Un journal belge en ligne, sous le titre
Churchill: les Juifs "en partie responsables" de l'hostilité à leur égard attire l'attention, avant même sa sortie, sur un livre anglais qui paraît valoir le détour :
Lloyd George and Churchill /
Rivals for Greatness
de Richard Toye
(en librairie depuis le 16 mars 2007)
C'est ici :
http://www.7sur7.be/hlns/cache/fr/det/a ... ossierArt5
Voici ce qu'en dit le
Telegraph (qui, soit dit en passant, n'est toujours pas revenu, depuis septembre 2005, sur les "faux" concernant la mort de Himmler qu'il a dénoncés à grands sons de trompe : pas sympa pour les visiteurs des archives nationales britanniques, censées avoir été bourrées comme des urnes un jour de consultation électorale dans quelque république bananière; voir ici :
http://www.delpla.org/forum/viewforum.php?f=5) :
http://www.telegraph.co.uk/news/main.jh ... ston11.xml
Il s'agit d'un article inédit, rédigé en 1937 sans autre précision, non publié à l'époque pour des raisons, nous dit-on, indépendantes de la volonté de l'auteur (rivalités entre journaux et existence d'un article de Lloyd George sur le même sujet), exhumé début 40 par un journal qui voulait le publier -et alors l'auteur s'y serait opposé en raison du fait qu'il était "controversial".
Churchill écrit que les Juifs sont en partie responsables de leur propre persécution, notamment les patrons juifs de Grande-Bretagne qui accueillent des réfugiés juifs européens en les faisant travailler au rabais, ce qui déclenche une colère compréhensible chez les travailleurs bien de chez nous. Les Juifs sont donc invités à coopérer à leur propre intégration, notamment en ne vivant ni ne travaillant de façon communautaire.
Je cite Toye :
"While most people would accept that Churchill was no anti-Semite, this sheds fascinating new light on his views about Jews, which were very inconsistent," said Dr Toye.
"In a slightly unfortunate way I think he was trying to help. But he lapsed into common misconceptions and stereotypes. I think it does show genuine intellectual confusion on his part."
Le dossier de presse fait apparaître que le Telegraph, une fois de plus, prend la défense du Vieux Lion au milieu d'une forêt d'organes timorés qui se contentent de reprendre l'info : il est l'un des rares à lui faire un mérite de ne pas avoir publié ces élucubrations -les autres font comme si elles l'avaient été !- et d'avoir cherché non pas à attiser mais à apaiser les tensions.
Ce qui manque évidemment, c'est une analyse de la conjoncture d'une part (personne ne semble s'inquiéter du fait que l'année 1937 comportait 12 mois, 52 semaines et 365 jours, et que la Grand-Bretagne, qui était certes déjà une île, agissait et réagissait en fonction d'un ensemble planétaire de facteurs) et, d'une autre, une vision d'ensemble de l'article, montrant ce que l'auteur cherchait à démontrer.
Le connaissant un peu, je ferai l'hypothèse qu'il essayait d'enfoncer un coin entre les nazis et les autres antisémites, en montrant que ces derniers pouvaient avoir de justes revendications et en concentrant le tir sur le racisme radical et intemporel des premiers.
Je ne connais pas Toye mais a priori n'en ferai pas ma cup of tea : il semble un peu infecté de sensationnalisme (ah ce mot "fascinating" !) et bien pressé de décerner à Churchill, le seul lucide et le seul cohérent, sur le problème essentiel de l'heure, de toute la classe politique britannique, un brevet, précisément, d'aveuglement et d'incohérence.
Mais là encore, il faut voir le contexte, et ce sera fait sous peu.