Claude Jarvis a écrit:
Pour ce qui est de la présence de l'amiral à Alger il me semble que la version officielle est qu'il se rendait au chevet
de son fils malade, quant aux commanditaire je suppose que nous aurions tous beaucoup de difficulté à imaginer
un de Gaulle commanditant l'assassinat d'un autre officier français, mais force est de constater que cela "tombait
rudement bien" pour la France libre.
C'est effectivement la version officielle.
Cela dit, l'assassinat de Darlan tombait-il vraiment bien pour la France libre? Darlan, teintée par les "turpitudes vichystes", pouvait paraître pour de Gaulle un adversaire beaucoup moins coriace et crédible qu'un Giraud, d'ailleurs installé à la place de Darlan. Les mois suivants ont démontré comment de Gaulle ne l'avait pas eu facile devant Giraud, ce second expédiant soutenu par Roosevelt. De Gaulle contre Darlan, c'était encore une certaine Résistance contre une certaine Vichy. De Gaulle contre Giraud, c'était moins clair.
Au Canada français par exemple, une fois Vichy discréditée par la réaction de ses forces pendant Torch, les sympathies conservatrices se sont tournées vers Giraud. La controverse Pétain-de Gaulle s'est mutée ici en controverse Giraud-de Gaulle. Or, Darlan ne recueillait ici aucune sympathie particulière. Darlan, c'était encore Vichy. Giraud, officiellement non aligné, c'était un Vichy plus subtil.
Giraud ayant été d'une maladresse notoire (remarquée à Ottawa et à Washington d'ailleurs), de Gaulle, plus agile, aura pu asseoir son autorité sur le CFLN.