous les mois à ses frères et soeurs des instructions
détaillées sur ce qu’ils devaient faire et ne pas faire, et à croire qu’il
pouvait compenser leurs capacités défaillantes en leur promettant
de l’argent, ou en leur coupant les vivres.
Dès qu’il manifesta ce sens de la famille, une rupture se produisit
dans sa vie. Car le népotisme est la plus puissante des protections
qu’on puisse concevoir : la protection du Moi. Partout où il se manifeste
dans la vie des États – les monarchies en offrent le meilleur
exemple – la faiblesse et le déclin s’ensuivent. Car son apparition
signe la fin du principe de l’effort.
quant à vouloir le surpasser en Russie, certes il en est fier début 42 quand il constate qu'il a résisté à l'hiver, mais il sourit déjà un peu jaune. Déjà Napoléon a été en quelque sorte contraint de tenter d'abattre l'empire russe faute de pouvoir atteindre l'Angleterre autrement et c'est par une paix immédiate sur le front de l'ouest en mai 40 que Hitler a essayé de le surpasser.