Henri Lévy a écrit:
Merci de nous préciser la date de la condamnation de Faurisson pour "diffusion de calomnies": un scoop ?
La première condamnation de Robert Faurisson est prononcée le 3 juillet 1981 lors d'un procès contre l'historien Léon Poliakov qu'il avait traité de « manipulateur et fabricateur de textes » : Robert Faurisson doit payer 2 000 F d’amende et 1 F symbolique de dommages et intérêts à Léon Poliakov.
Le 1er juillet 1981, à l'occasion d'un procès intenté par le MRAP et la LICRA il est à nouveau condamné30 au franc symbolique pour avoir déclaré que « Hitler n’a jamais ordonné ni admis que quiconque fût tué en raison de sa race ou de sa religion ». La peine est confirmée en appel deux ans plus tard.
La loi Gayssot ayant été adoptée le 13 juillet 1990, Robert Faurisson est condamné, le 18 avril 1991, à cent mille francs d'amende avec sursis pour « contestation de crime contre l'humanité », par la 17e chambre correctionnelle de Paris. Dans un entretien au Choc du mois de septembre 1990, il déclarait, notamment, que « le mythe des chambres à gaz est une gredinerie » et qu'il a « d'excellentes raisons de ne pas croire à cette politique d'extermination des Juifs, ou à la magique chambre à gaz, et on ne me promènera pas en camion à gaz. » Patrice Boizeau, directeur de la publication du mensuel, a, lui aussi, été condamné, à trente mille francs d'amende et à verser vingt mille francs de dommages-intérêts à chacune des onze associations d'anciens déportés qui s'étaient constituées partie civile. Le tribunal a également ordonné la publication du jugement dans quatre quotidiens, à raison de quinze mille francs par journal.
Le comité des droits de l'homme des Nations unies a estimé, le 8 novembre 199635, que la France n'avait pas violé le paragraphe 3 de l'article 19 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques en condamnant Faurisson sur la base de la loi Gayssot (cour d'appel de Paris, 9 décembre 1992).
Il est condamné, le 27 avril 1998, à vingt mille francs d'amende pour « contestation de crime contre l'humanité », par la 17e chambre correctionnelle de Paris, pour avoir nié l'existence de la Shoah dans un courrier publié dans l'hebdomadaire d'extrême droite Rivarol le 12 juillet 1996.
La dernière condamnation en date fait suite à la plainte déposée par le MRAP, la LICRA et la LDH à la suite des propos tenus en février 2005 sur la chaîne iranienne Sahar 138. Il contestait l'existence d'une tentative d'extermination des Juifs par le régime nazi, affirmait que les nazis cherchaient une « solution territoriale » consistant à installer les Juifs dans un autre pays (comme la Palestine) pour qu'ils ne soient plus des « parasites » et attribuait à des épidémies les décès des personnes dont les cadavres apparaissent sur des photographies.
Il a reconnu que les propos qui lui étaient reprochés exprimaient le fond de sa pensée, mais a déclaré qu'il ne se souvenait pas s'il avait effectivement tenu ces propos et qu'il ignorait que les propos reprochés étaient destinés à être diffusés sur une chaîne de télévision par satellite qu'on peut capter en France.
Son avocat, Éric Delcroix, a demandé au tribunal de refuser l'application de la loi Gayssot, dont l'adoption constituerait une voie de fait de la part du législateur ; pour lui, reconnaître l'existence de cette voie de fait, qu'il rapproche des voies de fait commises par l'administration, ne constituerait pas un contrôle de constitutionnalité des lois, contrôle que les juridictions françaises refusent d'effectuer (il estime utile de répéter cette argumentation devant plusieurs tribunaux, jusqu'à obtenir gain de cause, car il a réussi précédemment à faire écarter l'application, par la justice française, de la législation relative au contrôle des publications étrangères).
Citant une déclaration de Faurisson, selon laquelle les peines prononcées à son encontre étaient de plus en plus légères, le parquet a estimé qu'une peine plus sévère qu'une simple amende était nécessaire, et il a requis une peine de prison, avec ou sans sursis. Le jugement rendu le 3 octobre 2006 l'a condamné à trois mois de prison avec sursis et 7 500 euros d'amende.
Le 4 juillet 2007, la 11e chambre de la cour d'appel de Paris a confirmé la décision du tribunal correctionnel. Elle a cependant porté le montant des dommages-intérêts à mille euros, contre un euro symbolique en première instance, pour chacune des trois associations parties civiles.
En 2007, il attaque en justice Robert Badinter, estimant que ce dernier, en le traitant de « faussaire de l'histoire » lors d'une émission sur Arte, a tenu des propos diffamatoires. Lors de la première journée d'audience au tribunal de grande instance de Paris, le 12 mars, Robert Faurisson a réaffirmé que « les prétendues chambres à gaz hitlériennes et le prétendu génocide des Juifs forment un seul et même mensonge historique» À l'audience, le ministère public a estimé que le jugement de condamnation de Faurisson de 1981 « constitue un réquisitoire implacable qui [lui] a donné l'ensemble des attributs du faussaire». Le jugement, rendu le 21 mai, estime que la condamnation de M. Faurisson reposait « non sur des considérations morales » mais sur « la responsabilité professionnelle » de l'universitaire qui avait « tenté d'appuyer sur une prétendue recherche critique à caractère scientifique et historique sa volonté de nier les souffrances des victimes du génocide des Juifs, de réhabiliter les criminels nazis qui l'ont voulu et exécuté et de nourrir ainsi les provocations à la haine ou à la violence à caractère antisémite ». En utilisant le mot de « faussaire », relève le tribunal, Robert Badinter a « donc conservé une parfaite modération dans le propos. » En conclusion, le tribunal a débouté Robert Faurisson et l'a condamné à verser 5 000 euros à Robert Badinter au titre des frais de justice.