Un autre document non daté, mais qui fait référence à une réunion de octobre 1938, paticulièrement intéressant et en rapport avec le document N°09 (consacré à la position italienne sur la conduite de la guerre). Ce document précise que c'est bien la France que vise Hitler par son expansion vers l'Ouest (Il n' a en rien renoncé à l'Alsace-Lorraine). Ce document montre que Hitler devait prendre en compte plusieurs facteurs pour la conduite de la guerre, (l'état opérationnel des armées des différents pays, de ses alliés mais aussi de la situation politique intérieure en Allemagne). La question est partagée, discutée au sein du Commandement Allemand mais en fin de compte, Hitler reste le chef qui a le dernier mot. Ce texte est met en valeur en particulier les relations et les rivalités entre les grands dirigeants nazis. En apparence il fait apparaître en 1938 une divergence d'opinion entre Goering et Hitler sur la manière de conduire la guerre. Herman Goering se montrant plus prudent que son chef. Une chose que l'on retrouvera également en 1941 au moment de savoir s'il fallait attaquer l'URSS sans avoir vaincu l'Angleterre. En apparence seulement. La connaissance de la suite du développement de la guerre en Europe, et son issue, occulte l'image de modération que s'est construit Goering (en collaboration avec Hitler?) en utilisant Himmler et Ribbentrop comme repoussoir. Ceci permettra à Goering de s'avancer comme élément modéré avec lequel il est possible et il y a intérêt de s'entendre. Et c'est ce que nous verrons plus tard au moment de l'affaire polonaise et l'invasion de la France par l'intermédiaire de Dalherus. Elément modérateur ou manoeuvre? Je pense personnellement que l'attitude de Goering entre parfaitement dans les plans de Hitler. Les faits nous montre que Goering n'a jamais failli dans les moments cruciaux (Haltbefhel, par exemple). En 1938 il s'agissait de faire passer Goering pour un homme qui a une influence modératrice sur Hitler et sur lequel les militaires peuvent compter. J'y vois également une autre raison, qui m'a été suggérée par le livre que le fils de Ribbentrop a consacré à son père. Il estime qu'une des clés qui a permis à Hitler de tromper les pays occidentaux et d'Europe Centrale, c'est que dès 1933 beaucoup de monde était persuadé que Hitler finirait par être renversé par un putsch. Une des raisons qui a conforté les Polonais dans leur intransigeance, pensant que si Hitler les attaquait, il serait aussitôt renversé. Hitler avait donc intérêt à faire croire aux dissenssions au sein de son mouvement. N'y a t'il pas eu manipulation pour faire croire que Hitler serait tôt ou tard renversé et endormir les Alliés et les conduire à ne pas agir? Enfin j'y vois une raison interne. Ce document s'il porte des jugements qui se sont avérés faux par la suite (l'effacement progressif annoncé de Goering), il est par contre visionnaire sur un point: Si une opposition à Hitler se développe en Allemagne, y compris au sein de l'Armée, Hitler n'a rien à craindre. Les militaires même en désaccord n'iront pas plus loin qu'une désaprobation silencieuse. De ce point de vue là, Goering est également un élément rassurant pour les militaires, préfèrable à Himmler et la S.S. Je dirais donc que Goering a été un élément modérateur de l'opposition à Hitler et non pas un élément modérateur de Hitler.
DOCUMENT N°10 Extrait de "Agressiya" de L. Sotskov Л. Соцков. «Агрессия. Рассекреченные документы Службы внешней разведки Российской Федерации 1939–1941» Brouillon d'une Note du Commissariat du Peuple de l'URSS pour l'URSS Très secret S.S. Commissariat au Peuple Au Camarade Voroshilov La 5eme Section du GUGB NKVD SSSR a reçu les informations suivantes en provenance de Rome obtenues d'une source sûre. En octobre 1938 les représentants de la Reichwehr ainsi que Goering, Goebbels, Hess, Ribbentrop et Himmler étaient présents à une réunion convoquée par Hitler. Au cours de cette réunion Hitler a devant tout le monde écrasé Goering et les représentants de la Reichwehr qui au moment de la crise tchèque, l'ont appelé à la modération Il a déclaré que les seuls qui avaient eu raison, c'étaient Ribbentrop, Goebbels et Himmler. Si lui, Hitler avait entièrement accepté leurs propositions, il n'aurait pas dû renoncer à des parties de la Tchécoslovaquie, laisser la région des Pré-Carpathes russes. Maintenant il va falloir perdre du temps et des forces pour la préparation de la prochaine progression. L'Allemagne, selon les mots de Hitler, avait la possibilité de recevoir encore d'avantage de la Tchécoslovaquie et obtenir une position encore plus favorable si elle n'avat été gênée par une modération excessive de Hitler et de la Reichwehr. Ces derniers temps la position de Goering a sensiblement changé. Formellement il est toujours le deuxième personnage en Allemagne. Mais de plus en plus il passe au second plan. Goering a toujours entre les mains le pouvoir de l'Economie. Il emploie encore son influence dans certains cercles de la Reichwehr. Mais il est presque entièrement à l'écart du commandement du Parti et de ses affaires internes. Goebbels et Himmler mênent un combat systématique contre Goering. L'humeur de la Reichwher change, causée par la situation internationale et les changements à sa tête. Actuellement rien ne permet d'affimer que les cercles militaires soient opposés à une intervention à l'Est contre l'URSS. Ils considèrent qu'il est réellement impossible d'arrêter les ardeurs agressives de Hitler et des personnages de son entourage direct. Entre deux maux la Reichwehr préfère choisir le moindre. Selon le Commandement de la Reichwehr il est beaucoup moins dangereux de s'occuper actuellement de l'aventure ukrainienne plutôt que d'attaquer la France et attirer l'intervention de l'Angleterre et, par conséquence, une guerre européenne. La situation intérieure de l'Allemagne est particulièrement tendue, en cas de guerre les réserves seraient insuffisantes. La recherche par Hitler du bluff et de l'ultramotorisation de l'Armée se réflète dans sa capacité de combat. Une opposition grandit largement dans le milieu cles d'officiers. Cependant cette opposition ne présente aucun danger vis-à-vis du pouvoir. La propagande systématique sur les faiblesses de l'Armée Rouge fait son chemin. C'est pourquoi la Reichwehr s'accorde sur une aventure ukrainienne tout en comptant sur une attaque simultanée du Japon. On voit des représentant de ce dernier pays dans toute l'Allemagne, il y a en particulier beaucoup de Japonais dans les usines militaires et les unités militaires. Il y avait même des Officiers japonais dans les unités qui occupent les zones de la région des Sudètes.
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