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Bonsoir. En vous lisant, Michel, je vois que le paradis sur terre existe, et qu'il est aux U.S.A. Sauf que Mac Coy et Steinbeck sont ou menteurs de bas étages qui ont tout imaginé, ou des romanciers qui se sont inspirés de faits réels pour décrire la grande crise américaine. Tout comme les chiffres qui nous annoncent que pas moins de 50 millions d'américains vivent sous le seuil de pauvreté (90% de la population qui appartiennent aux classes moyennes???)
La démocratie sociale et morale américaine dont, après Tocqueville, je parle si volontiers, n'est pas l'égalité économique. C'est un phénomène purement mental. On le dit parfois
imaginaire. Pierre Hassner m'a dit une fois : quand vous froissez un italien, il vous dit : "Vous ne savez pas à qui vous parlez" tandis qu'un américain, lui, vous dira "Pour qui vous prenez-vous ?".
L'égalité est aussi consubstantielle à la mentalité américaine que l'inégalité l'était à la société du vieux monde dont l'Europe n'était pas encore sortie en 1930, quand Hitler et Staline firent les ravages que l'on sait. C'est précisément cette inégalité qui donna tant de grain à moudre aux bolcheviks et, par réaction, à Hitler et aux autres fascistes d'Europe comme Mussolini, Doriot, Degrelle, Mosley...
La grande crise économique de 1929 fit plusieurs dizaines de millions de chômeurs aux E-U sans, qu'à un seul moment, le "système démocratique" fût pris à parti et rendu responsable des malheurs publics.
En France, en mai 68, il suffit que les régents de l'université de Nanterre interdisent aux étudiants de visiter les filles après 22h pour mettre l'Etat en faillite et le pays au bord de la guerre civile.
Voilà ce qu'il faut entendre par démocratie sociale : en fait, c'est avant tout, une démocratie "morale". Les deux autres démocraties, sociale et politique, en résultent. L'égalité est un tout, mais, en même temps, elle est composée de trois divinités séparées comme la Sainte Trinité qui est, c'est bien connu, un seul Dieu en trois personnes.
En Europe, les trois démocraties furent distinctes, en Amérique elles furent, dès l'origine, confondues.
C'est pourquoi, l'Amérique, à l'inverse de l'Europe, n'a eu ni fascisme ni communisme conséquents au XX° siècle.
Les 50 millions d'américains qui vivent au dessous du seuil de pauvreté ne réclament pas pour autant l'abolition de la démocratie et son remplacement par un Lénine qui s'autoproclamerait seul représentant authentique de la classe ouvrière .