Citation:
Il y a là un raccourci chronologique fâcheux, puis une contre-vérité.
Allons bon...
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L'ambiance vichyssoise est bel et bien à la guerre le soir du 3 et une partie du 4, jusqu'à ce que les effets (difficiles à départager) de l'inappétence hitlérienne (pour une aide vichyssoise sur le champ de bataille) et de la faveur américaine (pour l'agression britannique) fassent baisser l'enthousiasme.
Vichy ne peut pas savoir s'il y a ou pas "inappétence hitlérienne (pour une aide vichyssoise sur le champ de bataille)", parce que Vichy ne propose pas une telle aide.
En tout cas, certainement pas le 3 juillet à Wiesbaden: j'ai cité l'intégralité de ce que dit Huntziger sur le sujet ce jour là.
Huntziger ne propose pas de prendre une part active dans la guerre et d'aider l'Allemagne à combattre l'Angleterre, il demande qu'on limite et qu'on ralentisse le désarmement français en cours, notamment de la marine et de l'aviation, afin de pouvoir se défendre contre d'autres attaques anglaises.
Le 3 juillet, Huntziger annonce à Stülpnagel qu'il a violé la convention d'armistice (le désarmement est suspendu, des unités aériennes sont réarmées et des unités navales et aériennes sont mises en mouvement) mais il plaide la force majeure (cf. texte cité: "...le général Stülpnagel comprendra..."). Stülpnagel le couvre
immédiatement, ce même jour, le trois juillet. Il envoie par la suite, soit le même jour soit peu après (4 juillet?) confirmation écrite par un message disant qu'au vu des nouvelles circonstances l'application de l'article 8 de la convention d'armistice (désarmement de la flotte) ne sera pas exigée par l'Axe "jusqu'à ce que la situation soit éclaircie" une formulation de ce style.
Les Italiens confirment la même chose par écrit le 8 (et peut-être avant oralement). Ces deux dates du 4 et du 8 sont de mémoire, et sans avoir vérifié je me trompe peut-être, mais je suis catégorique que l'Axe accède à la demande de Vichy bien avant le 15.
Donc ce n'est pas Hitler qui refuse de suivre Vichy: Vichy fait une demande, qui est accordée immédiatement. Un peu plus tard, comme rien d'autre ne vient, c'est Hitler qui cherche à pousser son avantage en demandant les bases au Maroc et c'est Vichy qui refuse. Au temps pour la thèse selon laquelle Vichy veut entrer en guerre et Hitler refuse, non ?
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Devant la provocation hitlérienne du 15 (revendication de bases et de facilités diverses en AFN) l'historien doit, comme jamais, choisir une vision du dictateur : ou un imbécile (qui n'a pas battu le fer chaud), ou un stratège manipulateur qui ne veut pas du concours militaire de Vichy mais veut avoir l'air, dans une certaine mesure, d'y aspirer (et ne dédaigne pas de passer pour un imbécile... là encore dans une certaine mesure !).
Ce choix n'est possible que si on est d'accord avec les deux hypothèses qui se sont glissées mine de rien dans cette question d'apparence démocratique, à savoir 1/ c'est une provocation hitlérienne, et 2/ Hitler n'a pas battu le fer tant qu'il était chaud.
Rien ne vient à l'appui de la première, donc j'invoque la présomption d'innocence et je l'efface.
En ce qui concerne la seconde, je note que les Allemands - donc Hitler - approuvent l'entorse aux conditions d'armistice très vite: Stülpnagel le jour même, et il le confirme le lendemain après avoir pris l'accord de sa hiérarchie. Ils s'emploient ensuite à "persuader" leur alliés italiens qui s'exécutent en quelques jours. Rappelons que lesdits Italiens avaient demandé un armistice beaucoup plus dur, qu'ils ne l''avaient pas obtenu mais avaient tout de même réussi à glisser quelques clauses vachardes dans leur propre convention d'armistice afin de capturer un maximum de matériel, et qu'ils étaient pour un désarmement rapide et maximal des forces armées françaises, particulièrement la marine et l'aviation. Donc les persuader n'allait pas de soi.
C'est
très rapide par rapport aux autres négociations d'armistice, et beaucoup plus rapide que quand l'Axe traîne authentiquement les pieds comme ce sera le cas en novembre 42 par exemple. Là, on peut dire à bon escient que Vichy propose d'aller combattre les anglo-américains avec sa flotte et que l'Axe refuse.
Voyons les choses autrement.
Entre le 3 juillet et la prétendue offre française de services militaires, et le 15 juillet quand Hitler fait sa demande de bases, il y a 12 jours.
Entre le 6 mai, date où Hitler cause à Dahlerus et le 24 mai quand il claque son ordre d'arrêt, il y a 18 jours.
Donc soit au bout de 12 jours le fer a refroidi et l'ordre d'arrêt devant Dunkerque ne peut pas être pris au sérieux, en tout cas par Hitler, soit 18 jours constituent un temps raisonnable pour qu'une proposition soit prise au sérieux et alors le 15 juillet Hitler a toutes les raisons de penser que le fer est encore chaud. Ajoutons bien sûr que le 15 c'est la date où les Français reçoivent le message, il a fallu que les Allemands décident entre eux de ce qu'il fallait demander, puis qu'Hitler tranche, puis qu'il donne ses instructions, puis qu'elles soient acheminées et enfin transmises aux Français. Hitler n'a donc pas fait sa demande le 15.
Autre possibilité évoquée par François: les Français ont voulu la guerre le 4 (pour moi ça reste à prouver, mais bon) mais ils se sont dégonflés tout seuls au vu de la réaction américaine. Si c'est le cas, alors ce sont bien les Français qui ferment la porte à une collaboration militaire et pas Hitler.