boisbouvier a écrit:
Citation:
alors que l'exécutif empêche de siéger les passagers du Massilia dont bon nombre étaient d'influents orateurs parlementaires. C'est présupposer que les débats ne pouvaient rien changer au vote : c'est la négation même de la notion de parlement !
J'ignorais cet empêchement de l'exécutif, donc de Pétain, Président du Conseil en titre.
Où se trouvaient ces passagers du Massilia, comme Mandel ou Mendès, le 10 juillet ?
Déjà rentrés de Casablanca ?
Où, ces députés communistes invalidés sous Daladier ?
Au fait, considères-tu Daladier comme un dictateur à raison de cette invalidation ?
Curieuses ignorances.
Les passagers du
Massilia sont en Afrique du Nord en attente d'un moyen de transport. On leur dit qu'il n'y en a pas... or les parlementaires d'Algérie vont voter sans problème : la forfaiture est caractérisée, l'invalidation du vote acquise... si on n'était pas déjà en dictature. Mais il ne faut jamais, à Vichy, oublier l'acteur allemand. Non seulement il favorise, sachant que c'est pour son bien, la venue des parlementaires de zone nord, mais Laval se réclame de lui pour dire que si on ne lui vote pas son texte il ne répond pas du maintien des Panzerdivisionen de l'autre côté de la ligne de démarcation toute proche. Voilà qui fait encore plus ressembler la séance à celle du Reichstag à l'opéra Kroll en mars 33 dans un environnement d'uniformes bruns. Sabordez-vous sinon on vous aidera. Vous hurlez au manque de démocratie ? Idiots, dans 76 ans l'historien Boisbouvier dira que la séance était légale
! et si vous insistez il vous démontrera que le généreux Hitler vous a servi l'antidote d'un poison violent.
Cerise sur le gâteau : Laval ment, devant la protestation d'Herriot sur l'absence de ses collègues, en brandissant les conditions d'armistice qui soumettent les voyages à autorisation et prétend que les occupants ont refusé celle-là. Roman pur et simple, mais efficace. Il empêche Herriot de dire : c'est vous qui les retenez ? à votre aise ! La séance doit donc, pour ne pas bafouer gravement toutes les règles, commencer par un débat de levée d'immunité parlementaire où vous allez vous faire un plaisir de nous dire ce que vous leur reprochez exactement.
L'invalidation des députés communistes par Daladier n'est absolument pas comparable. La démocratie et le droit sont alors pervertis par la guerre, ce qui, je l'ai déjà dit, est une constante sous tous les cieux. Elle instaure le droit du plus fort, en interdisant un débat qui personnellement m'aurait intéressé. Daladier : "Vous êtes une bande de traîtres, soutenant un pays allié de l'Allemagne avec laquelle nous sommes en guerre". Gabriel Péri : "Ne faites pas exprès de confondre alliance et pacte de non-agression ! C'est vous qui avez mené les négociations de Moscou dans l'impasse avec l'intention évidente de permettre à Hitler de foncer vers Leningrad après une étape à Varsovie. Dans ces conditions la patrie des travailleurs avait le devoir impérieux de se protéger. Vous avez saboté une belle unité française contre Hitler, n'excluant qu'une frange d'extrême droite et encore pas toute, et cette guerre à laquelle vous nous prétendez traîtres vous ne la faites même pas !"
Ce n'est pas un dictateur, cela, mais un politicien près de sa chute, englué dans ses contradictions et satisfaisant au jour le jour des groupes de députés qui le soutiennent comme la corde soutient le pendu.