Un débat effectivement intéressant : le degré de sincérité des proclamations de Hitler sur la classe ouvrière, contre son exploitation, etc., et sa politique sociale réelle.
Je ne crois pas que l'occupation de la France y change grand-chose car elle survient tard et dans un contexte où les besoins de la guerre accaparent les ressources nouvelles offertes par le pillage de la grande puissance voisine.
Il est vrai néanmoins que Hitler y va doucement avec ses ouvriers, et jusqu'au bout.
Je relierai cela à... sa folie ! Qui sait, cela m'aidera enfin peut-être à trouver un peu d'indulgence auprès des observateurs dont le marxisme colore la vision ! Eh oui, ce chef d'un pays hautement capitaliste où Krupp se porte comme un charme est fou, de ménager sa classe ouvrière ! Il n'a vraiment pas compris comment on gouverne dans les paradis libéraux, surtout après avoir fait l'essentiel en supprimant la grève et le syndicat : quel âne !
Revenons donc à cette folie, éclose dans le naufrage de novembre 1918. Le caporal qu'elle rend frappadingue au fond de sa clinique psychiatrique de Pasewalk se persuade que ce sont les grèves (fort limitées avant ce mois) qui ont provoqué la défaite, et non l'inverse. Mais comme, au sens courant de l'expression, il n'est pas fou, ou disons, pour être plus clair, pas bête, il sait bien qu'il y avait une forte raison pour les ouvriers de se révolter (même s'ils ne l'ont fait que bien tard), à savoir les pénuries et la quasi-famine dans les grandes villes allemandes, depuis 1916.
L'idée centrale de Mein Kampf "Il n'y aura plus jamais de novembre 1918" est une accusation contre la bourgeoisie, en ce sens que depuis la révolution industrielle elle a laissé la classe ouvrière en état de désespoir national : il s'agit de la "renationaliser", d'où l'expression "national-socialisme". Pour cela, on va lui remplir l'âme plus que le ventre -mais celui-ci, un minimum. Autre versant, non moins essentiel : on va la rendre exploiteuse ! Voilà pourquoi, notamment, dans la débâcle finale, le ravitaillement n'arrive presque plus dans les camps mais encore assez bien dans les villes. Les Juifs nous affament ? Eh bien nous affamons les leurs, ceux que nous avons pu enfermer, qu'ils soient juifs biologiquement ou, par leur résistance à l'édification du grand Reich, moralement ! Et nous nous arrangeons pour que le prolo en proie aux pénuries sache qu'il a meilleure ration que le déporté, aux dépens de celui-ci, cela lui rappellera que sa race est supérieure, et qu'une supériorité raciale cela se démontre et s'entretient par la cruauté envers les inférieurs.
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