Samuel Gontier (on peut voir sa photo ici :
http://jesoutiens.blogspot.com/2007/05/ ... lrama.html) a commis ceci dans le
Télérama du mercredi 6 juin (quel débarquement !) :
http://television.telerama.fr/televisio ... 34026.html
J'ai cru devoir appeler l'organe à plus de sérieux au moyen de l'e-mail suivant :
François Delpla
historien
Monsieur le rédacteur en chef,
Auteur d'une dizaine d'ouvrages historiques dont Télérama a peu parlé -ce dont je ne lui veux nullement car telle n'est pas sa vocation et il n'a pas vanté non plus énormément la concurrence-, j'attendais avec intérêt votre jugement sur la première oeuvre télévisuelle à laquelle j'aie prêté la main.
Votre collaborateur Samuel Gontier la critique -le mot est faible!- en p. 119 du numéro actuellement en vente.
Je tiens à vous rassurer tout de suite : je ne suis nullement au bord de l'apoplexie. Affligé, en revanche, je le suis sans doute autant que mon Samuel de juge, et puisque mon travail professionnel n'est pas ménagé vous me permettrez de m'étonner que votre magazine, théoriquement consacré à des critiques d'oeuvres où il y a autant à voir qu'à comprendre, borne son appréciation d'un film, pour l'essentiel, à son contenu intellectuel .
Cet
Eva Braun, dans l'intimité d'Hitler est non pas un ouvrage historique, mais avant tout une oeuvre d'art, écrite et réalisée sous le contrôle d'un historien, votre serviteur. Elle a d'autre part une source (parmi quelques autres, mais c'est la principale), mon livre
Les tentatrices du diable (L'Archipel, 2005; nombreux extraits sur
http://www.delpla.org), qui est lui-même un développement de la première et unique biographie française de Hitler (parue chez Grasset en 1999).
C'est à ce labeur que M. Gontier s'attaque. Il devra tout de même vérifier, s'il en porte, les verres de ses lunettes, ainsi que la qualité de son ouïe. Car le film a un objet bien délimité, la présentation du travail cinématographique d'Eva Braun, en contraste avec les crimes du nazisme, et ne prétend point rendre compte de leurs causes. Cependant, il est faux qu'un "simplisme en vogue" les attribue au seul Hitler, et le défaut inverse reste le plus à la mode.
Je vous invite donc à une vision moins superficielle des choses, et reste pour cela
votre dévoué serviteur
fdelpla