Le Forum de François Delpla

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MessagePosté: Jeu Jan 26, 2012 8:53 pm 
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à des établissements scolaires français ?



Image
(Jean Moulin, dessin inspiré par la photographie de Bernard).


Cette simple question sera perçue comme une offense par beaucoup.
Pourtant,l'objectif de cette étude n'est ni de porter un jugement sur la personnalité
de Jean Moulin,ni de se prononcer sur l'honorabilité de la Résistance ni de savoir si,
oui ou non,les maquisards ont joué un rôle important dans la libération du territoire.
En rédigeant ce texte,j'ai uniquement voulu répondre à la question suivante:
En France,à l'heure où il est très souvent question de la "légalité républicaine" et
du respect du Droit international (affaires du Rwanda,du Kosovo....),est-il bon
de donner à un établissement scolaire le nom d'un homme qui incarne la Résistance ?"


"Résistants" : ceux qui l'étaient,ceux qui ne l'étaient pas.

Les Résistants français sont ces hommes et ces femmes qui,après la signature
des armistices franco-allemand et franco-italien en juin 1940,combattirent les
forces de l'Axe.

La "Résistance" ne fut pas un bloc.

Leurs mobiles furent très différents:certains agirent pour des raisons politiques,
des raisons qui,soit dit en passant,étaient parfois opposées.Ainsi,le citoyen qui
rejoignit l'Armée Secrète dès l'automne 1940 n'était pas mû par le même idéal
que le communiste qui,après avoir sympathisé avec l'occupant sur ordre de
ses chefs,attendit l'été 1941 et l'invasion de l'Union soviétique,pour,toujours
sur ordre de ses chefs,adhérer aux FTP.

D'autres vinrent grossir les rangs de la Résistance par accident et pour des raisons
qui n'avaient qu'un rapport très lointain avec la politique ou le patriotisme,tel fut
le cas de ces nombreux réfractaires au Service du Travail Obligatoire (STO) qui
formèrent des maquis.Pour eux,il ne s'agissait nullement de résister aux Allemands,
mais de vivre clandestinement.Par la suite,cependant,une partie de ces groupes
plus ou moins structurés furent récupérés par la Résistance et employés pour
des coups de mains. *

Quant aux "Résistants" de la dernière heure (opportunistes**,collaborateurs
soucieux de se refaire une virginité ***,aventuriers trouvant l'occasion de
satisfaire leurs bas instincts),sachant que leur action contre l'armée d'occupation
fut dérisoire (ils chassèrent surtout les "collabos" ou prétendus tels),
nous leur dénions toute qualité de Résistant.

Aujourd'hui,ainsi,on peut dire que la Résistance ne fut nullement en bloc.
Elle regroupa pendant plusieurs années des hommes et des femmes très
différents,dont les mobiles pour agir étaient très divers et les opinions
politiques parfois opposées....


L'image actuelle du "Résistant".


Certains Résistants menèrent un combat sans arme.Le plus souvent,il s'agissait
de ravitailler les maquis,de faire parvenir des renseignements divers,d'organiser
la fuite d'aviateurs alliés tombés sur le territoire,de procurer du matériel ou
de faux papiers,etc.
Aujourd'hui cependant,l'image du Résistant est celle du civil armé,réalisant
des coups de mains audacieux,tendant des embuscades à l'occupant et
n'hésitant pas,le cas échéant,à l'affronter face à face.
Même si,en de multiple occurences,la vérité historique a été malmenée et
les "hauts faits des maquisards" démesurément grossis ****,il n'en reste pas
moins vrai que la Résistance a mené de nombreuses actions armées contre
les forces d'occupation.Ce combat était-il légal ? C'est toute la question.


La Résistance violait l'Article 10 de la Convention franco-allemande
d'armistice du 22 juin 1940.



L'article 10,alinéa 3,de la Convention franco-allemande d'armistice signée
le 22 juin 1940 s'énonçait comme suit:

Le gouvernement français interdira aux ressortissants français de combattre
contre l'Allemagne au service d'Etats avec lesquels l'Allemagne se trouve encore
en guerre.Les ressortissants français qui ne se conformeraient pas à cette
prescription seront traités comme des francs-tireurs.


On en déduit que les Résistants armés,qu'ils aient obéi aux injonctions de Londres
ou de Moscou,agissaient de façon illégale,puisqu'ils violaient les termes de la
Convention d'armistice.


L'argumentation gaulliste.


Certains répondront que cette convention n'avait aucune valeur et,donc,
qu'elle ne s'imposait pas aux citoyens français.
En guise de justification,ils rappelleront que,dès le 28 juin 1940,le gouvernement
britannique avait reconnu le général De Gaulle "chef des Français libres".
Or,celui-ci:

- déniait toute autorité au gouvernement de Bordeaux qu'il affirmait composé
de "gouvernants tombés au pouvoir de l'ennemi" *****
(Cette prise de position sera confirmée le 9 août 1944 lorsque le gouvernement
provisoire publiera une ordonnance selon laquelle la République n'avait
"cessé d'exister" et qu'en conséquence,étaient déclarés "nuls et sans effet
tous les actes constitutionnels promulgués sur le territoire postérieurement au
16 juin 1940".
).

- refusait l'Armistice non seulement parce qu'il aurait été signé par un gouvernement
illégitime mais aussi parce qu'il aurait violé les engagements pris par la France
****** (référence à l'accord franco-anglais du 28 mars 1940 de ne signer
aucune paix séparée avec l'ennemi).

Le général De Gaulle rappelait donc à tous "les officiers,soldats,marins,aviateurs
français"
qu'ils avaient "le devoir absolu de résister à l'ennemi".*******
De plus,il annonçait la formation d'une "force française terrestre,aérienne
et navale"
destinée à "aider toute résistance française" qui se ferait
dans l'Empire français (Id.).

S'appuyant sur ces faits historiques,les gaullistes en déduisent que les Français
qui continuèrent la lutte n'enfreignaient aucun texte,puisqu'ils agissaient en accord
avec le seul gouvernement légal (celui de Londres) et que ce dernier appelait
à la poursuite du combat.


Réfutation de l'argumentation gaulliste.

Cette argumentation doit cependant être rejetée pour deux raisons:

1) Le gouvernement de Bordeaux (puis de Vichy) était légal.

Le gouvernement de Bordeaux n'était pas illégal.
Son chef,le maréchal Pétain,fut nommé le plus légalement du monde,le 16 juin 1940,
par le président de la République,Albert Lebrun.Celui-ci agissait sur les conseils
de Paul Reynaud,président du Conseil démissionnaire.Tels sont les faits,rappelés
plus tard par A.Lebrun lui-même ********,l'ordonnance du 9 août 1944
n'y change rien.

Quant au gouvernement de Vichy,il a été reconnu à l'étranger,y compris par
les Etats-Unis et l'Angleterre.
A Nuremberg,l'avocat de l'accusé Fritz Sauckel,Me Servatius,le rappela justement
lorsqu'il lança:

L'objection (selon laquelle) le Gouvernement du maréchal Pétain n'était pas
un Gouvernement légal,n'est pas soutenable,car il était le successeur légal
du Gouvernement qui avait signé l'armistice.Le fait décisif du point de vue
du Droit international est qu'il représentait l'Etat français dans le domaine
des relations avec l'étranger.Cette compétence a été confirmée par le fait
que les Etats-Unis,même après leur entrée en guerre,l'ont reconnu en maintenant
leur ambassadeur à Vichy.
La Grande-Bretagne également a conclu avec un général du Gouvernement
de Vichy un armistice en Syrie en 1941. (TMI
,XVIII,p.480).

Ajoutons qu'en 1944,les gaullistes ont implicitement reconnu la légalité
des gouvernements qui avaient existé en France à partir du 16 juin 1940.
En effet,à supposer que le gouvernement de Bordeaux (puis de Vichy)
ait été illégal et ses actes constitutionnels nuls,la IIIè République aurait
automatiquement dû être rétablie à la "Libération",puisqu'elle n'avait jamais
cessé d'exister.Comme l'a écrit Paul Faure:

(Si Vichy n'avait eu aucune existence légale) Il en résultait que M.Albert Lebrun,
n'ayant jamais démissionné et ayant vu son mandat renouvelé pour une période
de 7 ans en 1939,demeurait Président de la République,et que le Parlement,
dont les pouvoirs avaient été prorogés par les décrets-lois des 29 juillet-
31 août 1939,se trouvait toujours être l'organe législatif du pays.
Dès la promulgation de l'Ordonnance du 9 août 1944,le Gouvernement provisoire
aurait dû céder la place à un gouvernement constitutionnel de la République,
en application des termes mêmes de cette ordonnance.

(Voy.Paul Faure, De Munich à la Vè République (Ed.L'Elan,sans date,274 p),
pp.218-9.

Or,en 1944,personne ne songea à ressusciter la IIIè République,preuve que
l'ordonnance du 9 août 1944 était un texte de circonstance,sans aucune
existence légale.
Par conséquent,il est juste de dire que le gouvernement formé à Londres
par le général De Gaulle n'avait aucune autorité,et son armée aucune
existence légale.

* Voy.la brochure publiée en 1944 et intitulée:Orage sur la Glèbe.
On lisait:"Malheureusement,la vie de réfractaire comporte des tribulations.
Il faut se cacher et manger chaque jour,mais surtout on ne peut vivre longtemps
inactif et isolé.Les réfractaires se cherchèrent les uns les autres.Quand ils se
furent rencontrés,il fallut organiser la vie commune et,bien vite,cette vie commune
fut organisée par des spécialistes français,mais aussi souvent étrangers,
ayant fait leur apprentissage dans les brigades internationales au cours de la
guerre d'Espagne"


**Un ancien Résistant authentique,revenu du Vercors complètement infirme,
confia en 1947 à l'Abbé Desgranges:"Dans mon réseau,lorsque "ça bardait",
nous étions tout au plus 200,aux approches de la Libération,2 000"

(voy.Abbé Desgranges,Les crimes masqués du "résistancialisme"
(Ed.L'Elan,1948),p.73).

***"Un milicien,dont l'activité était connue,retournant complètement sa veste
à la Libération,prend la tête des excités,soufflette de sa propre main un vieux
curé septuagénaire (sous le prétexte,reconnu faux,qu'il aurait soustrait
quelques boîtes de conserve à des colis de prisonniers) et dirige des expéditions
punitives et des pillages dans les maisons d'anticommunistes notoires de la commune.Ces "services rendus" l'ont définitivement "blanchi""

(voy.Abbé Desgranges,op.cit., p.73-4.Ce cas a été pris parmi des centaines
d'autres.

**** A tel point qu'en décembre 1999,le président de l'Association Nationale
des Anciens Combattants de la Résistance (ANACR),Pierre Fugain a déclaré,
à propos d'une exposition sur les maquis de l'Isère:"Il fallait beaucoup
d'honnêteté pour tout dire sans trop en dire,faire allusion même aux bavures
et échapper aux bravades personnelles qui parasitent et faussent notre histoire
(...).Notre histoire est assez belle pour qu'on n'ait pas à en rajouter,à faire
d'une escarmouche une victoire d'Austerlitz,d'une infirmerie un hôpital,à déplacer
les dates,à forcer sur les chiffres et les grades.La vérité suffit"

(voy.Résistance Isère,n°119,décembre 1999,p.7).

*****"Mais beaucoup de Français se sont trouvés déchirés entre deux
chemins.D'une part,l'appel des gouvernants tombés au pouvoir de l'ennemi(...)"

(voy.le discours prononcé par le général De Gaulle le 2 juillet 1940).


****** "(....) la France s'est engagée à ne déposer les armes que d'accord
avec les Alliés.Tant que les Alliés continuent la guerre,son gouvernement n'a pas
le droit de se rendre à l'ennemi"
(voy.le discours prononcé par le général
De Gaulle le 22 juin 1940).

*******Voy.le discours prononcé par le général De Gaulle le 28 juin 1940.


********"Au sortir du Conseil (le 16 juin),je m'entretiens avec M.Reynaud.
Il me conseille d'appeler pour le remplacer le maréchal Pétain placé au coeur
de la nouvelle majorité.Je consulte les présidents du Sénat et de la Chambre
et leur fait part de mon intention.J'appelle donc le maréchal.Je lui confie la mission
de former le nouveau Cabinet"
(Voy.A.Lebrun,Témoignage,Ed.Plon,1945,p.85).

Source et suite:

http://forumfrance-en-guerres.xooit.fr/ ... Moulin.htm

_________________
L'autre Histoire :

"qui n'entend qu'un son,n'entend qu'une cloche."

http://www.phdnm.org/uploads/3/0/0/1/30 ... ages-1.htm

http://www.phdnm.org/videacuteos.html

http://www.youtube.com/watch?v=dO13cejg ... ature=fvwp


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MessagePosté: Ven Jan 27, 2012 12:56 am 
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Inscription: Dim Juil 02, 2006 11:41 pm
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En admettant... Mais l'armistice a été rompu par les nazis le 11 novembre 1942. Donc, après cette date, la Résistance était parfaitement légitime.

_________________
"L'Histoire est un mensonge que personne ne conteste." Napoléon


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MessagePosté: Ven Jan 27, 2012 7:00 am 
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Inscription: Mar Sep 23, 2008 1:11 pm
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C'est indéniable.


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MessagePosté: Sam Jan 28, 2012 10:00 am 
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Inscription: Sam Juin 25, 2011 3:19 pm
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Roy-Henry a écrit:
En admettant... Mais l'armistice a été rompu par les nazis le 11 novembre 1942. Donc, après cette date, la Résistance était parfaitement légitime.


Désolé ! voici la suite:


2) La Déclaration franco-anglaise du 28 mars 1940 n'empêchait pas
la France de conclure un armistice le 22 juin 1940.



La Déclaration franco-anglaise du 28 mars 1940 (engagement à ne pas signer
de paix séparée avec l'Allemagne) n'interdisait pas à la France de conclure,
en juin 1940,un armistice avec le Reich.En effet,il ne s'agissait pas d'un pacte
(puisqu'il n'a pas été soumis à la ratification du Parlement français) *
mais d'une simple promesse.
Or,la morale n'interdit pas de revenir sur une promesse,lorsque,pour des raisons
impérieuses,celle-ci ne peut plus être tenue.Dans son Traité des Actes Humains,
Saint-Thomas d'Aquin écrit:

"Quand on promet une chose et qu'on a l'intention de la faire (...) si on néglige
plus tard d'accomplir cette chose (...) on peut encore être excusé (...) lorsque
l'état des personnes et des choses a changé,car pour que la promesse garde
sa force obligatoire,il faut,dit Sénèque,De beneficiis,IV,3,que tout reste
dans la même situation.
Quand les circonstances deviennent autres (...) on ne commet pas l'infidélité
en ne tenant pas l'engagement stipulé,parce que les conditions sous-entendues
(au moment de signer l'accord) n'existent plus "(Traité des Actes Humains,
Question VI,art.VI:"La crainte cause-t-elle l'involontaire proprement dit ?").

La conclusion à en tirer est évidente.En mars 1940,l'Armée française était intacte
et le pays vivait presque normalement.Mais trois mois plus tard,la France était
militairement battue,son armée avait été disloquée et ses soldats fuyaient devant
les panzers (en 1944,un Français qui contemplait la retraite allemande déclara:
"Evidemment,les Allemands se sauvent,mais eux ils marchent,tandis que nous,
en 1940,on courait"

(Voy.Alexandre Caillet,Le Massacre de Coutances (auto-édité,1985),p.317.

Plus grave,le pays était totalement désorganisé,des millions de civils erraient
sur les routes,désemparés,la catastrophe humanitaire était imminente.
Par rapport à mars 1940,la situation avait radicalement changé.
Par conséquent,le gouvernement français était en droit de réclamer un armistice.
Comme l'a écrit Camille Chautemps:

"Lorsque deux nations s'interdisent de faire une paix séparée,leur but est de prendre
l'une vis-à-vis de l'autre un engagement de loyauté.Elles visent à se prémunir contre
la tricherie par laquelle l'une d'entre elles s'assurerait une paix avantageuse au
détriment de l'autre en désertant de mauvaise foi le combat commun.
Mais aucune d'elle ne pense à s'arroger le droit de refuser sans raison valable
d'examiner dans un esprit amical une situation exceptionnelle résultant d'un
désastre soudain et inattendu qui rendrait l'autre manifestement incapable
de combattre.Une nation encore intacte,n'ayant pas,ou très peu,lutté et souffert,
ne peut pas décemment exiger de l'autre,aux dépens de son existence même,
l'exécution brutale devenue impossible ou meurtrière.
Une convention de cette nature,pour répondre au bon sens,doit être jugée,
à la lueur des faits et en tenant compte des exigences légitimes de chacune d'elles.
Elle ne peut exclure la force majeure qui,en droit aussi bien qu'en morale,est
un élément essentiel des contrats."
(Voy.Camille Chautemps,Cahiers Secrets de l'Armistice (Ed.Plon,1963),pp.242-3.)

Cette vérité avait d'ailleurs été comprise par....Churchill.Parlant,le 15 juin 1940,
de l'éventualité d'un armistice au ministre des Affaires étrangères du gouvernement
polonais en exil à Londres,M.Zaleski,Paul Reynaud déclara:

" (...) nous sommes placés devant un cas de force majeur.Churchill lui-même
nous comprend.Il sait que nous ne pouvons plus tenir.Il n'insiste plus pour que
nous respections les termes de notre alliance."
(Voy.Jan Ciechanowski, La Rançon de la Victoire (Ed.Plon,1947),p.15.

Le 26 septembre 1944,dans son discours aux Communes,W.Churchill confirma
les propos de P.Reynaud en disant:

"On se souviendra que nous avions déclaré au Gouvernement français que nous
ne lui adresserions aucun reproche s'il venait à négocier même une paix séparée,
dans les tristes circonstances de juin 1940,à condition de mettre sa flotte hors
d'atteinte des Allemands."

La France n'a donc pas violé ses engagements lorsque,le 22 juin 1940,
elle conclut un armistice avec le Reich (qui ne revendiquaient nullement la flotte).

Telles sont les raisons pour lesquelles la convention devait être respectée par
tous les ressortissants français.
Lorsqu'ils prirent les armes,les Résistants se sont donc mis hors-la-loi.

Pourtant,les gaullistes n'ont pas épuisé leurs arguments.

L'invasion de la Zone sud par les Allemands en novembre 1942
ne changeait rien.
:mrgreen:


Certains rappelleront que,le 11 novembre 1942,suite au débarquement allié
en Afrique du Nord,la Wehrmacht occupa la France libre.
Cet événement,diront-ils,entraînait un changement radical de situation par rapport
au mois de juin 1940,ce qui aurait permis au gouvernement français de dénoncer
la Convention d'armistice.Sans doute.Mais il ne l'a pas fait.
Et jusqu'à la fin,la Délégation française auprès de la Commission allemande d'armistice
poursuivit ses activités. **
Par conséquent,le simple ressortissant français ne pouvait,en son propre nom,
déclarer nul le texte signé le 22 juin 1940 au motif que les Allemands avaient
envahi la Zone sud.



La déclaration d'Eisenhower en juillet 1944 n'avait aucune valeur légale.


Reste l'argument selon lequel le 7 juillet 1944,le général Eisenhower déclara
les maquisards "partie inhérente des Forces françaises de l'Intérieur"
et satisfaisant dorénavant aux stipulations de la Convention de La Haye.
Pour y répondre,on se contentera de remarquer que cette déclaration fut
unilatérale et que jamais le gouvernement allemand ne l'a reconnue.
Aux militaires qui demandaient s'il fallait lui accorder une quelconque valeur,
le Haut Commandement des Forces armées allemandes répondit par la négative.***
Cette réponse négative fut annoncée par voie de presse et à la radio
le 24 juillet 1944.Le message du Haut Commandement allemand de l'Ouest
se terminait ainsi:

"La France possède un gouvernement légal,ses relations avec les troupes
d'occupation sont règlées par la Convention d'armistice.Celui qui,dans le dos
des troupes d'occupation,organise des émeutes ou y participe est et reste
un franc-tireur.Si le Haut Commandement allié souhaite cette forme barbare
de la guerre,à son aise.Mais qu'il se rende compte que,dans ce cas,le combat
sera mené des deux côtés avec les mêmes moyens."
(Voy.Otto Abetz, Histoire d'une politique franco-allemande (1930-1950)
(Ed.Stock,1953),p.312.

Par conséquent,on ne saurait accorder à la déclaration du général Eisenhower
une quelconque valeur légale ou politique.

*Voy.Louis-Dominique Girard,Montoire,Verdun,Diplomatique
(Ed.André Bonne,1948),p.22.

** Voy.notamment les protestations de Vichy face au traitement de l'Alsace-
Lorraine par l'Allemagne.Le 22 août 1944,encore,la Délégation des Services
de l'Armistice (rattachée à la Présidence du Conseil) ordonna à la Délégation
française auprès de la Commission allemande d'Armistice de protester au sujet
du communiqué allemand du 12 août 1944 citant Strasbourg et Mulhouse
comme des villes allemandes (voy.Louis Cernay, Le Maréchal Pétain,l'Alsace
et la Lorraine.Faits et Documents (1940-1944)
(Ed.Les Iles d'Or,1955),p.34).
Voy.également la liasse de documents présentés à Nuremberg par l'Accusation
française sous la cote RF-392 (F-673).On y trouve des protestations de la
Délégation française jusqu'au 18 août 1944 (TMI,XXXVII,pp.316 et suivantes).

***Dr LATERNSER. La légalité du mouvement de résistance a-t-elle été reconnue?

TEMOIN von RUNDSTEDT. Les généraux Eisenhower et De Gaulle l'avait déclarée
par radio.Alors nous avons demandé à l'OKW ce qu'il en était.
La réponse fut négative" ( TMI
,XXI,36).

_________________
L'autre Histoire :

"qui n'entend qu'un son,n'entend qu'une cloche."

http://www.phdnm.org/uploads/3/0/0/1/30 ... ages-1.htm

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MessagePosté: Sam Jan 28, 2012 11:10 am 
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Inscription: Sam Juil 01, 2006 8:20 am
Messages: 6779
je rappelle que ce forum privilégie le débat.
J'ai récemment supprimé quelques monologues et demande que celui-ci s'interrompe pour faire place à des échanges facilement lisibles.


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MessagePosté: Sam Jan 28, 2012 6:20 pm 
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Inscription: Dim Juil 02, 2006 11:41 pm
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Le gouvernement de Vichy n'a pas dénoncé la convention d'armistice ? La belle affaire !!! Ce gouvernement n'existe plus, il est à la merci de l'ennemi. Il est de tradition constante, au moins en France, qu'un gouvernement aux mains de l'ennemi n'a plus de légitimité. François 1er et Napoléon III, prisonniers, ne peuvent signer la paix ou renoncer à la possession d'une quelconque parcelle de territoire.

Les Allemands ont violé la convention d'armistice. Leurs troupes entourent Vichy. Le maréchal est prisonnier. C'est tout. Exit vos arguments sophistiqués !

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MessagePosté: Sam Jan 28, 2012 6:48 pm 
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Inscription: Sam Juin 25, 2011 3:19 pm
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Localisation: Saint-Tropez (VAR)
Les faits sont là ! je continue donc.

La Résistance violait les articles 2,4 et 23 (B,C,d)
de la Convention signée à La Haye en octobre 1907.



Cependant,allons plus loin.Supposons que le gouvernement du général
De Gaulle ait été légal,supposons nulle la Convention d'armistice franco-
allemand signée le 22 juin 1940,supposons recevable la déclaration du général
Eisenhower.Supposons de plus que,d'un point de vue moral,les ressortissants
français aient eu le droit et même le devoir de combattre l'Occupant les armes
à la main.
On rappellera alors que la volonté de combattre ne suffit pas,en Droit international,
pour être reconnu comme belligérant.Dans son annexe,la Convention de La Haye
(18 octobre 1907) définit très précisément le concept de belligérant.
On lit (section I,ch.1,article 2):

La population d'un territoire non occupé qui,à l'approche de l'ennemi,
prend spontanément les armes pour combattre les troupes d'invasion
(ce qui fut le cas à partir de novembre 1942,lorsque les Allemands envahirent
la Zone sud) (...) sera considéré comme belligérante si elle porte les armes
ouvertement et si elle respecte les lois et coutumes de la guerre.


Ces lois et coutumes étaient notamment rappelées au chapitre II qui concernait
les prisonniers de guerre et les méthodes de combat.Au sujet des prisonniers
de guerre,on lisait:

Article 4. Les prisonniers de guerre sont au pouvoir du Gouvernement ennemi,
mais non des individus ou des corps qui les ont capturés.
Ils doivent être traités avec humanité.
Tout ce qui leur appartient personnellement,excepté les armes,les chevaux
(pour la guerre moderne:les véhicules) et les papiers militaires,reste leur propriété.


Quant aux méthodes de combat,elles n'étaient pas toutes permises,loin s'en faut.
L'article 23 énonçait les interdictions suivantes:

Article 23.a) Outre les prohibitions établies par des conventions spéciales,
il est notamment interdit (....)


b) de tuer ou de blesser un ennemi qui,ayant mis bas les armes ou n'ayant plus
les moyens de se défendre,s'est rendu à discrétion.


c) de déclarer qu'il ne sera pas fait de quartier.

Or,il est évident que les maquisards ont violé tous ces articles.


Violation des articles 2 et 23 b.


De nombreux soldats allemands ont été tués traitreusement,d'une balle dans le dos
(violation de l'article 23 b.),par des hommes habillés en civil et qui cachaient leurs
armes jusqu'au dernier moment (violation de l'article 2).
Le 21 août 1941,un officier allemand,l'aspirant Mozer,fut tué d'une balle dans le dos,
au métro Barbès-Rochechouart,par un militant communiste,le futur "colonel Fabien".
Du 22 août au 15 septembre 1941,six autres officiers et soldats allemands furent
tués,d'une façon similaire,dans la région parisienne.
Le 20 octobre 1941,le Feld-Kommandant de la place de Nantes fut à son tour abattu
alors qu'il se rendait à pied à son bureau.
(Voy.Historia,hors série,n°41,1975,p.18 col.A.

Par la suite,les attentats s'intensifièrent.A Nuremberg,Hermann Göring lança:

" des bombes furent lancées dans des locaux où se trouvaient des officiers
et des soldats allemands,des bombes furent même jetées dans des locaux
où se trouvaient des femmes auxiliaires des services de transmission et
infirmières de la Croix-Rouge allemande" (TMI
,IX,344).

De janvier à septembre 1943,281 militaires allemands en France furent assassinés.


Violation de l'article 4,alinéa 1.

Les soldats allemands capturés n'ont jamais été remis aux autorités de Londres ou,
plus tard,d'Alger (violation de l'article 4,alinéa 1).
C'était impossible,me dira-t-on,car la Résistance ne disposait ni de bateaux
ni d'avions pour les transporter.Certes,mais c'est précisément pour éviter ce genre
de situation que la Convention de La Haye existait et qu'il fallait la respecter.

Violation de l'article 4, alinéa 3.

Les prisonniers étaient parfois dépouillés de leurs uniformes et de leurs insignes
(violation de l'article 4,alinéa 3).
Dans l'affaire d'Oradour,par exemple,le lieutenant Gerlach et son chauffeur,
capturés par des maquisards (dont certains portaient l'uniforme de la Milice
en violation de l'article 23 f de la Convention de La Haye),se retrouvèrent
en sous-vêtements.
(Voy.V.Reynouard,Le massacre d'Oradour.Un demi-siècle de mise en scène
(Ed.VHO,1997) dans lequel la déposition de Gerlach est reproduite accompagnée
d'une analyse qui démontre pourquoi on ne saurait la qualifier de mensongère.


Violation des articles 4,alinéa 2 et 23c.

En de multiples occurences,les prisonniers furent abattus (violation de l'article 23c),
parfois après avoir été torturés et contraints de creuser leur tombe (violation
des articles 4,alinéa 2).
Le 15 janvier 1998,Le Populaire du Centre publia un article dans lequel
un ancien Résistant,René Jacob,évoquait ses souvenirs du maquis:

"Un de mes plus forts souvenirs
, déclarait-il,concerne l'attaque d'une
automitrailleuse allemande en panne à Sainte-Anne.J'étais aux premières loges"

(Voy.Le Populaire du Centre,15 janvier 1998,article intitulé:"René Jacob,
ancien résistant limousin,témoin à Bordeaux"
(au procès Maurice Papon).

L'ancien maquisard omettait toutefois de révéler le sort qui avait été réservé
aux occupants du véhicule.On le comprend.Le chauffeur et son équipier furent
contraints de creuser leurs tombes avant d'être abattus sans jugement.
(Information donnée par l'un de nos correspondants dans la région dans une lettre
du 16 janvier 1998).

Toujours dans le Limousin,mentionnons le chauffeur du lieutenant Gerlach,fusillé
par les Résistants pendant que celui-ci parvenait à s'enfuir.

Ces trois Allemands eurent cependant plus de chance que ces huit soldats
d'occupation tombés aux mains des maquisards et dont les corps mutilés furent
découverts près de Pau.
(Voy.O.Abetz,op.cit., p.312)

Ils eurent également plus de chance que ces Allemands de la garnison de Tulle,
submergés par les FTP et assassinés après qu'ils se furent rendus.
(Dans cette affaire,la thèse allemande s'oppose à la thèse française.
D'après les FTP,certains Allemands qui avaient brandi le drapeau blanc avaient
soudainement lancé des grenades sur leurs assaillants,ceux-ci auraient alors
riposté en tirant dans le tas (voy.Rémy,Les Balcons de Tulle (Librairie
Académique Perrin,1962),p.53).D'après Rémy,les mutilations visibles sur les soldats
morts auraient été dues aux grenades qu'ils s'apprêtaient à lancer et qui explosèrent
sous les balles des maquisards (Id).
Du côté allemand,cependant,on affirme que les soldats de la Wehrmacht et du SD
furent torturés après s'être rendus,d'après le juriste Hans Luther,qui vint sur les lieux
dans les heures qui suivirent le drame,des cadavres avaient le crâne défoncé,
les yeux arrachés,les membres écrasés par des camions qui leur avaient roulé
dessus...(voy.Hans Luther,Der französische Widerstand gegen die deutsche
Besatzugsmacht une eine Bekämpfung
(Tübingen ,1957).
De son côté,un Alsacien qui enterra une quarantaine de cadavres parle de corps
partiellement dénudés,de parties sexuelles tranchées et mises dans la bouche
(voy.SS-Beuteddeutscher-Weg und Wandhung eines Elsässer
(Askania verlag,Lindhorst,1979).
Toutes ces blessures ne pouvaient avoir été causées par l'explosion de grenades....
Quoi qu'il en soit,et même à supposer que la thèse des FTP soit exacte,il n'en reste
pas moins vrai que ceux-ci fusillèrent une dizaine de soldats allemands qui s'étaient
rendus (voy.Rémy,op.cit.,p.59).

L'un des cas les plus graves fut l'exécution sommaire de 80 prisonniers de guerre
allemands,le 2 septembre 1944,à Annecy et dans ses environs,au motif que
le gouvernement allemand refusait aux maquisards....le statut de combattants
réguliers.
(Sur cette affaire,voy.Maurice Bardèche,Nuremberg II ou les Faux Monnayeurs
(Ed.des Sept Couleurs,1950),pp.247 et suivantes ainsi que Alfred M.de Zayas,
The Wehrmacht War Crimes Bureau,1939-1945 (University of Nebraska Press,
ré-édition de 1995),pp.151 et suivantes.)

Combien d'autres exemples,restés inconnus parce que les victimes n'ont pu
et pour cause,témoigner et que les assassins se sont tus pourraient être cités ?
Encore aujourd'hui,de nombreux soldats allemands abattus sans jugement par
les maquisards sont portés disparus.Leurs corps doivent reposer à quelques
mètres de profondeur,dans les bois.


Violation de l'article 23d.

Ces crimes se comprennent aisément lorsqu'on connaît les mots d'ordre des FTP
entre 1942 et 1944.
Ceux-ci appelaient à ne pas faire de quartier (violation de l'article 23 d),
à tuer les "boches" et les "traîtres".
L'extrait du journal clandestin a été publié par le magazine Historia (hors série
déjà cité,p.21).
Le 21 août 1944,l'Humanité écrivit,sous le titre:
"Plus que jamais,mort aux boches" : "(...) chassons ou exterminons jusqu'au dernier
boche encore à Paris"
.

_________________
L'autre Histoire :

"qui n'entend qu'un son,n'entend qu'une cloche."

http://www.phdnm.org/uploads/3/0/0/1/30 ... ages-1.htm

http://www.phdnm.org/videacuteos.html

http://www.youtube.com/watch?v=dO13cejg ... ature=fvwp


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MessagePosté: Sam Jan 28, 2012 7:56 pm 
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Henri Lévy a écrit:
Les faits sont là ! .


Les fesses, plutôt.
Se tendent-elles pour le châtiment ?


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MessagePosté: Dim Jan 29, 2012 9:30 am 
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Merci à Henri Lévy pour ces précisions si utiles.
Mais que vient faire André Bayle ici ?


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MessagePosté: Lun Jan 30, 2012 7:42 am 
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Inscription: Sam Juil 01, 2006 8:20 am
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Je trouve intéressante cette charge sabre au clair contre la Résistance française.

Elle se retourne :

-l'armistice, une fois signé, est censé réduire entièrement chaque Français à l'état d'un mouton, tenu de se laisser tondre, dépouiller, enfermer, mener à l'abattoir etc.; le tout sans limite de temps et sans qu'un éventuel retournement de la fortune des armes en défaveur de l'Allemagne change quoi que ce soit aux devoirs du mouton;

-le patriotisme élémentaire et la simple dignité humaine imposent de ne pas s'en laisser conter éternellement par un tel texte;

-devant les obligations qu'il crée, la question de l'opportunité de sa signature se pose sérieusement.


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MessagePosté: Lun Jan 30, 2012 11:52 am 
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Inscription: Sam Juin 25, 2011 3:19 pm
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Localisation: Saint-Tropez (VAR)
Allons donc plus loin mon cher François.

Il y a une douzaine d'années,les éditions Robert Laffont ont publié sous le titre:
"Le pianiste.L'extraordinaire destin d'un musicien juif dans le ghetto de Varsovie.
1939-1945
,la traduction française d'un ouvrage paru pour la première fois
en Pologne en 1946.Il s'agissait du récit autobiographique d'un survivant du ghetto
de Varsovie,Wladyslaw Szpilman,rédigé en 1945 et publié sous le titre:
Une ville meurt. Très vite interdit par le régime communiste,cet ouvrage
n'avait jamais été réédité depuis.
En 1998,une version anglaise parut sous le titre: The Pianist.
C'est cette version qui a été utilisée pour la traduction française.
Comme le titre l'indique,W.Szpilman était pianiste.En 1939,il vivait à Varsovie
avec les siens.Ayant refusé de partir,il se retrouva dans le ghetto.
En 1942,sa famille fut déportée.Lui resta,car il fut sauvé dans des circonstances
mal définies (un ami dont il ne dit rien l'aurait au dernier moment extrait des files
de déportés).Par la suite,il travailla sur des chantiers pour le compte de l'occupant
puis aurait erré de cachette en cachette jusqu'en 1945 (il n'a pas participé aux
événements d'avril-mai 1943).
J'utilise le conditionnel car j'ai des doutes quant à l'authenticité de son récit pour
la période 1944-1945.W.Szpilman prétend avoir été sauvé in extremis une
douzaine de fois lorsqu'il vivait caché (voy.notamment pp.183-8:l'auteur à demi
asphyxié et cerné au dernier étage d'un immeuble en flammes avale des barbituriques
pour en finir,mais il se réveille le lendemain sans aucune blessure,p.197,il raconte
qu'il s'était caché dans un grenier,que plus de trente fois,les Allemands ou les
Ukrainiens sont venus fouiller l'immeuble mais qu'ils "ne se sont toutefois jamais
aventurés jusqu'au grenier"
.Un jour,alors qu'il déambulait dans l'immeuble,
il échappa à des SS qui arrivaient en se réfugiant " à toutes jambes" au grenier,
là encore,ses poursuivants "se sont contentés de rôder un peu sans monter
jusqu'à son perchoir"
(p.199).
Plus tard,alors qu'il était torturé par la faim,sa cachette fut découverte.
Mais il parvint à éviter les balles,à dévaler l'escalier et à s'enfuir dans la rue sans
que les SS ne l'attrapent (pp.201-2).Ajoutons à cela deux fois où il aurait été
sauvé grâce à un pressentiment (pp.192 et 204).
Personnellement,je me demande si W.Szpilman n'a pas travaillé beaucoup plus
longtemps qu'il ne le dit pour les Allemands.Mais en 1945 (et après),c'était
inavouable et mieux valait se présenter comme une sorte de Robinson Crusoë traqué.
L'auteur mort en juillet 2000 la vérité restera sans doute ignorée.
Mais qu'importe,personnellement,même si l'on me prouve que W.Szpilman a menti
pour cacher sa collaboration,je suis prêt à excuser ce qui m'apparaît comme
de la prudence et/ ou de l'orgueil.Ce qui m'intéresse en tout premier lieu,ce sont
les quatorze premiers chapitres de son récit,qui vont de septembre 1939 jusqu'à
l'insurrection (prétendue) du ghetto.Ils fourmillent en effet des détails intéressants
pour l'historien objectif,non seulement à propos du ghetto,mais également sur
d'autres sujets.



PREMIERE PARTIE:LES ENSEIGNEMENTS DIVERS.



En juin 1940,le Maréchal a eu raison de ne pas quitter la métropole.


On se souvient qu'en juin 1940,en France,d'âpres discussions eurent lieu afin
de savoir si le gouvernement devait rester sur le sol national ou s'exiler.
Suite à l'action du maréchal Pétain et de Pierre Laval notamment,et malgré
l'affaire du Massilia,il resta.


Les gaullistes accusent les vichyssois d'avoir agi pour des motifs inavouables.


Dans les mois qui suivirent,ceux qui avaient rejoint Philippe De Gaulle à Londres
accusèrent le Maréchal et son équipe d'avoir agi par ambition personnelle,
par haine de la République ou par germanophilie.Dans un livre paru en 1944,
Albert Bayet,qui oubliait les sanglantes batailles de mai-juin 1940,la défaite et
ses suite,écrivit:

Qu'on ne vienne donc pas nous conter que le peuple de France (....) a été
"vaincu" par l'invincible Allemagne.Le peuple de France n'a pas été battu pour
l'excellente raison qu'on l'a empêché de se battre.Il a été trahi par un misérable
vieillard que l'ambition rongeait depuis des années et qui,pour trente deniers,
l'a vendu à Hitler.
(voy.A.Bayet, Pétain et la Cinquième Colonne
(Ed.du Franc-Tireur,1944),p.44).

Le 4 octobre 1945,le Premier Président de la Haute Cour qui jugeait Pierre Laval
déclara au prévenu:

(...) cette défaite (de juin 1940) a créé un climat et (...) dans ce climat,
il y a eu un certain nombre de personnages qui ont essayé,comme on dit
vulgairement,de tirer leur épingle du jeu,de se créer une situation sur le cadavre
du pays (...).Ces personnages ont essayé de se créer une situation de premier plan.
Vous avez,dans cette période,été l'un des agents les plus actifs de la propagande
défaitiste.

(Voy.le compte rendu sténographique du procès Laval (Ed.Albin Michel,1946),p.60).

En 1999 encore,dans un numéro spécial de Sciences & Vie Junior consacré
à la seconde guerre mondiale,on lisait:

Dès sa première intervention au micro (le 17 juin 1940,P.Pétain) annonce
qu'il faut faire taire les canons et négocier l'armistice.En revanche,Pétain omet
un "détail":il compte bien profiter du trouble pour abattre la république.

(Voy.Sciences & Vie Junior,n°38,octobre 1999,p.58,col.A).


Les véritables motivations du Maréchal et de Pierre Laval.


Or,il suffit de relire les documents d'époque pour comprendre que ni P.Pétain
ni P.Laval avait agi pour des raisons inavouables.Dès le 13 juin 1940,
le maréchal Pétain avait déclaré:

Il est impossible au gouvernement,sans émigrer,sans déserter,d'abandonner
le territoire français.Le devoir du gouvernement est,quoi qu'il arrive,de rester
dans le pays,sous peine de n'être plus reconnu comme tel.

(Voy.Louis-Dominique Girard, Montoire,Verdun diplomatique
(Ed.André Bonne,1948),pp.41-2).

De son côté,prenant la parole lors d'une réunion informelle le 21 juin 1940,
René Dommange avait prévenu le président de la République A.Lebrun:

Monsieur le Président,c'est votre gouvernement qui ne serait plus libre
et souverain après avoir abandonné plus de quarante millions de Français
en pleine bataille,sur le sol national.Ces populations abandonnées constituraient
elles-mêmes le vrai gouvernement de la France.C'est nous qui le formerions car
nous ne quitterons jamais la France.Que pourrez-vous faire là où vous irez ?

(Voy.Jean Montigny,Toute la vérité sur un mois dramatique de notre histoire
(auto-édité,1940),p.28).

Il avait été suivi par P.Laval qui lança:

Si vous quittez la France,vous n'y mettrez jamais plus les pieds.
Oui,quand on saura que vous avez choisi pour partir l'heure où notre pays
connaissait la plus grande détresse,un mot viendra sur toutes les lèvres:
celui de défection....peut-être même un mot plus grave encore,celui de trahison...
Votre devoir,Monsieur le Président,est de suivre l'exemple du Maréchal.(Ibid
.,
pp.28-9).

Le cas de la Pologne.

On le voit,les opposants à l'émigration craignaient que dans une France en plein
désarroi,un gouvernement qui choisirait de s'exiler perde toute autorité auprès
du peuple (un peuple qui dès lors serait tenté de se tourner vers les Allemands).
Cette crainte était-elle justifiée ? Un constat de W.Szpilman permet de répondre
à la question,il déclare que dans les premières semaines de l'occupation de la Pologne:

le ressentiment envers le gouvernement et le commandement militaire polonais,
qui avaient l'un et l'autre préféré s'enfuir en abandonnant le pays à son sort,
était en général plus vivace que la haine des Allemands (....).
On pouvait même entendre communément l'opinion selon laquelle notre situation
pourrait s'améliorer puisque les Allemands étaient susceptibles de remettre
de l'ordre dans ce chaos qu'était devenue la Pologne.
(p.38).

Formulé dans un pays où un sentiment anti-allemand prédominait quelques semaines
auparavant,ce constat donne raison à ceux qui,en France,refusaient l'émigration,
car il était évident qu'en France comme en Pologne,un gouvernement en exil aurait
été exécré de l'immense majorité,une majorité qui aurait dès lors tourné son regard
vers les Allemands.Il permet également de comprendre pourquoi l'appel lancé
le 18 juin 1940 par De Gaulle n'eut quasiment aucun écho.
A l'époque,les masses affolées se moquaient éperdument d'un militaire qui,
après avoir quitté le sol national,prêchait la poursuite de la guerre,elles espéraient
en revanche de ceux qui avaient choisi de rester.


Le constat de W.Szpilman n'était pas erroné.


Naturellement,certains pourront me répondre que le constat de W.Szpilman
était soit mensonger,soit grossièrement exagéré et que même s'il était exact,
au bout de quelques semaines,les populations polonaises ont dû s'apercevoir
de leur erreur.A l'appui de cette affirmation,ils citeront les propos de l'ancien
secrétaire d'Etat du Gouvernement général de Pologne,Joseph Bühler.
A Nuremberg,celui-ci déclara que la population polonaise n'apporta pas son
concours aux mesures prises par les Allemands:

Cette absence de concours était due à des considérations patriotiques,
à l'aversion pour la domination allemande,aversion provoquée elle-même
par une propagande continuelle et efficace faite de l'extérieur.
Je ne crois pas que,dans aucun autre pays d'Europe,il y eut autant de pillage,
de vols et de marché noir,autant de destructions et de déprédations exécutées
afin de saboter le ravitaillement,que dans le Gouvernement général. (TMI
,XII,84).

A cela,j'opposerai le fait que,même s'il y eut une résistance (voy.plus bas),
de nombreux polonais n'ont pas hésité à collaborer avec les Allemands.
A Nuremberg,l'ancien gouverneur de Pologne,Hans Frank,déclara (sans être contredit)
que durant l'occupation,25 000 Polonais et 5 000 Ukrainiens travaillaient dans la
Police criminelle sous les ordres de la Police allemande (TMI,XII,32).
Autre chiffre révélateur:sur les 320 000 fonctionnaires qui travaillèrent dans
le Gouvernement général entre 1940 et 1945,il y eut en moyenne 40 000 Allemands
contre 280 000 Polonais et Ukrainiens (Ibid.,p.18).

Dès la fin de la guerre de Pologne,Hitler avait plaidé non pour qu'on réduise
brutalement en esclavage le peuple polonais,mais pour qu'on remette de l'ordre
dans les territoires nouvellement acquis.
Devant ses juges,le 18 avril 1946,H.Frank déclara:

(...) Hitler m'a donné l'ordre de veiller à ce que tout se rétablisse quelque peu
dans ces territoires qui étaient complètement dévastés,et dont les ponts étaient
sautés,les chemins de fer immobilisés et la population affolée.
Je devais m'efforcer que le territoire devienne un facteur de l'amélioration de la
terrible situation économique du Reich allemand. (TMI
,XII,19).

Image
(Hans Frank)


Sa déposition est confirmée par le compte rendu d'un entretien secret qu'Hitler
eut le 26 septembre 1939 avec le médiateur suédois,Birger Dalherus,on lit:


(Hitler explique qu') il faut bien que quelqu'un se préoccupe de l'ordre à l'est
et transforme cette complète désorganisation en une situation bien ordonnée.
Ce qui interviendra aussi,c'est le remaniement du peuple des terres dont il a parlé
tout à l'heure (comprenez:les anciennes terres germaniques),on installera
des Allemands dans les régions peu peuplées,de façon à élever au moins la densité
de population de 35 à 60 (habitants au km2).
Le but visé est une répartition rationnelle des nationalités dans chaque région,
et la création en Pologne d'une structure économique logique.

(Voy.Andréas Hillgruber,Les entretiens secrets d'Hitler (Ed.Fayard,1969),p.32).

On le voit,il n'était pas question d'exterminer les Slaves mais d'aboutir à une
"répartition rationnelle des nationalités".
En Pologne dévastée,le premier souci était d'ailleurs le ravitaillement des populations
et la reprise de l'activité.Afin de nourrir les habitants de Varsovie,le Reich fit
parvenir 600 000 tonnes de blé à titre de prêt.Afin de réamorce l'économie,le Reich
avança une somme équivalente à 20 millions de Zlotys.Malgré l'obstruction de certains,
l'activité reprit et se développa considérablement.Plus de 2 000 000 d'ouvriers
furent employés en étant "largement rétribuésé (Ibid.,p.23),si bien qu'en 1944:
"le montant des comptes en banque de la population indigène avait atteint
au total 11 500 000 000 de Zlotys." (Ibid
).
A Nuremberg,l'ancien gouverneur du district de Cracovie à partir du 1er décembre
1943,Kurt von Burgsdorff,déclara:

Dans mon district,l'économie était en 1944 aussi saine dans un domaine que
dans l'autre.Quelques industries avaient été transférées du Reich dans le
Gouvernement général,et en ce qui concernait l'agriculture,l'administration
importait de larges quantités d'engrais et de semences.L'élevage des chevaux
fut également très poussé. (TMI
,XII,62).

_________________
L'autre Histoire :

"qui n'entend qu'un son,n'entend qu'une cloche."

http://www.phdnm.org/uploads/3/0/0/1/30 ... ages-1.htm

http://www.phdnm.org/videacuteos.html

http://www.youtube.com/watch?v=dO13cejg ... ature=fvwp


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MessagePosté: Lun Jan 30, 2012 12:06 pm 
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Inscription: Sam Juil 01, 2006 8:20 am
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C'est ce que tu appelles dialoguer ?

Pour te montrer ce que c'est, je vais répondre à quelques éléments de ta logorrhée alors que tu écartes mes huit lignes d'un désinvolte "allons plus loin". Juste, au demeurant, et même modeste : tu es en vérité aussi loin que possible !

-tu prends au premier degré un propos de Hitler à Dahlerus : manque total de méthode historique, doublé de la naïveté la plus extrême;

-si le gouvernement Beck était resté en Pologne et à supposer que les Allemands l'aient traité comme Pétain et non comme Schuschnigg (au trou, schnell !), crois-tu qu'il aurait eu auprès de ses compatriotes plus de crédit ?

-il faudrait savoir si la Pologne a été bien traitée, ou... polonisée !!!


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MessagePosté: Lun Jan 30, 2012 12:44 pm 
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Inscription: Lun Aoû 24, 2009 1:10 am
Messages: 271
Le dénommé Roro ( et son alias HL ) selon son habitude , nous inflige une laborieuse logorrhée , emaillée de citations douteuses quant à la personnalité de leur auteur * , qui epouse et justifie le point de vue nazi , en deniant , entre autres , toute légitimité à la Resistance !
Faut il detailler et discuter tous ces points , notamment lorsqu'il evoque les attentats contre l'occupant , sans mentionner la repression impitoyable et les differents massacres , tous contraires aux lois de la guerre , perpetrés par cet occupant sur notre sol de 40 à 44 !


Encore une fois , c'est une énième redite , avec l'inévitable réference à " l' Histoire racontée par les vainqueurs " , un copié collé à partir de sites revisionnistes ou carrement négationnistes , bien connus


* Vincent Reynouard , pas historien pour un sou , mais infatigable propagandiste pro nazi


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MessagePosté: Lun Jan 30, 2012 6:34 pm 
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Inscription: Mar Sep 23, 2008 1:11 pm
Messages: 4749
Lebel ne sait qu'aligner des dénigrements éculés. Quand il est mis devant le fait indéniable que lui reste-t-il d'autre ?


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MessagePosté: Lun Jan 30, 2012 6:51 pm 
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Inscription: Sam Juil 01, 2006 8:20 am
Messages: 6779
halte aux attaques personnelles

quel fait indéniable ?


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