Citation:
Parle-nous plutôt de Berlin et de 1933 : répondrais-tu enfin à l'objection que Hitler, à la veille de sa nomination, s'engage le plus solennellement du monde à gouverner sans dissolution, donc à trouver une majorité dans le Reichstag élu en novembre, qu'il déchire cet engagement dès son premier jour de pouvoir et qu'hélas les observateurs allemands et étrangers ne songent pas à s'alarmer de cette transgression qui préfigure toutes les autres ?
J'ignorais que Hitler, appelé le 30 janvier 33 par Hindenburg à former et à diriger le gouvernement, avait dissous le Reichstag, le 31 du même mois.
Mais en admettant même que ce soit vrai, comment se fait-il que Hindenburg l'ait toléré, lui qui disposait d'un pouvoir discrétionnaire aux termes de l'article 48 de la Constitution de Weimar, et même en dehors de lui, à cette date ?
S'il ne l'a pas fait n'est-ce pas la preuve que cette démocratie péchait non seulement par le fait démagogique mais aussi par le fait de sa sensiblerie dont j'ai souvent parlé à propos en particulier de l'affaire du général Gröner qui dut démissionner (au moment où il désarmait les ligues) pour avoir eu un enfant hors mariage.
La "sensiblerie" de la démocratie est l'autre face de la démagogie et elle en fait en quelque sorte partie.
On en revient toujours à cette question : n'est-il pas aventureux de donner des droits politiques à de braves gens qui n'ont pas une formation politique suffisante pour les utiliser avec bon sens mais qui sont néanmoins susceptibles d'être emportés par tous les artifices de discours démagogiques ?
Benjamin Constant et Mme de Staël qui avaient vécu les désordres révolutionnaires le comprirent très bien. Ils avaient vu les sans culottes pénétrer impunément avec leurs piques dans les maisons bourgeoises pour obtenir du vin. "Criez Vive la Nation, citoyen !"
Mes chers E-U ?
Oui, tu peux dire ça car, chez eux la démocratie est sui generis, motu proprio, d'origine, et "genuine".
Elle est consubstantielle à leur histoire et, même, à la formation morale particulière que donne le protestantisme pur et dur des puritains de nouvelle Angleterre, les fameux Pilgrim Fathers.
Les américains sont démocrates parce qu'ils sont nés tels et qu'ils n'ont cessé de vivre cette "égalité des conditions" tout au long de leur déjà longue histoire. Mieux : elle s'est renforcée par la conquête de l'ouest. Les pionniers devaient tout inventer en arrivant. Y compris l'Etat.
Nous l'Etat, nous a été donné par nos rois comme sur un plateau d'argent.
N'est-ce pas ce que la République enseignait à ses élèves malgré qu'elle en eût ?