Claude Jarvis a écrit:
Bonjour Mr Delpla,
excusez moi de vous obliger lourdement à vous répéter ainsi et surtout arrêtez moi si j'écris une bêtise; mais votre idée
de l'ordre d'arrêt c'est bien que :
- Il existe un sentiment d'Hitler que si la Grande Bretagne doit se retirer de la guerre c'est maintenant ou jamais (et de fait elle n'a jamais été aussi près de le faire entre 1939 et 41).
- l'ordre d'arrêt n'est pas pour autant destiné à permettre un rembarquement de la BEF que
les allemands ne pensent pas réalisable sur une grande échelle au jour du 24 mai.
- il s'agit plutôt de donner un délai de réflexion au cabinet britannique qui devra se décider à poursuivre ou non la guerre et accepter ou pas l'offre de paix en sachant que 250 000 de ses meilleurs soldats sont encerclés dos à la mer et attendent le coup de grâce qui ne manquera pas de venir du ciel et des stukas.
That's the idea isnt it ?
Bonne journée
Je souscris à ce qu'a dit Daniel.
Il faut bien voir que tout part de la conversation Göring-Dahlerus du 6 mai : paix immédiate et "généreuse" quand les Allemands seront à Calais, sinon les conditions s'aggraveront.
Un secret d'Etat encore des mieux gardés à Londres mais les archives Reynaud ont miraculeusement bavardé, grâce à Costello, en 1991 :
Citation:
Offres éventuelles de paix de l’Allemagne
M. Nordling, Consul Général de Suède à Paris, qui avait accompagné M. Coulondre et le général Mittelhauser lors de la mission accomplie en Scandinavie du 12 au 14 avril, est revenu 15 jours plus tard à Paris en traversant l’Allemagne. Il s’est joint à une mission suédoise qui comprenait M. Dahlerus, industriel connu pour ses relations avec le Maréchal Göring, le Directeur des Affaires Économiques au Ministère des Affaires étrangères suédois et le chef d’État-Major des forces navales suédoises.
Cette mission a proposé au gouvernement du Reich un projet consistant essentiellement à assurer par des forces navales suédoises la police des eaux norvégiennes et la répartition équitable du minerai de fer entre l’Allemagne et les Alliés. Ce projet a été repoussé par les Allemands.
Le Maréchal Göring a cependant tenu à voir M. Dahlerus qui, à plusieurs reprises, s’était fait l’intermédiaire d’offres de paix allemandes. Le Lieutenant du Führer a exprimé l’avis que toute paix était impossible dans les conditions qui régnaient alors. Il a ajouté cependant que si la guerre était portée en Belgique et si l’armée allemande parvenait à s’emparer de la côte belge et de Calais, le Führer ferait une proposition de paix. Il demanderait l’annexion d’Eupen, de Malmédy, du bassin de Briey, ainsi que l’attribution de colonies au Reich. Pour le reste, il se contenterait, dans l’ensemble, du maintien du statu quo avant les hostilités.
Si la France repoussait ces propositions, la guerre serait étendue aux populations civiles et le peuple français « apprendrait ce qu’il en coûte d’être mal dirigé ».
Les indications ci-dessus, dont la source est absolument sûre, prennent une importance particulière à la lumière des événements qui se sont déroulés depuis lors.
Il est permis de se demander en particulier si le Duce n’attend pas le moment où M. Hitler, s’estimant vainqueur, formulerait des conditions de paix, pour entrer lui-même en scène.
commentaires sur le site :
http://www.delpla.org/article.php3?id_article=377Le bombardement aérien n'a rien à voir ici : si on en cause à perte de vue dans les débats sur le Haltbefehl, c'est en raison de la vantardise de Göring, dans l'après-midi du 23 mai, elle-même une probable comédie, un numéro réglé avec Hitler pour faire passer la pilule de l'arrêt, auprès des officiers de carrière, en la présentant comme une bouffonnerie de nazis incompétents.
L'ordre d'arrêt ne s'adresse pas qu'à la Grande-Bretagne mais tout aussi bien à la France; Hitler doit compter sur Reynaud, dont il a pu à loisir observer la pusillanimité bavarde dans l'affaire de Norvège, pour saisir avec soulagement son offre généreuse -et sans doute aussi pour faire, si besoin est, pression sur Londres.