Bonjour,
Vous n'avez pas commente mes informations et essayez de passer a autre chose.
Pas de chance, vos affirmations aériennes sont indéfendables :
Citation:
Annexe 40-6-4
Les forces aériennes en Méditerranée le 20 juin 1940, en dehors des Français
La RAF en Méditerranée
En 1940, la RAF est globalement limitée par le manque d’équipages. C’est le produit de la politique britannique des années 20 et 30, qui a laissé descendre la RAF du temps de paix très en dessous du niveau de l’Armée de l’Air. Le résultat est que les programmes d’entraînement lancés en 1938 et 1939 ne déboucheront en termes de nombre d’équipages disponibles que dans le courant de 1941. Le problème est général, mais bien entendu particulièrement sensible dans deux secteurs : en ce qui concerne la Fleet Air Arm (la FAA) et au Moyen-Orient.
Sur ce dernier théâtre, la RAF déploie un peu moins de 350 avions pour couvrir Malte, l’Egypte, l’Irak, la Palestine et Aden. La qualité de ces avions est très inférieure à celle des avions de l’Armée de l’Air et même, dans le cas du Sea Gladiator (qui possède toutefois une très bonne manœuvrabilité), à celle des avions italiens. Le Hurricane I équipé du filtre Vokes (filtre à sable pour le désert) voit sa vitesse réduite de 30 à 40 mph et se retrouve ainsi au niveau du Fiat CR.42, mais il reste efficace contre les bombardiers, grâce à son armement lourd.
Fin juin 1940, on trouve ainsi :
- 5 Sea Gladiator (non navalisés) à Malte (et non 3 comme le veut la légende...), dont 1 en réserve,
- 4 autres à bord du porte-avions HMS Eagle,
- 3 squadrons de Gladiator en Egypte,
- 1 squadron de Gladiator à Aden,
- 1 squadron de Gladiator en Irak,
soit avec les avions de réserve sans doute 120/130 Gladiator pour toute la zone. Pas étonnant dans ces conditions que les Gauntlet survivants et les Fury de la SAAF aient été inclus dans le total des forces.
On compte entre 9 et 10 Gauntlet opérationnels. Ils sont utilisés comme bombardiers en piqué (!) avec 8 bombes de 25 livres.
Les Hawker Fury sont les avions de la SAAF qui sont utilisés en Afrique de l’Est, essentiellement au sein du 1er Squadron (SAAF) puis du 2ème Squadron (SAAF). Ces avions sont déployés depuis Mombasa à partir de juin 1940. Les archives montrent que le contingent initial de 6 avions a été renforcé par 22 appareils provenant des stocks de la RAF. Ils seront opérationnels jusqu’à la reddition finale des italiens.
Dans le courant du mois de juin, Malte est renforcée à partir de la Grande-Bretagne, via la France ou via Gibraltar et Tunis.
Pour les bombardiers et chasseurs lourds, la RAF dispose d’environ 110 Blenheim I ou IV, le reste étant constitué de Lysander, Hawker Hector et Vincent, Vickers Wellesley et Valentia ... La FAA emploie aussi des torpilleurs Fairey Swordfish à Malte et sur l’Eagle. Les Fairey Fulmar de l’Illustrious, qui arriveront fin juillet 1940, passeront alors pour le nec plus ultra en matière de chasse navale…
La Regia Aeronautica en Libye (ASI), en Sicile et en Sardaigne
Traduction des termes italiens :
Squadra (aerea) = Escadre (aérienne)
Divisione (aerea) = Division (aérienne)
Brigata (aerea) = Brigade (aérienne)
Stormo = Régiment (aérien)
Gruppo (aereo) = Groupe (aérien)
Squadriglia = Escadrille
Africa Settentrionale Italiana (Libye)
En Libye, la Regia Aeronautica ne compte qu’environ 320 avions, dont moins de 300 sont opérationnels (parmi lesquels on compte seulement 30 CR-42).
614ème Escadrille de recherches et secours (Cant Z.506b - Menelao)
Secteur est (Cyrénaïque)
13ème Division de bombardement Pegaso (El Adem)
10ème Régiment de bombardement terrestre
30ème Groupe de bombardement (9 SM.79 - Benina)
32ème Groupe de bombardement (10 SM.79 - Benina)
14ème Régiment de bombardement terrestre
44ème Groupe de bombardement (10 SM.81 – El Adem)
45ème Groupe de bombardement (10 SM.81 – El Adem)
14ème Brigade de chasse Rex (Tobrouk)
4ème Régiment de chasse terrestre
10ème Groupe de chasse (27 CR.42 - Tobrouk)
145ème Groupe de transport (SM.75 - Benghazi)
2ème Groupe d’Aviazione di Presidio Coloniale (reconnaissance) (11 Ca.309 - El Adem)
26ème Escadrille Sahariana de reconnaissance (15 Ca.309 - Koufra)
127ème Escadrille de reconnaissance (6 Ro.37bis - El Adem)
137ème Escadrille de reconnaissance (6 Ro.37bis - El Adem)
Ecole de parachutistes de Barce : 18 SM-75 et 6 SM-81
Aviation de coopération avec la Marine :
143e Escadrille de reconnaissance maritime (6 Cant Z501 – Menelao)
Secteur ouest (Tripolitaine)
15ème Régiment de bombardement terrestre
46ème Groupe de bombardement (16 SM.79, dont 12 en état de vol - Tarhuna)
47ème Groupe de bombardement (14 SM.79 - Tarhuna)
33ème Régiment de bombardement terrestre
35ème Groupe de bombardement (16 SM.79 - Bir El Bhera)
37ème Groupe de bombardement (18 SM.79 - Bir El Bhera)
50ème Régiment d’attaque au sol
12ème Groupe d’attaque au sol (11 Ba.65 - Sorman)
16ème Groupe d’attaque au sol (23 Ca.310bis - Sorman)
2ème Régiment de chasse terrestre
13ème Groupe de chasse (25 CR.42 et 11 CR.32 - Castel Benito)
8ème Groupe de chasse (27 CR.32 Tobrouk) [1]
1er Groupe d’Aviazione di Presidio Coloniale (reconnaissance) (14 Ca.309 - Mellaha)
99ème Escadrille Sahariana de reconnaissance (17 Ca.309 - Hon)
122ème Escadrille de reconnaissance (11 Ro.37bis - Mellaha)
136ème Escadrille de reconnaissance (9 Ro.37bis - Tripoli)
Renforts à la fin du mois de juin et au début du mois de juillet :
9ème Groupe indépendant de chasse (24 CR.42 - Gorizia)
Sicile – 2ème Région aérienne (Palerme)
3ème Division de bombardement Centauro (Palerme)
11ème Régiment de bombardement terrestre (22 avions)
33ème Groupe de bombardement (SM.79 - Comiso)
34ème Groupe de bombardement (SM.79 - Comiso)
41ème Régiment de bombardement terrestre (30 avions)
59ème Groupe de bombardement (SM.79 - Gela)
60ème Groupe de bombardement (SM.79 - Gela)
34ème Régiment de bombardement terrestre (30 avions)
52ème Groupe de bombardement (SM.79 - Catane)
53ème Groupe de bombardement (SM.79 - Catane)
11ème Brigade de bombardement Nibbio (Castelvetrano)
96ème Groupe indépendant de bombardement (en piqué) (SM-85c - Reggio de Calabria), non opérationnel au 10 juin
30ème Régiment de bombardement terrestre (21 avions)
87ème Groupe de bombardement (SM.79 - Sciacca)
90ème Groupe de bombardement (SM.79 - Sciacca)
36ème Régiment de bombardement terrestre (24 avions)
108ème Groupe de bombardement (SM.79 - Castelvetrano)
109ème Groupe de bombardement (SM.79 - Castelvetrano)
1ème Division de chasse Aquila (Palerme)
6ème Groupe indépendant de chasse (MC.200 - Catane) non opérationnel avant fin juillet
1er Régiment de chasse terrestre (33 avions)
17ème Groupe de chasse (CR.42 et probablement quelques CR.32 - Palermo)
157ème Groupe de chasse (CR.42 - Trapani)
30ème Escadrille de reconnaissance (Ro.37bis – Palerme)
Aviation de coopération avec la Marine :
83e Groupe de reconnaissance maritime sur Cant Z501 (30 avions)
170e, 184e et 186e escadrilles à Augusta
189e escadrille à Syracuse
144e escadrille à Trapani-Stagnone
Sardaigne (Cagliari)
Total (avec réserves) : 159 avions de combat en comprenant les Cant Z501, Cant Z506b et Ro.37 de reconnaissance qui pouvaient emporter des bombes.
3ème Groupe indépendant de chasse (28 CR.32 – 2 escadrilles, 153e et 154e, à Monserrato ; la 155e à Alghero)
19ème Groupe indépendant d’attaque au sol (19 Ba.88 - Alghero)
613ème Escadrille de recherches et secours (SM.66 - Cagliari-Elmas)
124ème Escadrille de reconnaissance (6 Ro.37 - Cagliari-Elmas)
10ème Brigade de bombardement Marte (Cagliari-Elmas)
8ème Régiment de bombardement terrestre (33 avions)
27ème Groupe de bombardement (SM.79 - Villacidro)
28ème Groupe de bombardement (SM.79 - Villacidro)
32ème Régiment de bombardement terrestre (22 avions)
88ème Groupe de bombardement (SM.79 - Decimomannu)
89ème Groupe de bombardement (SM.79 - Decimomannu)
31ème Régiment de bombardement maritime (24 hydravions)
93ème Groupe de bombardement (Cant Z.506bis - Cagliari-Elmas)
94ème Groupe de bombardement (Cant Z.506bis - Cagliari-Elmas)
Aviation de coopération avec la Marine :
85e Groupe de reconnaissance maritime sur Cant Z501 (18 avions)
146e, 183e et 188e escadrilles RM à Elmas
5e section RM à Olbia (3 Cant Z501)
199e escadrille RM à Santa Giusta (6 Cant Z506b)
La Regia Aeronautica ne monte que trois raids sur Malte entre le 11 et le 21 juin 40. Le taux de disponibilité de ses avions en Afrique du Nord au 10 juin 1940 ne dépasse pas les 55%. Il est même pire (40-50%) pour les unités utilisant des avions Cant Z.506, car le moteur Piaggio (en réalité une copie sous licence du Gnome et Rhône K-14, qui n’est pas connu pour sa fiabilité) connaît de sérieux problèmes.
En juin 1940, la RA est en pleine crise de rééquipement. La plupart des avions italiens sont dépassés, notamment les chasseurs. Le Macchi MC-200, à peu près au niveau du Curtiss H-75, est interdit de vol suite à deux accidents, survenus en avril, provoqués par un décrochage vicieux sous facteur de charge (problème résolus par la modification du profil de l’extrémité des ailes). Les Fiat CR-32, CR-42 et G-50 sont inférieurs même au MS-406 et, plus important encore, trop lents pour rattraper les bombardiers français modernes. Le Fiat CR-42 (qui possède une bonne manœuvrabilité à basse altitude) est, avec le Fiat G-50, le seul chasseur un peu moderne. Or, au 10 juin 1940, sur les 300 CR-42 livrés à la RA, seuls 202 sont en état de vol [2], dont moins de 140 en unités. Quant au Fiat G-50, au 10 juin 1940, 118 ont été livrés, dont 97 sont en unités et 78 en état de vol. On rappelle que ces chiffres concernent la totalité de la RA (et non seulement les forces basées en Libye).
La production mensuelle maximale est, en 1940, de 15 à 20 avions par mois pour le Fiat G-50, de 22 avions/mois pour le Fiat CR-42 et de 15 avions pour le MC-200 (elle atteindra après beaucoup d’efforts, fin 1941, environ 45 avions/mois pour le CR-42 et 30 avions mois pour le MC-200). Le Macchi MC-200 ne commencera à rééquiper en nombre significatif les unités de chasse italiennes qu’en décembre 1940.
De ce fait, pendant l’été 1940, le chasseur standard de la RA sera le Fiat CR-32, appuyé par quelques dizaines de CR-42 et de G-50. À partir de fin septembre, les CR-42 auront remplacé les CR-32, qui cependant resteront utilisés en attaque au sol.
Les Savoia-Marchetti 79 sont sans doute à l’époque le meilleur matériel italien, mais ces bombardiers trimoteurs, sans escorte convenable, sont une proie facile pour les chasseurs alliés, quand ils ne sont pas détruits au sol. Les équipages sont très vulnérables, même aux armes de petit calibre (7,5 mm ou 0,303 britannique).
La faiblesse des réserves en Italie et le fait que, jusqu’au 10 août au moins, les unités dans le nord de la Péninsule sont utilisées contre les défenses françaises, rend impossible le renforcement des moyens en Sardaigne et Afrique du Nord. De plus, les unités de SM-79 n’ont pas encore été entraînées à l’attaque à la torpille et les premières opérations en juillet montreront que leur entraînement n’est pas adapté à l’attaque de navires. Les premières unités de bombardiers-torpilleurs ne seront pas en état d’opérer avant novembre 1940 si l’on excepte la 278e escadrille, dite des «Quattro gatti (Quatre chats) », créée le 1er septembre.
En Sardaigne, il n’y a aucun stock de bombes de 100 kg et plus.
Et la Luftwaffe ?
Cette situation est d’autant plus désastreuse pour l’Italie qu’elle ne peut pas compter sur des renforts allemands. Après la Bataille de France, la Luftwaffe a besoin de six semaines de répit au moins [3]. Un déploiement en force en Italie sera impossible avant au moins 2 mois après l'arrêt des combats en France. Si on estime que les allemands sont à Marseille au 10 juillet 40 (ce qui est complètement irréaliste), le déploiement ne peut survenir avant le 10 septembre. Compte tenu des pertes supplémentaires d'un mois de campagne, et compte tenu du rythme de livraison des avions, il faut compter un mois de plus avant d'avoir la Luftwaffe en situation réellement opérationnelle sur les bords de la Méditerranée, soit vers le 10 octobre.
Au mieux, avec énormément d’optimisme, peut-elle se envisager de se déployer dans le sud de l’Italie et la Sicile fin septembre/début octobre, en écartant toute opération contre l’Angleterre, ce qui n’était pas du tout dans les intentions allemandes. C’eût été, de toute manière, trop tard pour sauver les forces italiennes en Afrique du Nord et en Sardaigne.
Politiquement de toute façon, un tel basculement de l’axe stratégique allemand est impossible. Il contredit toute la logique interne du mécanisme décisionnel qui constitue une barrière aussi rigide que les contraintes matérielles.
Quand bien même on se placerait dans la situation où la Luftwaffe déploierait environ 1 500 appareils en Italie du sud début octobre, l’absence totale de menace sur les Iles Britanniques permettrait à la RAF de transférer une partie de ses moyens en soutien à l’Armée de l’Air, tout en attaquant les communications logistiques allemandes. On ne peut supposer un basculement majeur de l’axe de poussée allemand sans en même temps supposer qu’il soit détecté par les Alliés (qui “lisent” les codes logistiques allemands) et compensé par un ajustement des forces alliées à l’absence de menace sur le territoire britannique.
Mais en réalité, le basculement de l’axe stratégique allemand vers le sud n’a aucune crédibilité. Le scénario le plus probable est une tentative de Hitler de pousser la Grande-Bretagne hors de la guerre par la menace, le bluff et les bombes [4].
Conclusion
On ne peut échapper à une évidence stratégique : compte tenu du fait qu’historiquement, les forces britanniques ont réussi à stabiliser leurs positions sur le théâtre méditerranéen face aux Italiens et malgré un Vichy hostile, la disparition de la menace potentielle représentée par les forces vichystes et l’addition des moyens de l’Armée de l’Air ne peut que faire basculer la situation en Méditerranée en faveur des forces alliées. Les moyens allemands ne sont pas extensibles à court terme et le rythme de récupération allemand n’est pas supérieur à celui des Alliés, compte tenu de l’engagement industriel historique des États-Unis.
[1] Les CR.42 prévus pour remplacer les CR.32 ne devaient arriver qu’à partir de mi-juillet.
[2] Chiffres fournis par l’Ufficio Storico.
[3] C’est le temps qui lui a été nécessaire après la Bataille de France historique, il est matériellement impossible qu’elle ait besoin de moins de temps après des combats prolongés jusqu’à début août – de plus, rappelons que la Luftwaffe n’a pas récupéré les équipages faits prisonniers par les Français entre septembre 1939 et fin juin 1940 (ici, début août).
[4] Cette tentative a échoué historiquement dans un contexte bien plus difficile pour les Alliés. Elle n’a aucune chance de réussite dans le nouveau contexte.