Hitler, un dictateur ? Certes, cela peut se dire, techniquement, juridiquement. Mais c'est avant tout un artiste, ce que ne sont nullement Pinochet, Saddam, Franco, pour ne rien dire de la cohorte bigarrée des staliniens. Mussolini, à la rigueur, mais alors l'échelle va d'un vague artisan de BD à Picasso !
Ce qui me rend fier et amusé d'avoir contribué à ce film, c'est qu'il va beaucoup plus loin dans cette voie que
La chute (Voir ici
http://www.delpla.org/article.php3?id_article=127). Le Berghof en effet c'est l'épicentre de la création. C'est là que Hitler est vraiment lui, vraiment chez lui (et pas dans le bunker !). Il a besoin de la nature, de grands espaces tourmentés et c'est en les dominant qu'il échafaude une reconstruction du monde. Besoin de la Femme, déclinée en un grand nombre de corps dont un seul est étreint mais beaucoup frôlés, et regroupés en une sorte de bain amniotique. Le tout à la frontière de l'Allemagne et de l'Autriche : la terre de Berchtesgaden forme un ergot de l'une, ou un crochet, qui arrime l'autre : la ville qu'on voit au nord est Salzbourg !), donc elle réunit la patrie et la ... "matrie". Que sait, que sent Eva de tout cela, mystère, et pourtant elle tourne !
Un artiste, donc, entendu comme un enfant qui va au bout de ses désirs. L'irruption de l'immaturité dans la politique. Mais pas sur le mode de certains de nos redoutables contemporains, grands enfants qui veulent que tout plie et basta. Lui, c'est l'immaturité au coeur d'un projet très maîtrisé, allant jusqu'au remodelage biologique de l'espèce ! Et chaque geste, chaque rencontre, concourent d'une façon ou d'une autre au projet (leçon prise chez Richard Wagner : la politique hitlérienne est "oeuvre d'art totale").
C'est du moins le sillon que je creuse depuis plus de 15 ans, en ne réussissant pas toujours à installer le débat là où il aurait sa place. Le détour par TF1 sera-t-il, dans tous les sens du terme, la ruse de l'histoire ?