Quoique né deux ans plus tard, j'étais contre la peine de mort... au procès de Nuremberg ! Je suis donc en désaccord sur ce point avec le Général. Mais si je réfléchis en historien sur la logique de sa décision concernant la grâce de B-T, je rejoins Bruno. Il s'agissait de la peine maximale et on n'avait pas encore tout le ramassis -lui-même bien discutable- des inventions d'après 1981 faites pour montrer que la réclusion perpétuelle, hein, c'est du sérieux, peines de sûreté et tout le toutim. Donc elle équivalait presque à un acquittement avec les honneurs -témoin ce qui est arrivé avec Salan : amis et ennemis, du fait qu'il avait sauvé sa tête, parlaient de "l'acquittement de Salan" !
Laisser en vie,
dans ces conditions, Bastien-Thiry, c'était dire qu'attenter à la tête élue de l'Etat était anodin. Difficile quand on s'appelle de Gaulle. Jean va hurler, mais il faut rappeler ce qu'il en dit à Peyrefitte et qui montre qu'il y avait, dans ce refus de grâce, au moins un peu d'estime :
Citation:
Chaque peuple doit avoir ses martyrs. Encore faut-il qu'ils soient dignes de cette fonction. Un de ces imbéciles de généraux qui jouent au ballon dans la prison de Tulle n'aurait pas fait l'affaire. Bastien-Thiry avait quelque chose de romantique. Ce sera un bon martyr.
(noté le 13 mars 1963)
Mine de rien, il dit là (en privé, et en improvisant) que les Pieds-noirs sont un peuple et qu'il a droit à ses héros.
Il ne va pas aussi loin, en public et à tête reposée, dans les
Mémoires d'espoir (1969), mais tout de même on retrouve un peu de cet esprit quand il écrit que les motifs des ultras d'Algérie "n'étaient pas tous de bas étage".