boisbouvier a écrit:
Non.
La mission confiée par le maréchal à Rougier en cachette de Laval en septembre infirme ton interprétation. Il dit à Rougier de dire à Churchill qu'il ne lui en veut pas de Mers-el-kébir.
C'est exactement ce que je conteste, et que tu serais bien en peine de documenter autrement que par les déclarations non recoupées de Rougier.
Mieux : en les recoupant par elles-mêmes, on voit bien que ce que tu écris est faux. Rougier, dans son récit chronologique, n'écrit nullement qu'en septembre Pétain lui donne une mission diplomatique s'apparentant à l'ouverture d'une négociation, mais que lui-même va, de sa propre initiative, consulter des amis anglais sur un objet limité : la possibilité d'un allègement du blocus. Tout ce que Pétain lui donne alors, c'est une lettre de recommandation demandant aux postes diplomatiques français de favoriser ses déplacements.
Et pour cause : il y a au même moment, au sujet de l'empire colonial français, des négociations vichysso-britanniques à Madrid entre les ambassadeurs (La Baume et Hoare), qui achoppent sur le fait que les Anglais mettent comme condition la reconnaissance de la mainmise gaulliste sur l'AEF et que Pétain ne veut pas en entendre parler.
Il finira par céder là-dessus peu ou prou en novembre, en conséquence du tournant du 9, de son échec de Montoire, de la provocation allemande en Moselle et de la mauvaise volonté de Weygand (comme de Noguès) envers toute tentative de récupération de l'AEF par la force.