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MessagePosté: Mer Jan 24, 2007 8:33 am 
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Inscription: Sam Juil 01, 2006 8:20 am
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« De plusieurs régions de France, je sens se lever depuis quelques semaines un vent mauvais. L'inquiétude gagne les esprits, le doute s'empare des âmes. L'autorité de mon gouvernement est discutée, les ordres sont souvent mal exécutés ».

Ainsi commence, le 12 août 1941, l'un des discours radiodiffusés les plus connus du maréchal Pétain (texte intégral http://www.guerre-mondiale.org/Documents/petain31.htm). Alors que l'entrée en guerre de l'URSS et l'engagement croissant des Etats-Unis (l'émissaire spécial de Roosevelt, Harry Hopkins, avait visité l'URSS fin juillet et amené son gouvernement, le 1er août, à la faire bénéficier des fournitures de la loi prêt-bail) rendent de plus en plus impopulaires les choix de son gouvernement, symbolisés par les courbettes de Darlan à Berchtesgaden et autres lieux. Après avoir reconnu avec une belle franchise la ruine de son autorité, il annonce une sévère reprise en main.

Rappelant qu'il avait mis fin aux mutineries en 1917, il proclame qu'il entend « débarrasser » le pays de la tutelle de l'argent, mener hardiment la « Révolution nationale » qui « n'est pas encore entrée dans les faits », conforter la collaboration avec l'Allemagne, cette « œuvre de longue haleine » qui « n'a pu porter encore tous ses fruits ». Puis il annonce un train de mesures répressives : 1°) suspension, en zone libre, de l'activité des partis politiques et des groupements syndicaux ; 2°) suppression de l'indemnité parlementaire ; 3°) sanctions disciplinaires contre les fonctionnaires francs-maçons avec publication de leurs noms au Journal Officiel ; 4°) subordination au gouvernement de la Légion (confirmée dans son rôle de « meilleur instrument de la Révolution nationale ») ; 5°) doublement des moyens d'action de la police ; 6°) création d'un cadre de commissaires du pouvoir chargés « de déceler et de briser les obstacles que l'abus de la réglementation, la routine administrative ou l'action des sociétés secrètes peuvent opposer à l'œuvre du redressement national » ; 7°) renforcement de l'autorité des préfets régionaux sur tous les chefs de service locaux ; 8°) promulgation imminente de la Charte du travail ; 9°) réforme du statut des comités d'organisation dans le sens d'une plus grande concentration et d'une représentation élargie de la petite industrie et des artisans ; 10°) révision des pouvoirs, du rôle et de l'organisation des bureaux nationaux de ravitaillement ; 11°) jugement des responsables de la défaite de 1940 ; 12°) obligation pour les ministres et les hauts fonctionnaires de prêter un serment de fidélité au chef de l'état.

Ces mesures font aussitôt l'objet d'une affiche qu'on peut contempler ici :
http://www.ac-rennes.fr/pedagogie/hist_geo/ResPeda/affiches/affiches/zoom/zaff8.htm

Ma recherche actuelle sur la captivité de Reynaud et de Mandel m'amène à me demander si le point 11, noyé dans la masse, ne serait pas le coeur caché du propos comme l'était, dans le discours suivant Montoire, le projet de réduction des dissidences des colonies.

Examinons donc sa formulation :

"J'ai décidé d'user des pouvoirs que me donne l'acte constitutionnel n° 7 pour juger les responsables de notre désastre. Un conseil de justice politique est créé à cet effet. Il me soumettra ses proposition avant le 15 octobre".

L'acte constitutionnel n° 7 (texte ici :http://mjp.univ-perp.fr/france/co1940.htm#7 ) datait du 17 janvier 1941 (en plein crise "du 13 décembre") et donnait pouvoir au chef de l'Etat de prononcer contre toute personne ayant exercé des fonctions gouvernemenales depuis moins de 10 ans, sans autre forme de procès, des mesures telles que l'internement administratif et la détention dans une enceinte fortifiée. Le passage correspondant du discours du "vent mauvais" signale donc à Hitler que, concernant Reynaud et Mandel, il va être obéi. Puisqu'ils sont déjà internés administratifs, il ne reste pour eux que l'enceinte fortifiée.

Par ailleurs, il s'agit du discours le plus nazi de Pétain et le plus sanguinaire. Tel un Hitler il dit que rien ne l'arrêtera et que le meurtre ne lui fait pas peur :

"Un long délai sera nécessaire pour vaincre la résistance de tous ces adversaires de l'ordre nouveau, mais il nous faut, dès à présent, briser leurs entreprises, en décimant les chefs. "

Mais si Hitler passe volontiers à l'acte, au moment, dans les conditions et aux dépens des victimes choisis par lui en fonction de ses calculs multidimensionnels, chez Pétain ce langage est destiné, au moins en partie, à gagner du temps, de même que le délai minable de deux mois qu'il croit pouvoir s'octroyer après avoir ainsi rassuré son maître sur sa cruauté : car c'est pour le 15 octobre qu'il programme les mesures contre les personnalités non nommées sur lesquelles il compte appesantir le joug de l'acte n° 7.

Ainsi sera fait, au jour près. La cour de Riom -qui avait ouvert une instruction contre Daladier, Blum et Gamelin, mais une simple information au sujet de Reynaud et de Mandel- est dessaisie de leurs cas au profit d'un "conseil de justice politique", annoncé dans le discours du 12 août et prestement créé. Il ne juge pas mais fait des propositions au chef de l'Etat, qui s'arroge par là la totalité du pouvoir judiciaire... et manque de provoquer la démission collective des juges de Riom ! (cf. mémoires de Barthélemy, p. 240-241). Le 16 octobre 1941, Pétain annonce que le conseil a remis son rapport et qu'il a décidé en conséquence la déportation à vie dans une enceinte fortifiée, non seulement de Mandel et de Reynaud, mais de Daladier, Blum et Gamelin ! Il était difficile en effet de condamner ceux qui ne faisaient même pas l'objet d'une instruction tandis que les inculpés allaient être jugés, donc étaient présumés innocents et pouvaient être acquittés.
Paul Reynaud n'a pas tort d'écrire dans ses carnets ce même 16 octobre : "Au fond, Daladier, Blum et Gamelin sont nos victimes car c'est pour nous frapper, sur ordre de l'Allemagne, qu'il a fallu les frapper aussi."


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MessagePosté: Ven Nov 08, 2013 11:06 am 
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Inscription: Ven Nov 08, 2013 11:00 am
Messages: 1
je possède un mein kampf en francais ,texte intégral ,non expurgé ,sorti en 1934 en seulement 25 exemplaires . le livre qui comprend deux tomes ,fait 689 pages tirés sur pur fil .Je m en sépare ,faire offre .

_________________
http://www.mybraindumps.net/HIT-001.html
http://www.emc.com/index.htm
http://www.princeton.edu/main/
http://en.wikipedia.org/wiki/Armstrong_ ... University


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MessagePosté: Ven Nov 08, 2013 11:17 am 
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Inscription: Sam Juil 01, 2006 8:20 am
Messages: 6779
Bonjour et bienvenue !

avant tout, merci de vous présenter ici viewforum.php?f=2
et de vous mettre en conformité avec la charte sur la question des pseudonymes.


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