... et oublions-le d'autant moins que son démarrage, sous la présente forme, a fait suite à plusieurs semaines de mini-cabale sur un certain nombre de forums francophones où, sous l'influence originelle d'un poignée de débateurs grincheux d'être à bout d'arguments, on avait reproché à l'auteur de trop renvoyer à son propre site. Ici personne n'a plus le moindre prétexte pour grincher : on discute des articles de ce site, ou on va surfer sous d'autres cieux. Ah mais !
Je suggère donc, en pareil cas, d'utiliser le moteur de recherche et de taper "fonctionnalisme" dans la fenêtre appropriée. La moisson est ample :
La recherche sur ** fonctionnalisme **donne les résultats suivants:
SAMEDI 23 AVRIL 2005
L’intentionnalisme, le fonctionnalisme... et la constitution européenne
MERCREDI 18 MAI 2005
"La destruction des Juifs d’Europe" de Raul Hilberg Un bel exemple des ravages du fonctionnalisme
LUNDI 31 OCTOBRE 2005
Lettres d’information (2ème série)
JEUDI 18 JANVIER 2001
Abetz Otto Abetz et les Français, de Barbara Lambauer (Fayard, 2001)
DIMANCHE 17 DÉCEMBRE 2000
Editorial
DIMANCHE 12 MARS 2006
Hitler Article principal d’un dossier dirigé par l’auteur (Histoire de guerre n° 13, mars 2001)
MERCREDI 5 JANVIER 2005
Du nouveau sur la Solution finale ? à propos du dernier livre de Florent Brayard
MARDI 15 FÉVRIER 2005
Le procès de Nuremberg et Hitler à propos du livre "Les entretiens de Nuremberg" de Leon Goldensohn (Flammarion, 2005)
DIMANCHE 25 JUIN 2006
Le protocole de Wannsee à propos d’un livre de Mark Roseman
Je ne vous fais pas les liens, vous connaissez le chemin à partir de
http://www.delpla.org !
D'ailleurs nous sommes ici plus précisément sur le forum du dossier "Hitler" et il contient justement un résumé du débat sur le fonctionnalisme, dans le sous-chapitre 5 intitulé "le chancelier". En voici le début :
*** Ces observations permettent aujourd’hui de trancher le débat surgi en RFA dans les années 60, entre des historiens « fonctionnalistes » pour qui les nazis, certes très méchants, étaient aussi très bêtes et n’avaient rien maîtrisé, et un courant « intentionnaliste », qui veut qu’ils aient appliqué un « programme » mais s’en soient souvent écartés sous la pression des circonstances.
Aujourd’hui est à l’ordre du jour une synthèse. C’est d’une telle ambition que se réclame le plus en vue des récents biographes, Ian Kershaw. Programme salutaire, du point de vue qui nous intéresse ici, celui de la connaissance. Cependant, il faut s’entendre sur son contenu. Si en politique ou en diplomatie le compromis consiste à donner un peu raison à tout le monde, en science une telle méthode est à déconseiller. Hitler ne peut pas être à la fois le maître de la manoeuvre et le jouet des forces contradictoires de la société allemande -or Kershaw, souvent, affirme l’un puis l’autre.
La dictature nazie se réclame d’un slogan simple, d’application compliquée : « Ein Volk, ein Reich, ein Führer ». Le peuple et l’empire n’ont pas eu le temps de prendre tournure, faute d’une stabilisation des frontières permettant de nettes exclusions et des mesures générales d’eugénisme pour favoriser un certain type physique. En revanche, rien ne s’opposait à ce qu’il n’y eût qu’un Führer, et un seul, mais cette idée a toujours eu du mal à faire son chemin, tant chez les adversaires du nazisme (en particulier s’ils sont historiens) que chez ses adhérents ou sympathisants.
Les adversaires répugnent à penser qu’un individu médiocre ait pu tenir tous les leviers de pouvoir d’un grand pays. Ils exagèrent son inculture et sa paresse. Quant aux partisans et aux indulgents, comme toujours lorsqu’on refuse de voir en face les tares d’une tyrannie, ils surestiment le rôle des subalternes et l’autonomie de certains rouages, comme la SS. Les deux tendances, finalement, se rejoignent sur bien des points. Quand le régime connaît des réussites qui, fût-ce pour servir des buts regrettables, requièrent un grand talent, ce serait le fait de professionnels instruits : l’ingénieur Todt, l’architecte Speer, le journaliste Goebbels, la cinéaste Leni Riefenstahl, les officiers de carrière Guderian, Rommel, Manstein, Jodl, Dönitz, voire Göring. A côté de cette pléiade de talents, la cohorte des incapables qui font tout rater : Hess, Himmler, Bormann, Keitel... et là aussi Göring, censé avoir mal évolué. Pour les sympathisants, il y a les bons et les mauvais conseillers. Pour la plupart des adversaires, un enchevêtrement de compétences où plus personne ne se retrouve, obligeant à des choix faits dans l’urgence.
Cette dernière théorie connut un âge d’or, dans les années 70-80. Martin Broszat et Hans Mommsen, régnant sur l’université de RFA et impressionnant les chercheurs étrangers, mettaient au point la vulgate fonctionnaliste, le premier avec une modération de langage qu’ignorait le second, pour qui Hitler était, il fallait y penser, un « dictateur faible ». Tous deux parlaient à tout propos d’un « processus cumulatif », en vertu duquel les guerres ou les génocides s’expliquaient par une accumulation de contradictions, qui aurait appelé une solution radicale. Cela choquait, à bon droit, ceux qui voyaient dans le génocide des Juifs quelque chose de plus calculé. Il formèrent l’essentiel des rangs, clairsemés et dispersés, des auteurs « intentionnalistes ». D’autres étudiaient l’idéologie du régime, notamment à partir de
Mein Kampf, et en venaient à estimer qu’elle s’appliquait trop exactement, dans trop de domaines, pour que cela pût résulter entièrement d’une coïncidence avec quelque processus que ce fût.
Ils ont fini par être entendus. Le fonctionnalisme pur est aujourd’hui discrédité, et le « dictateur faible » a repris des couleurs. Il s’agit souvent, cependant, d’un ravalement de façade. Ainsi Kershaw, qui attribue à l’idéologie un grand rôle, essaie de la marier avec les nécessités fonctionnelles. Hitler, incapable d’ouvrir un dossier et de s’atteler à un travail suivi, aurait été un adepte du « darwinisme politique », une méthode de gouvernement consistant à charger plusieurs lieutenants du même dossier pour les faire s’étriper et donner raison au vainqueur. Cette analyse tire un parti démesuré d’une expression qui n’est même pas de Hitler et que cet auteur trouve une seule fois dans la bouche d’un nazi, au tout début du régime : « travailler en direction du Führer » [6]. Les bureaucrates livrés à eux-mêmes auraient ainsi tout de même disposé d’une boussole. Connaissant les opinions générales de Hitler, ils auraient eu à coeur de les faire entrer le mieux possible dans la réalité, faute d’obtenir son approbation explicite, tant il trônait à des hauteurs inaccessibles. Quant à lui, il aurait, par goût de la dictature, supprimé toute forme de « gouvernement collégial » mais aussi, par méfiance, refusé de déléguer, se réservant le droit d’intervenir en tout. ***
la suite ici
http://www.delpla.org/article.php3?id_article=55