Je retombe sur ce fil et sur cette monstruosité :
François Delpla a écrit:
et la Cour suprême n'a fait que son devoir en 2000, en interdisant de recompter les bulletins ?
boisbouvier a écrit:
Encore tes diversions.
Bush a-t-il été réélu (ou si tu préfères "élu") en 2004, oui ou non ?
Rappeler cette chose inouïe dans les grandes démocraties, digne de Gbagbo ou de Milosevic,consistant à déclarer élu un candidat en interrompant le recomptage des bulletins, voilà ce que Michel appelle une diversion !
Mais je voudrais justement en revenir au sujet, ce mois de mars 1936 où notre internaute accuse Churchill bien sottement et bien agressivement (à son égard et au mien) d'avoir inconsidérément appelé à faire fonctionner la SDN plutôt qu'à foncer dans le tas.
Dans un livre trop oublié de 1953, Fritz Hesse, l'un des collaborateurs de Ribbentrop, spécialisé dans les relations avec le Royaume-Uni, indique que la haine de Hitler pour lui date justement de cette époque.
Il avait en effet prononcé fin mars devant le groupe parlementaire conservateur un discours non publié, que l'espionnage allemand avait, en deux semaines, fait parvenir sur le bureau du Führer.
Il s'agit d'un banal rappel de la politique anglaise multiséculaire d'équilibre européen (balance of powers), consistant à ce que Londres s'allie avec les pays continentaux qui cherchent à résister à la volonté d'hégémonie de l'un d'entre eux. Et d'un appel moins banal à l'instauration d'une SDN
en armes.
Hitler est censé avoir fait une énorme colère (comme s'il découvrait ces opinions grâce à ses espions alors que Churchill les étale, avons-nous vu, dans la presse), prétendu que Churchill reflétait l'état d'esprit véritable de la Grande-Bretagne et serait premier ministre "d'ici cinq ans" mais juré que lui-même "n'attendrait pas de se faire encercler".
Hesse pourrait avoir inventé cela après la guerre. Mais il dit une chose intéressante : lui-même étant alors journaliste à Londres, il tenait ses informations sur les pensées dctatoriales d'Albrecht Haushofer.
Décidément, ce nazi intellectuel, demi-juif, intime de Hess (sans e) me paraît avoir été un drôle de type et un parfait instrument dans les mains de Hitler, qui plus encore que les autres croyait mener le jeu.
Lequel jeu, de Hitler, vis-à-vis de la Grande-Bretagne, était intense et complexe.