Je reviens sur ce sujet qui a vagabondé entre un fil
viewtopic.php?f=26&t=25et un autre
http://www.delpla.org/forum/viewtopic.php?t=168 .
L'écriture de mon Hitler et Pétain m'amène à fréquenter assidûment les Archives nationales en leur site de Pierrefitte. Notamment la cote 3W qui, hélas sur microfilms, est une mine de documents et de dépositions, français et allemands, sur l'Occupation.
Je découvre le rôle immense d'un personnage dont on ne parle jamais à propos du statut, et fort peu à propos de l'Occupation alors qu'il est peut-être l'Allemand le plus puissant et le plus influent de France pendant les deux premières années : Werner Best, cofondateur du SD avec Heydrich et resté selon toute probabilité n°2 de cette organisation lors de sa nomination à Paris, qu'il présente bien à tort comme un exil et une rétrogradation.
Dans les échanges précédents, entamés en 2006, j'affirmais que le statut, adopté en conseil des ministres le 1er octobre et soumis à l'occupant le 2 (d'après la règle définie par lui-même à la mi-septembre, un texte soumis pouvait être publié au JO si les Allemands ne faisaient pas d'objection avant un délai de six jours), avait fait l'objet de tractations franco-allemandes et que celles-ci expliquaient le retard de sa publication (le 18).
A présent je dispose d'une archive du 9 montrant que Best le reçoit ce jour-là et le met en discussion dans ses bureaux de l'administration militaire. Ce qui semble vouloir dire que le général Streccius, recevant le texte le 2 par l'intermédiaire du lieutenant-colonel Otzen, son officier de liaison avec le délégué de Vichy en zone nord, le général de La Laurencie, l'a gardé sous le coude avant de le donner à ses bureaux pour examen. Ce qui suggère qu'il a pu consulter auparavant ses supérieurs (Brauchitsch ? Keitel et à travers lui Hitler ?).
D'autre part, ce qui me faisait penser à des palabres compliquées c'était surtout le télégramme daté du 8 où Abetz faisait état, pour toute perspective de persécution des Juifs envisagée à Vichy pour les deux zones, d'une exclusion des postes dirigeants de l'Etat et des professions culturelles, cependant que dans les professions libérales leur serait appliqué un numerus clausus calculé d'après leur proportion dans la population. Or le statut adopté est finalement bien plus sévère et, comme il était déjà rédigé le 2, force est de penser que Streccius l'a caché, également, à Abetz (qui tient, lui, ses informations d'une conversation avec le ministre de l'Intérieur Peyrouton, où celui-ci n'est peut-être pas entré dans les détails).
Il semble donc bien que le texte n'ait pas bougé après le 1er septembre... ce qui enfonce encore un clou dans le cercueil de la datation, encore quasi-universelle, du 3 !