Embranchement à partir de :
viewtopic.php?f=41&t=338&p=11683#p11683Ce que je voulais dire, c'est que la poursuite de la guerre par la France en Afrique du Nord, ou même simplement la non-reconnaissance du gouvernement Pétain par Londres au lendemain de l'armistice, décidée par le cabinet de guerre le 23 juin au matin et sabotée par Halifax dans la soirée (le maintien de cette décision aurait probablement décidé Noguès en AFN, Puaux en Syrie etc., à rester eux-mêmes en guerre en rompant avec le gouvernement fantoche de la métropole) aurait immédiatement posé à Hitler les problèmes les plus graves.
Si en effet on le considère, outre un habile stratège, comme un fou qui pense que la Providence lui a confié une mission très précise, cette mission vient de prendre dans l'aile une de ces volées de plombs dont aucun volatile ne se remet facilement.
Elle consistait à tisser des liens "aryens" étroits avec l'Angleterre, pour un partage de la domination de cette "race" sur le monde : à l'Angleterre les mers, à l'Allemagne l'Europe. Ce dernier point passait par l'écrasement de la force et du prestige militaires français (une chose à peu près acquise) et la destruction de l'Etat soviétique pour lui prendre ses meilleures terres (une tâche qui restait entièrement à entreprendre).
Quoi que l'on pense des chances de l'Axe de chasser les Français d'Afrique du Nord, toute entreprise dans ce sens aurait encore éloigné l'objectif de détruire l'URSS.
Mais surtout, tout mouvement de l'Allemagne vers le sud, passant nécessairement par un enrôlement de l'Espagne, une menace voire une mainmise sur le Portugal, Gibraltar et Malte, une modernisation accélérée des équipements militaires et portuaires dans le sud de l'Espagne et de l'Italie, aurait creusé un abîme avec l'Angleterre et sa classe dirigeante, tout en assurant à Roosevelt une réélection de maréchal soviétique ! et ce sur un programme de guerre et non de paix à tout prix, comme ce fut encore le cas lors du scrutin relativement serré du 5 octobre 40.
En conséquence, Hitler aurait été devant un problème des plus sérieux et un choix des plus épineux : soit changer complètement d'orientation, convertir le pacte germano-soviétique en une alliance sincère et durable et engager une épreuve bien hasardeuse contre la puissance anglo-saxonne, soit faire ce qu'il a fait c'est-à-dire une réédition à l'ouest de l'immobilisme de la drôle de guerre tout en préparant fébrilement l'assaut de l'URSS.
Question : sans la résignation de la France et l'euphorie qui allait avec, les généraux Halder, Brauchitsch et compagnie se seraient-ils laissés convaincre aussi facilement de préparer Barbarossa ? Eux qui n'avaient cessé de nourrir dans un coin de leur tête depuis 1938 des projets de coups d'Etat en raison d'intentions hitlériennes jugées aventureuses contre la Tchécoslovaquie puis la France, ne seraient-ils pas passés aux actes si, malgré son impuissance à contraindre la France à un armistice, Hitler avait déclaré dès le 13 juillet (comme dans l'histoire réelle) son intention d'attaquer l'URSS en 1941 ?
La réponse ne fait guère de doute : Hitler aurait dû s'attarder à l'ouest, son armée ne lui aurait pas permis autre chose. Mais alors, que devenait le nazisme, cette idéologie pro-anglaise et antisoviétique ? Par ce biais aussi, les généraux auraient pu en venir à se débarrasser d'un régime qui avait fait son temps.
Quant au comportement allemand dans une France entièrement occupée, il aurait dû s'orienter en fonction du même choix : soit on vide la querelle avec l'Occident, tout jeune Français un peu courageux s'expatrie par tous les moyens et on "polonise" une maison de retraite, soit on la joue plus fine, on essaye de faire tourner l'économie, on ne provoque pas trop l'Angleterre en germanisant l'autre côté de la Manche, on prépare en douce l'assaut de l'URSS... et on est ramené au problème précédent.