Cette autopsie, réclamée par mon éditorial mis en ligne trois jours avant le second tour
http://www.delpla.org/article.php3?id_article=537 , est entamée tambour battant par Edouard Husson sur son blog
http://www.edouardhusson.com/La-Roche-T ... _a248.htmlCitation:
"La Roche Tarpéienne est près du Capitole..."
Le succès politique comporte une part d' aléatoire. Il est rarement dû au seul mérite du vainqueur, celui-ci peut avoir gagné pour des raisons tout différentes de celles qu'il avait imaginées. Prenons la victoire de Nicolas Sarkozy en 2007. Le paradoxe du vote qui porte le candidat à la présidence de la république au second tour tient à ce que le candidat a été élu par les catégories les plus âgées de la population. Il s'agissait en fait d'un vote conservateur pour une campagne de rupture. Le vainqueur avait seulement entamé la conquête de l'électorat populaire et il avait du mal à se faire entendre dans les catégories les plus jeunes. Face à de telles réalités, les conseillers du nouveau président auraient dû l'aider à élaborer, d'une part, le style présidentiel qui correspondait à la partie la plus âgée de son électorat, tout en imaginant les moyens d'élargir son assise électorale dans les catégories socio-politiques encore incomplètement convaincues, parce que les plus fragiles socialement ou les plus angoissées face à l'avenir. Cinq ans plus tard, en 2012, on voit bien quel effort le candidat Sarkozy a dû faire pour rétablir sa réputation dans l'électorat conservateur qui l'avait porté au pouvoir ; et il a finalement perdu, parce que l'électorat populaire et l'électorat jeune lui ont fait encore plus défaut qu' en 2007.
S'il veut éviter la mésaventure de son prédécesseur, François Hollande devra se demander où sont les fragilités de sa victoire. A première vue, trois vulnérabilités apparaissent :
-D'abord sa victoire est beaucoup plus courte que ce qu'annonçaient les sondages. 1 million de voix seulement sépare les protagonistes du second tour.
-Ensuite, c'est d'abord la France de l'Ouest, moins touchée par la mondialisation, qui porte François Hollande au pouvoir. La France située à l'est d'une ligne Le Havre-Marseille, celle qui souffre le plus de la crise économique, qui vote le plus Front National, est aussi celle qui s'est aujourd'hui le plus abstenu, qui a refusé de redonner ses suffrages à Nicolas Sarkozy mais aussi, partiellement, d'adhérer à François Hollande.
-Enfin, 2 millions de votes blancs ou nuls, c'est-à-dire deux fois plus que l'écart de voix entre les deux candidats, signifie non seulement le rejet de Nicolas Sarkozy mais aussi le manque d'adhésion à la personne de François Hollande.
Il nous faudra creuser ces analyses afin de mieux discerner les forces et les faiblesses du résultat électoral du nouvel élu. La non prise en compte des faiblesses est l'erreur la plus couramment commise par les candidats vainqueurs. Elle permet souvent de comprendre pourquoi une aventure politique bien entamée patine ou tourne mal. Les raisons d'un échec à venir sont intimement liées à la victoire présente ou passée. Les Romains le disaient autrement : la Roche Tarpéienne est proche du Capitole.
Dimanche 6 Mai 2012