Voici ce que j'ai décidé de laisser en ligne d'un message que je viens de supprimer.
Quelques explications suivent.Henri Lévy a écrit:
(...)
Joël Guedj est comme certains,un croyant aveuglé.
L'éternel deux poids,deux mesures.
Avant de commencer l'étude proprement dite,je soulignerai qu'en tant
que Juif militant de la Mémoire,J.Guedj est nécessairement engagé.
Dans sa préface,toutefois,Philippe Joutard nous rassure:
"Il faut pas être gêné par l'engagement de l'auteur clairement affirmé
dans son introduction.
L'historien est toujours dans l'histoire(...).Quoi que nous fassions,
la part de subjectivité subsiste en chacun d'entre nous et le moyen
le plus sûr de la dépasser est de la reconnaître et de l'assumer comme
le fait Joël Guedj" p.8
Je suis personnellement d'accord avec cette analyse.Mais il faut être cohérent
et accepter qu'en face,les auteurs puissent être,eux aussi,engagés,
la meilleure preuve de cette acceptation étant de passer sous silence
les opinions politiques ou philosophiques des adversaires,pour se concentrer
uniquement sur les arguments de fond.
L'ennui est que J.Guedj agit de manière totalement opposée lorsqu'il aborde
la question de la libre recherche historique.
L'auteur commence par résumer les parcours de Maurice Bardèche,Paul Rassinier,
Robert Faurisson et Pierre Guillaume.Cinq pages durant,(pp 28-32),
il n'est question que d'opinions politiques.
On lit par exemple:"venu de l'extrême droite","beau-frère de Robert Brasillach","membre fondateur d'une "organisation internationale néofaciste",
"(venu) de l'extrême gauche",préfacé par Albert Paraz,rédacteur
au journal d'extrême droite,RIVAROL",collaborateur "à des journaux
antimilitaristes et anarchistes",vecteur de "l'antisémitisme" qui,grâce à lui,
"fait un retour fracassant",publié par "une poignée de militants de l'ultragauche","en 1979,il donne une conférence devant les membres
de la National Alliance,le parti néonazi américain",a fourni des
"brochures révolutionnaires" aux "militants gauchistes".
Au terme de ces développements,l'auteur reprend finalement l'expression
de Georges Wellers qui qualifiait le révisionnisme de "mythomanie néonazie"(p32)
Il parle du "négationnisme" comme d'une "idéologie":
"Comment se développe cette idéologie après la mort de son principal artisan,
Paul Rassinier ?" (p.27).Ajoutons que le cas qui nous intéresse,le terme
"idéologie" doit être pris comme synonyme de "mensonge".
Car avant même de présenter le "négationnisme",J.Guedj pose la question suivante:
"Quels sont les moyens et les méthodes utilisées par les faussaires adeptes
de la négation ?" (p.27).
Le message est donc clair:un Juif engagé peut dépasser sa subjectivité.
Mais son adversaire,non:s'il évolue dans des milieux politiquement incorrects,
alors ses thèses historiques ne sont qu'idéologique mensongère.
Exemple flagrant de ce deux poids deux mesures instauré en 1945 au procès
de Nuremberg et qui se résume ainsi:"Nous,on peut se le permettre,
parce qu'on est les bons,mais vous,non".
Dès 1947,Maurice Bardèche avait dénoncé cette pensée perverse.
Dans sa Lettre à François Mauriac,il avait écrit:
"C'était bon autrefois de penser que le même crime valait partout le même
châtiment.Voyez-vous,cette conception rigide du droit,nous ne le savions pas,
c'était une conception réactionnaire.Vos juges sont maintenant beaucoup
plus savants.Car ils posent en principe que vous aviez raison et que quiconque
a été champion de votre cause,travailleur de votre cause,n'a point de comptes
à rendre sur des actes témérairement qualifiés de crimes.
Ainsi,votre général de Larminat s'étonnait-il avec douleur qu'on pût reprocher
à des "résistants" quelques petits assassinats accidentels.
Ceux qui servaient votre vérité ont droit au vol,au pillage,au meurtre,et le juge,
mieux informé,reconnaît vite sous ces dehors fallacieux des nécessités du service,
comme disent les militaires.
Mais de l'autre côté,on doit compte de tout:d'avoir été assis derrière un bureau,
d'avoir donné un coup de téléphone,d'avoir porté un uniforme avec trois galons
d'argent,d'avoir tiré pour se défendre.Une partie de la nation a droit au port
et à l'usage du pistolet,de la mitraillette et de quelques autres jouets du même genre,l'autre partie doit recevoir des coups,et elle n'a même plus le droit de dire:
"Circulez",car on lui reproche d'avoir dit:"Circulez"
(M.Bardèche,Lettre à François Mauriac (éd.La Pensée Libre,1947,pp.55-6).
Ce qui était vrai au moment de l'Epuration le reste aujourd'hui,même si
les circonstances ont changé.On reproche ainsi aux "négationnistes"
de ne pas être des historiens,alors que ni Raul Hilberg,ni Léon Poliakov,
ni Jean-Claude Pressac (pour ne citer qu'eux) n'avaient le moindre diplôme
en histoire.On leur reproche d'être politiquement engagés,alors que J.Guedj,lui,
l'est aussi,mais que cela ne doit pas nous inquièter.
Echec au premier test.
Cela dit,venons-en au travail de l'auteur.J'ai l'habitude de juger un livre
de vulgarisation exterminationniste en m'intéressant tout d'abord aux illustrations.
Plus précisément,je cherche une représentation d'une chambre à gaz homicide,
que ce soit une photo,un dessin,un plan voire un simple croquis explicatif.
Si je n'en trouve aucune,je sais d'avance que l'ouvrage sera nul,tout simplement
parce qu'il éludera le côté technique de la question.
Le livre de J.Guedj chute dès ce premier test:sur les dix-neuf illustrations
qu'il contient (17 dessins,1 carte de l'Europe de l'Est et 1 photo de la briqueterie
des Milles),aucune ne montre un local de mort.
En guise d'indication de source,on lit uniquement,en page 6:"Dessins de déporté".
En fait,si l'on excepte une caricature parue dans le Jewish Herald en avril 1939,
tous les dessins reproduits sot d'Ella Liebermann-Shiber,une Juive de Berlin née
en 1927 (morte en 1998 de maladie).
Avec ses parents et son frère,elle fut déportée et passa dix-sept mois à Auschwitz-
Birkenau en compagnie de sa mère.En janvier 1945,elles furent évacuées au camp
de Neustadt (une annexe de Ravensbrück) où elles vécurent la libération au mois
de mai suivant.Bien que son père et son frère aient disparu en déportation,
le destin d'Ella et de sa mère Rosa ne plaide pas en faveur de la thèse de
l'extermination.Car en dix-sept mois à Auschwitz,les Allemands auraient eu
largement le temps de les gazer....
Ces précisions effectués,revenons aux illustrations.Un dessin d'E.Liebermann-Shiber
est certes intitulé:"Zur Vernichtung" ("Vers l'anéantissement"),mais la scène
semble se dérouler dans un village de l'Est,des femmes nues sont amenées
on ne sait où (sans doute vers un lieu d'exécution).
Deux autres dessins publiés pages 87 et 88 comportent,au fond,un très vague
crématoire avec sa cheminée qui fume,mais c'est tout.
Le deuxième dessin sur la page 87 montre bien une salle de douche,toutefois
la légende:"Das Bad" indique clairement qu'il s'agit d'une vraie salle de bain
(comme il y en avait dans tous les camps),pas d'une chambre à gaz.
En dix-sept mois à Auschwitz,ainsi,E.Liebermann-Shiber n'a jamais vu de
"chambre à gaz" homicide.Et c'est elle que J.Guedj prend comme "témoin" !
(...) loin d'adopter
une démarche d'historien,avec tout ce que cela implique comme vérifications,
l'auteur se comportera en "croyant"....
Convaincu par les "preuves de substitution".
Les premières pages le confirment.Le compte rendu de la Marche des Vivants
à laquelle il a participé en 1992 explique:
C'est avec réticence que nous pénétrons dans les baraques (de Majdanek)
encore baignées d'ombre et de silence.Une allée centrale ntre des milliers
de chaussures.Des souliers d'enfants qui renvoient une image insupportable.
Quand la visite du camp de Majdanek s'achève,nous nous assemblons
afin de prier (...).
Puis,il y a Auschwitz dont le nom à lui seul suscite tant d'appréhension(...)
chaque objet que l'on nous présente derrière une vitrine est chargé d'une histoire.
Nous suffoquons devant l'existence de toutes ces preuves.
En particulier,sept mille kilos de cheveux qui servent de "pièces à conviction"
(pp.11-12).
Face à "toutes ces preuves" (chaussures,cheveux,valises,ustensiles
de cuisine...),l'auteur n'a aucun doute sur la réalité de la Shoah,évènement
unique dans l'Histoire:
En effet,par l'importances des tueries,le choix des victimes et la méthode
industrielle,la tragédie a atteint un niveau de barbarie jamais égalée.(p.13)
Une première contradiction.
Quatorze pages plus loin,pourtant,J.Guedj reprend la thèse selon laquelle
les assassins auraient agi pour laisser le moins de traces possible de leurs forfaits
et pour en effacer les "preuves":
Les criminels nazis ont tenté de masquer et de détruire autant qu'ils le pouvaient
toute preuve tangible de leurs crimes dans les camps d'extermination polonais.
Ils ont utilisé un vocabulaire codé,et ont organisé les opérations dans le secret
absolu." (p.27)
Plus loin,il nous parle de l'effacement méthodique des traces,à partir du printemps
1942,avec le Sonderkommando 1005.S'appuyant sur le faux témoin notoire
Dieter Wisliceny,celui dont l'Accusation à Nuremberg se servit pour "prouver"
d'existence d'un ordre écrit d'exterminer les Juifs,il parle de ce commando
spécial qui aurait mené à bien sa mission entre l'automne 1942 et septembre 1944,
ouvrant les fosses communes en Russie,en Pologne et autour de la mer Baltique
et incinérant des centaines de milliers de cadavres dans des
"incinérateurs spéciaux" (pp.80-1).
Dès lors,la présence de ces tonnes de "preuves" à Auschwitz et à Majdanek
devrait surpendre J.Guedj.Car des assassins qui,selon la thèse officielle,
pouvaient faire disparaître quotidiennement plus de 3 000 corps auraient
parfaitement pu se débarrasser au moins des cheveux,des habits,des valises
et des chaussures.Pourquoi ne l'ont-ils pas fait en même temps qu'ils massacraient
ou dans les dernières semaines de l'été 1944 en recourant au si efficace
Sonderkommando 1005 avec ses "incinérateurs spéciaux" ?
La thèse officielle se heurte ici à une sévère contradiction qu'il faudrait expliquer.
Mais l'auteur ne semble même pas s'en apercevoir:il croit et passe outre.
Les révisionnistes l'ont toujours dit:sachant que dans les camps,les déportés
étaient rasés à leur arrivée (pour de simples raison d'hygiène),les ballots
de cheveux trouvés à la libération d'Auschwitz ne sont pas la preuve d'un
quelconque massacre de masse.De même,sachant que les Juifs déportés
arrivaient chargés de valises et que ces bagages leur étaient saisis(volés),
les identités du genre:1 valise= 1 famille assassinée,1 paire de chaussures=
1 Juif assassiné ne sont nullement justifiées.
Tant qu'on aura pas matériellement établi la présence de chambres à gaz
homicides à Auschwitz et ailleurs,ces "reliques" n'auront aucun caractère probant.
Tout au plus pourra-t-on les considérer comme des indices nécessitant une enquête.
C'est cette enquête rigoureuse et impartiale sur l'arme du crime que les révisionnistes
attendent.
Joël Guedj bombe le torse.
Va-t-on la trouver même très résumée,dans le livre de J.Guedj ?
La préface le laisse espérer:
"Le livre n'élude pas les questions embarrassantes" déclare P.Joutard,p.8
Et dans un premier temps,J.Guedj bombe le torse:
le devoir de mémoire passe aussi par l'exactitude et l'objectivité,
en somme,par le devoir d'histoire. (p.15).
Mieux encore:
Pour faire face à l'essor du révisionnisme (...),il faut établir les faits
de façon incontestable:"La minutie est importante.
Nous la devons à chacun de ces morts sans tombe."(p.14).
Bref,on va voir ce qu'on va voir....
Voilà ce que j'ai cru pouvoir laisser en ligne de ton message négationniste.
Adversaire militant de la loi Gayssot, je ne suis pas pour autant en effet un adepte, contre elle, de l'action directe et ne crois pas, en tant que webmestre, devoir tolérer sa violation dans un espace dont je suis pénalement responsable.
D'autre part, la charte du forum exige qu'on y discute d'histoire et non d'historiens.
Si donc un négationniste veut s'exprimer chez moi sur des faits historiques et en débattre réellement, libre à lui. C'est dans cet esprit que j'ai opéré la sélection de tes propos.
Ces développements, assez longs malgré les coupures, sont parfaits pour démontrer, et démonter, la pratique négationniste. Il ne s'agit nullement d'histoire mais, conformément à la profession première de Robert Faurisson, de littérature : on ne prend pas des faits, on ne se situe à aucun moment sur le terrain des réalités, mais on cause de papier imprimé. On prétend tirer la vérité d'erreurs ou d'approximations trouvées sur ce papier.
D'autre part, beaucoup de propos peuvent être renvoyés en boomerang : ainsi toute la première partie, qui accuse Guedj de reprocher aux auteurs négationnistes leurs opinions politiques, est finalement démentie par la citation de Bardèche, qui fait exactement la même chose dans l'autre sens... tout en se plaignant qu'il y ait deux poids et deux mesures !
Je relèverai enfin le caractère dérisoire (au sens de Beaumarchais : "Je me presse de rire de tout, de peur d'être obligé d'en pleurer") du procédé consistant à dire (ou à insinuer) ce qui est à partir de ce qui n'est pas.
Une mère et sa fille ont survécu à Auschwitz... donc on n'y gazait personne.
Des cheveux n'ont pas été brûlés... donc des squelettes non plus.
Une déportée dessinatrice n'a pas dessiné de chambres à gaz. Donc... etc.