Je démarre ce fil sur une incitation de Michel Boisbouvier qui vient de poster ceci
Citation:
(...) les Américains avaient gagné deux guerres mondiales sans s'agrandir, qu'ils avaient poussé -et même obligé- les nations européennes à décoloniser, qu'ils avaient abandonné avant toute revendication la tutelle qu'ils détenaient sur certaines colonies ex-espagnoles comme les Philippines ou Porto Rico, qu'ils avaient fourni à l'Europe exsangue l'aide Marshall pour l'aider à concurrencer leur propre économie soit disant monopoliste et impérialiste, qu'ils avaient traité si généreusement leurs anciens adversaires allemands et japonais qu'ils s'en étaient fait des alliés permanents, qu'ils avaient conduit la guerre froide avec une modération et un doigté si constants qu'ils avaient évité une troisième conflagration mondiale, qu'ils avaient renoncé entre 1945 et 1949 à profiter de leur monopole nucléaire pour mettre à genoux Staline, qu'ils avaient su éviter la troisième guerre mondiale par trois fois au moins dans ces circonstances où l'URSS avait pratiqué la politique du bord du gouffre (Berlin, Corée,Cuba), que Truman avait limogé Mac Arthur devenu trop entreprenant à tel point que ce même Truman encourut une impopularité
qui ne trouva son équivalent qu'avec Bush aujourd'hui...
Alors, oui, qu'entends-tu par "impérialisme américain" (...) ?
Les coupures représentent des scories polémiques qu'on peut retrouver ici :
http://www.delpla.org/forum/viewtopic.p ... 56c0e31202En l'occurrence, il s'agissait du régime khmer rouge (1975-1979 et plus dans quelques zones sous haute protection américaine), très meurtrier et bas de plafond. Dans sa furie antidémocratique, l'internaute prétendait que ce régime était le produit de la démocratie, voire, sans outrepasser de beaucoup ce qu'il appelle sa "pensée", en était le fleuron. Je m'étais contenté de lui faire remarquer que les Américains (avant de le soutenir à bout de bras après qu'il eut été chassé de Phnom Penh comme je le rappelle ci-dessus) portaient une lourde responsabilité dans son installation, par le coup d'Etat de 1970 qui avait porté au pouvoir leur peu décorative marionnette Lon Nol, aux dépens du très pragmatique prince Sihanouk.
J'oubliais d'expliquer une incohérence. Si d'après la formule lapidaire de Michel toute démocratie est un "poison violent", il n'en pare pas moins le régime américain de toutes les vertus, se montrant même à l'occasion plus bushiste que Bush (junior), ce qui après tout, en ces jours où le monde entier tire la chasse d'eau sur ce personnage, ne manque pas d'une certaine allure.
J'avais exposé mon objection dans les termes suivants :
Citation:
toi incapable réaliser que le martyre du Kampuchea "démocratique" doit quelque chose et à la folie khmère rouge et à l'impérialisme américain flanqué de ses marionnettes cambodgiennes.
(pardon pour le style "petit nègre", moi m'étant laissé aller à imiter sur une demi-ligne les façons de mon contradicteur)
Pour lancer la discussion (dont je souhaite qu'elle ne se borne pas à un dialogue), je dirai que la façon dont Michel y répond par la négative procède tout entière d'une définition trop régionale et trop datée de l'impérialisme. Il ne s'agirait que de conquêtes, en particulier coloniales. Or les Etats-Unis, s'ils ne se sont abstenus ni d'agrandissements territoriaux par la force, ni de prédations coloniales, s'en sont gardés au XXème siècle... quand précisément l'histoire leur a offert de meilleures opportunités -outre celle de faire la leçon à l'Europe en renonçant à la colonisation à partir de 1946... si ce n'est tout de même à celle de Porto-Rico, ah ma bonne dame, les principes sont une chose, la cruelle nécessité d'offrir aux gens des cadeaux non souhaités une autre !
Après la fin de la Seconde Guerre mondiale donc, on a un impérialisme juridiquement propre sur lui, du moins au regard des frontières : il respecte celles des Etats indépendants et se contente d'y fomenter plusieurs fois par décennie des régimes à sa dévotion, au besoin par l'intervention massive de ses forces armées qu'il croit irrésistibles. Et bien entendu, dans ces cas, il bafoue une autre légalité, ce droit international dont Wilson et Roosevelt ont tant contribué à jeter les bases, de Versailles à Nuremberg, et que tous leurs successeurs ou presque ont traité comme le produit d'un dangereux idéalisme.
Je n'évoquerai pour l'instant qu'en passant les moyens de pression financiers, économiques et idéologiques.
A vous !