On me demande de temps à autre, sur un ton plus ou moins amical ou patient, en privé ou ici même, pourquoi je ne bannis pas les gens d'opinion pétainiste ou négationniste.
Outre le souci que j'ai de la charte et de la nécessité de la violer résolument pour être banni (et il est vrai que maints pétainistes ou négationnistes tendent souvent des verges à cet égard... mais hélas leurs contradicteurs aussi, parfois), outre mon hostilité de principe au bannissement définitif et à d'autres pratiques courantes comme le verrouillage des fils qui embêtent les modérateurs (ma mesure répressive préférée étant, de loin, le retrait le plus rapide possible des messages contrevenants), je voudrais ici attirer l'attention sur l'intérêt de voir directement à quoi ressemblent les pétainistes et les négationnistes, comment ils argumentent, se débrouillent quand ils ont affaire à forte partie, etc.
Non seulement ils nous gratifient volontiers d'un festival de non-réponses, d'attaques personnelles gratuites et non provoquées, de jérémiades suivant lesquelles on retire leurs messages parce qu'on a peur de leurs "vérités", etc., mais la façon même dont ils font l'histoire, ou la contrefont, est on ne peut plus instructive.
Pour amorcer ce fil, je prendrai un seul exemple.
Le pétainiste Michel Boisbouvier n'est précisément, pas négationniste et le prouve en affrontant, parfois avec véhémence, les négationnistes qui croisent par ici.
Cependant, son désir absolu d'absoudre Pétain l'amène à communier avec eux dans l'idée que Hitler n'a jamais donné d'ordre d'extermination ! Et à faire de celle-ci une affaire quasiment privée, due à la perversité du caractère de Himmler et de Heydrich.
Pour étayer cette faribole, il emprunte sans vergogne à Faurisson & C° un de leurs trucs préférés : tirer argument d'un propos isolé d'un adversaire de leurs théories.
Et il ne craint pas de me faire le coup à moi-même : je suis censé avoir dit à la télévision il y a une quinzaine d'années (il est incapable d'être précis), à propos de ma bio de Hitler, qu'il n'avait parlé qu'une seule fois de la Shoah, devant Henriette von Schirach. Il lui suffit alors de disséquer à sa façon la scène (rapportée par la seule Henriette) et de prétendre que le propos de Hitler ne prouvait pas une connaissance du massacre ... et il considère avoir apporté la preuve que Hitler ignorait encore ce massacre à la date de l'incident, soit juin 1943 !
Je ne suis pas plus capable de me souvenir de ce que j'ai pu dire à ce journaliste que Michel de le citer précisément. Mais, que je me sois bien ou mal exprimé oralement, je voulais dire (et je dis dans mes livres) que ce cas est le seul
à notre connaissance où Hitler ait parlé du judéocide
devant d'assez nombreux témoins. Michel a ergoté plusieurs fois sur ce thème. Un exemple :
viewtopic.php?f=18&t=945&p=17035Venir sur le forum d'un biographe de Hitler et se conduire ainsi avec lui, en méprisant tous ses écrits et en invoquant un propos improvisé qui, soi-disant, les dément, c'est avant tout la preuve de la très grande difficulté que présente la défense du maréchal !