Bonjour,
Je viens de lire votre dernier éditorial du 14 octobre et, en un sens, je le trouve assez amusant : quand vous causez histoire, je vous fais confiance, mais quand vous vous aventurez dans l'économie, vous laissez plus de place aux préjugés qu'à la réflexion et aux faits :
> la politique publique américaine est au cœur de la crise de l'immobilier. Notamment, Freddy Mac et Fannie Mae, qui ont été les pousse-au-crime de la bulle, sont des produits du New Deal. Si vous voulez interpréter cette crise dans une perspective historique, il serait plus fructueux de la voir comme une liquidation des derniers vestiges du New Deal que comme une occasion d'appliquer les leçons du New Deal (il y aurait d'ailleurs beaucoup à dire sur les résultats du New deal
http://workforall.net/Lecons-du-Crash-d ... ssion.html).
> une mauvaise régulation bancaire, déresponsabilisante, et une fiscalité inadaptée (favorisant la dette par rapport au capital) ont grandement contribué à la gravité de la crise. C'est pourquoi conclure que la crise actuelle invalide le libéralisme me parait pour le moins osé.
> enfin, je pense que vous faites un contre-sens sur la signification de cette crise. C'est une crise de la dette, de toutes les dettes. Or, les entités les plus endettées sont les Etats. Je me risque (admirez mon courage) à faire une prédiction dans une situation si fluctuante : la situation actuelle, où les Etats viennent au secours du privé est transitoire. Bientôt, les Etats non vertueux (c'est à dire tous sauf la Suisse et le Canada) seront étranglés à leur tour par leur dette et sera la fin des Etats-providences, qui n'auront été qu'une parenthèse de l'histoire (1). Je vous autorise à me mettre cette prédiction sous les yeux dans deux ans et à bien rigoler si je me suis trompé.
Un dernier commentaire : que devraient faire les Etats face à la crise ? Faire leur boulot d'Etats : faire respecter les lois et les réglements, et non essayer de les tordre pour arranger Pierre ou Paul en fonction des circonstances.
Quant à donner de l'argent des contribuables (rappelons que l'Etat prend l'argent dont il vit) à des boites au bord de la faillite, c'est récompenser la mauvaise gestion.
Cordialement
FB
(1) : je précise ma pensée. L'inflation réduit mécaniquement la dette, inversement la déflation l'augmente mécaniquement. Or, les derniers communiqués de la Fed pointe l'inquiétude de la déflation (vous ne pouviez le savoir le 14 octobre). La déflation favorise la dette étatique dans un premier temps, mais si elle dure, Les Etats se retrouvent dans une situation précaire. Dans ce cas, les Etats auraient bien du mal à trouver des créanciers (La France doit trouver chaque semaine des créanciers prêts à lui prêter environ 1 milliards d'€). Les Etats seraient alors obligés de baisser leurs dépenses de 30 %, voire plus. Ca serait la fin des Etats providence, ce qui ne me chagrinerait certes pas, mais qui me fait quand même très peur : j'imagine qu'une telle évolution ne se ferait pas sans que le sang coule (1793, 1848, 1871 etc ...).