A présent, mon ubuesque bannissement du forum Passion-histoire
viewtopic.php?f=95&t=813&p=13135#p13135 commence à avoir des conséquences franchement nauséabondes : je suis empêché de répondre à des calomnies déversées sur le compte des Aubrac
http://www.passion-histoire.net/n/www/v ... 37#p404737L'une semée par Daniel Cordier, dans laquelle hélas notre ami Lebel joue un rôle d'idiot utile.
L'autre toute récente et infiniment plus élaborée, à propos de la période marseillaise de Raymond (second semestre 1944; période sur laquelle se concentrent cette année les calomnies, concurremment à celle du "compagnonnage de route" passant par BERIM et les démocraties populaires, 1945-55; ce qui ne veut pas dire que la magnifique évasion du 21 octobre 1944, dénigrée par Chauvy, Vergès et Stéphane Courtois, soit définitivement épargnée -en fait c'est bien toujours et surtout elle qui est sournoisement visée), colportée par un pseudonommé Calade.
Voici ce que je réponds chez BRH
http://www.empereurperdu.com/tribunehis ... 398#p11398 , et qu'il serait du devoir des modérateurs de PH de faire connaître au plus vite par tout moyen à leur convenance :
Concernant Cordier, les choses sont simples : sans doute jaloux des lauriers tardifs des Aubrac, et fort de sa réputation de détenteur d'archives explosives, il fait semblant d'en avoir concernant ce couple, trouble beaucoup d'esprits faibles mais ne publie jamais rien de précis ni de concret, et pour cause.
Plus intéressant et pernicieux est le message de Calade... et cela fait maintenant près de 24h que cette charge contre la mémoire du grand résistant reste sans réponse.
Citation:
Un événement en particulier a coûté à Raymond Aubrac sa place de Commissaire à Marseille, c'est l'explosion du château de la Simone à Pertuis le 25 novembre 1944. Ce château accueillait des combattants des FFI et l'explosion provoque une 30aine de morts. Elle apparaît assez vite comme accidentelle mais des rumeurs se répandent : les FFI auraient été victimes de miliciens passés dans la clandestinité. L'émotion est telle que Raymond Aubrac doit consentir à une exécution publique, celle d'un chef milicien d'Avignon arrêté à la Libération. Il sait évidemment qu'il n'est pas coupable (il était en prison lors de l'explosion) mais devant le risque de voir des lynchages se produire, il juge cette solution moins calamiteuse. De Gaulle n'a évidemment pas du tout la même vision. Qu'un commissaire de la République accepte une exécution après un jugement devant une cour non légale et, surtout, qu'il n'ait pas transmis le dossier pour une grâce éventuelle le scandalise. Il envoie le lendemain de l'exécution aussitôt à Marseille le MRP Menthon (Garde des Sceaux) et le communiste Billoux (ministe de l'Economie). Menthon est effrayé par l'état de la justice en Provence, et Billoux reprend (discrètement) les choses en main d'une main de fer, mettant fin aux cours extrajudiciaires, et au pas le PCF de Marseille.
Bref, Aubrac passe moins pour un agent des rouges que pour un haut-fonctionnaire qui n'est pas à la hauteur de la situation. Mais il faut bien reconnaître qu'elle est extrêmement difficile et qu'il a fait face tant bien que mal durant la pire période de la Libération.
1) Je n'ai jamais lu cela auparavant : indice que la calomnie poursuit sa route, en grande partie souterraine.
2) Raymond Aubrac raconte par le menu dans ses mémoires l'affaire de Pertuis, sans que personne à ce jour ait contesté sa version sur quelque point essentiel et Calade ne le fait toujours pas, puisqu'il ne la mentionne pas. Un article très documenté de Michèle Bitton a cependant été publié en novembre dernier
http://www.pertuisien.fr/imeven/La_Simo ... uisien.pdf, qui permet de corriger le livre de Raymond sur des points de détail mais ne va pas du tout dans le sens de ce qui est dit ici.
3) Il semble donc que la calomnie s'appuie essentiellement sur le récit du calomnié, en le déformant. Revue rapide des inventions :
-le milicien exécuté, pour solde de tout compte, n'a jamais été considéré comme le coupable de l'explosion -sa vie était une monnaie d'échange contre celle des otages;
-il n'y avait pas de "risques de lynchage" mais prise d'otages et menace à très brève échéance d'en voir quatre exécutés en application des décisions d'un tribunal improvisé;
-de Gaulle, en voyage à Moscou, ne pouvait être consulté (ce n'est donc pas lui qui envoie Menthon sur place mais, au contraire, un gouvernement un peu déboussolé sans lui), il n'avait pas encore récupéré le droit de grâce, délégué aux commissaires de la République, et rien n'indique qu'il ait désapprouvé Aubrac dans cette affaire -même si Menthon, garde des Sceaux, est effectivement venu aux renseignements; il a, d'après Raymond, fait ses compliments sur le dénouement tout en soulignant dans un sourire les "monstruosités juridiques";
-en revanche on voit mal le gouvernement envoyer en même temps deux ministres pour une même affaire et le rôle de Billoux relève du fantasme;
-même dans une période plus calme comme la nôtre, on ne demande pas aux préfets d'appliquer pointilleusement la loi dans des situations exceptionnelles (ne serait-ce que devant des agriculteurs en colère), mais bien de manoeuvrer en limitant les désordres : et en l'espèce, bien entendu, le donneur de leçons ne dit pas ce qui serait advenu, et en quoi on aurait trouvé la gestion du commissaire moins "calamiteuse", s'il avait exigé qu'on respectât les méandres de la procédure légale ;
-loin qu'elle lui coûte sa place, Aubrac est maintenu dans son poste, après l'affaire, pendant un mois et demi.
Si Calade n'est pas l'auteur de ces déformations, plutôt subtiles (il l'est, en particulier, de faire remonter les bretelles de Raymond par un ministre communiste pour mieux faire passer en contrebande l'anticommunisme qui imprègne tout le propos, s'agissant d'Aubrac comme de la situation dans la région; on fait même semblant dans la conclusion de ne pas être anti-Aubrac, en reconnaissant qu'il a fait ce qu'il a pu : pour une fois, le poison n'est pas dans la queue !), il serait bon de lui demander où il a déniché cette version.