François Delpla a écrit:
Cette vision fait la part belle à Pétain comme à Franco, tout en n'étant pas très logique. Mais après tout l'histoire a le droit de ne pas l'être. Ce qui est plus gênant, c'est l'absence de documents et de témoignages étayant ladite vision.
On ne possède pas de documents sur la "pensée" de Hitler à ce moment là de la guerre. pareil pour la "pensée" de ses généraux ou des principaux acteurs. Mais effectivement si Hitler est dans la perspective d'attaquer l'URSS, il lui faut d'abord s'assurer de ses "arrières". Et ses arrières, c'est la Méditerranée. N'ayant pas pu atteindre cette mer par la continuation de son offensive en France métropolitaine, bloquée par l'armistice, il lui faut bien aller, par l'Espagne, verrouiller le détroit de Gibraltar. Stratégiquement c'est l'objectif de ses généraux. En s'assurant de la complicité de Franco, il pense qu'il y parviendra. Et c'est l'objet des entretiens d'Hendaye. De plus s'emparer de Gibraltar, c'est une considérable victoire sur l'Angleterre qui pourra être amenée à un traité de paix.
Ce qui compte en l'affaire comme en beaucoup d'autres à cette date, c'est le point de vue de l'Allemagne. Elle est engagée dans une partie délicate avec le maintien de Churchill et de son bellicisme au pouvoir, et la perspective d'une intervention américaine si Roosevelt est réélu le 4 novembre (douze jours après Hendaye).
Non, Roosevelt s'il est réélu, n'engagera pas l'Amérique dans la guerre. Il l'aurait fait lorsque Reynaud a lancé son appel au secours. Non seulement les Américains ne sont pas encore prêts pour celà, mais ils sont trop préoccupés par le Japon dans le Pacifique. Et Hitler le sait.
Hitler n'a aucun intérêt à mettre du grabuge dans l'Atlantique ou en Afrique... puisque précisément il a pris en juillet, dans le droit-fil de Mein Kampf et de toute sa politique, la décision d'assaillir l'URSS en 1941.
Justement et c'est ce qui me permet de dire ce que je dis plus haut; Hitler voulait d'abord assurer ses "arrières" donc s'emparer de la Méditerranée et des côtes méditerranéennes. On verra que le fait d'avoir laissé l'AFN aux Français lui coûtera trés cher aprés 42 !
Et de fait, tous les documents allemands montrent qu'à partir de ce mois de juillet et jusqu'à la date d'Hendaye, des projets d'invasion d'un autre pays que l'URSS peuvent être envisagés, mais ne sont nullement préparés.
Hitler, à Hendaye, n'est donc pas demandeur d'une entrée en guerre de l'Espagne, mais de palabres à ce sujet.
Franco, en revanche...
Non Franco a été impressionné par l'attitude de son ami Philippe Pétain. Il a compris que stratégiquement le vieux Maréchal avait remarquablement joué contre Hitler, en mettant l'AFN, les 3/5 du territoire français et sa flotte à l'abri. Hitler ne pourra pas mettre les pieds en AFN, même en se contentant d'effleurer le Maroc, sans enfreindre l'armistice signé avec la France. Franco sait donc qu'il n'a rien à perdre en refusant une alliance avec Hitler. Il "résiste". Comme Pétain !