Cela commence bien !
Sarkozy, qui avait annoncé une retraite au sens religieux du terme pour "habiter la fonction" se conduit comme un gagnant de jeu d'argent qui claque en quelques heures un maximum de son gain (palace sur les Champs, avion privé, yacht de location des plus luxueux), ce grand gaulliste-résistant-antinazi sèche la cérémonie du 8 mai soi-disant pour laisser Chirac présider jusqu'au bout et cet adversaire de toute "repentance"va refaire surface pour co-présider avec Chirac la journée célébrant l'abolition de l'esclavage.
En face ce n'est guère mieux : simulacre d'insurrection de quelques jeunes peu commenté par les leaders de gauche, intarissables au contraire (ainsi que ceux de l'UDF) sur le train de vie de Sarkozy.
Alors qu'il y a une nouvelle échéance électorale toute proche. Or si on admet, et j'y suis personnellement disposé, que le comportement du futur président illustre bien son cynisme et le caractère fallacieux de sa promesse d'améliorer le sort des humbles, il n'y a rien d'autre à faire qu'une condamnation sobre et tranchante de ceux qui manifestent contre le verdict des urnes, assortie d'une lutte verbale de tous les instants pour faire vivre, enfin, le "tout sauf Sarkozy" en lui imposant des députés qui vont l'encadrer comme il le mérite.
Oui, il y a péril.
Oui, le temps manque pour redresser en fonction des leçons des présidentielles le fonctionnement et la ligne politique du PS, de l'UDF, du PCF et des Verts.
Conclusion : ou l'antisarkozysme de ces partis est de façade, ou ils se concertent pour essayer de présenter, dans chaque circonscription où l'UMP risque de l'emporter, un candidat commun.
Beaucoup d'électeurs ont voté Sarkozy parce qu'il les inquiétait mais que les inquiétait plus encore un siège vide à l'Elysée. Ils n'ont cru ni Bayrou ni Ségo capable de l'occuper, en raison soit de faiblesses personnelles, soit d'un entourage politique peu sûr. Effets d'un "star system" déplorable mais on ne peut, pour l'instant, que l'assumer. Maintenant qu'ils ont satisfaction, ces électeurs sarkozens "de raison" peuvent s'ouvrir à une réflexion sur le rééquilibrage des pouvoirs -réflexion qui ne jurerait guère avec la tradition anti-plébiscitaire de la gauche française.
La démocratie est une conquête humaine récente et fragile, sa négation est partout, y compris dans les têtes des électeurs. Le "je vote Sarko parce qu'il va être élu" était une aberration très répandue. A présent elle est remplacée par "la démocratie veut qu'on lui donne sa chance et pour commencer une majorité législative" : une idée non moins pernicieuse, non moins sotte, non moins digne d'être confrontée aux actes et aux propos, jour après jour, de ce triste sire.
Aux urnes, citoyens !
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