ROY a écrit:
François Delpla a écrit:
Je suis en grande partie d'accord mais nous sommes là surtout pour nous intéresser aux points de désaccord.
Le mot "intentionnalisme" est à éviter comme le sont souvent les étiquettes forgées par l'adversaire (c'est le fonctionnaliste Tim Mason qui invente celle-là au début des années 80). J'opposerai pour ma part les fonctionnalistes, qui diluent initiatives et responsabilités, et les historiens soucieux d'observer de près ce qui se passe.
Si vous acceptez de nommer un camp, acceptez de nommer l'autre, en évitant un parti pris si possible. Chez les fonctionnalistes comme chez les intentionnalistes il y a des gens sérieux. Ce n'est pas pour rien que le débat reste en cours.
longue vie au débat ! ma remarque n'est que de vocabulaire.
Un camp en nomme un autre frauduleusement.
D'autre part, cet étiquetage tend à circonscrire le débat de façon binaire : la grande plaie de notre temps, et je n'y prêterai pas la main.
Citation:
Le nazisme est une entreprise reposant sur quelques postulats qu'on retrouve d'un bout à l'autre. C'est aussi une entreprise unipersonnelle, le "combat" d'un homme qui se croit prédestiné et forge des instruments politiques ou militaires sur lesquels son contrôle est, lorsqu'il veut s'en donner la peine, absolu.
Dans bien des cas cela vaut preuve, ou très sérieux indice. Pour le Reichstag par exemple, en l'absence de preuves matérielles (par exemple un ordre écrit : "Hermann, réduis-moi ce temple de la démocratie, architecturalement horrible, en cendres -ton Adolf"), il importe de remarquer
-que le ministre de l'Intérieur et président du Reichstag Hermann Göring pouvait et devait à tout le moins assurer depuis un mois la sécurité des palais nationaux du centre de la capitale;
-que si malgré tout l'un d'eux lui pétait à la figure, il allait passer les heures suivantes à essayer de comprendre ce qui se passait plutôt que de se précipiter sur les lieux en risquant de sauter sur une bombe ou de fournir une cible à des snipers. Même remarque pour la kyrielle de ministres accourue sur les lieux. L'épicentre d'un soulèvement communiste devenu le dernier salon où l'on cause...
ROY a écrit:
On vous objectera que ce ne seront que des preuves indirectes.
je n'en disconviendrai pas.
Citation:
Je ne vois vraiment pas le rapport avec Simpson, qui était censé, lui, aimer sa compagne ou du moins son architecture, et ne pas s'être mis avec elle pour la détruire !
ROY a écrit:
Hitler pareil avec l'Allemagne.
Depuis 1919 au moins et jusqu'en 1945 inclus, Hitler aimait passionnément l'Allemagne, qu'on lui laisse cela : voilà ce que je clame depuis 25 ans en bravant les foudres de ceux qui le disent nihiliste, égoïste, arriviste etc.
A ne pas confondre avec Simpson qui aimait peut-être sa compagne au début, puis ne l'a plus supportée.
Citation:
Je rappellerai aussi au passage la grande différence entre la preuve judiciaire et la preuve historique.
[/quote]
ROY a écrit:
Dans les deux cas, vous avez besoin de preuves. L'intime conviction c'est bien, les preuves c'est mieux.
l'intime conviction a cours uniquement dans les prétoires (pour le meilleur et pour le pire) et nullement dans les laboratoires.
La culpabilité des nazis dans l'incendie du Reichstag est en tout cas infiniment plus probable que leur innocence. Et il nous faut, sur le plan méthodologique, récuser le raisonnement de Mommsen et de ses innombrables dupes, qui revient à confondre l'habileté avec laquelle les nazis ont présenté leur "coupable unique", sans rien qui dépasse, avec un brevet d'honorabilité (du moins en l'affaire). En d'autres termes, ils confondent l'absence de preuve et la preuve de l'absence.
Je me refuse à croire que ce pourrait être aussi votre cas.