fboizard a écrit:
«pourquoi pas Gamelin, qui fait alors l'objet d'une instruction en cour de Riom ? Mystère !» Pour garder ces questions sur le terrain politique et et ne pas dériver vers le militaire, qui est moins favorable à imputations idéologiques ???
Votre interprétation complète la mienne : ce qui est visé, c'est un chantage sur Vichy. Au moyen de ces malheureux gardes à qui le ciel tombe sur la tête, il s'agit de faire ramper ce gouvernement. Mais très vite, tellement vite que les premières arrestations de gardes en janvier sont suspectes d'avoir été faites à cet effet, le chantage se concentre (du moins ce chantage-là et du moins dans les conversations entre dignitaires allemands) sur la perspective de demander Mandel et Reynaud en échange des gardes. Pas Gamelin, mais pas non plus Henri Roy, le très effacé prédécesseur de Mandel au ministère de l'Intérieur ! Et bien sûr, pas Daladier, qui a déclaré la guerre et en a été le ministre inamovible de juin 36 au 18 mai 40.
Il s'agit donc de part en part d'une manoeuvre politique à forte consonance antisémite, seuls étant visés les "bellicistes" cosmopolites, marionnettes de Londres.
Mais à cette époque Berlin n'aurait qu'à claquer des doigts pour obtenir une telle livraison. Cela pourrait consister, par exemple, à faire dès janvier ou février 41 un bon petit procès collectif de gardes, avec menace immédiate sur leur vie. Or le Reich fait traîner les choses au maximum, comme une grève tournante dans d'autres types de guerre. C'est donc de mettre Vichy en position de suppliant, et de lui faire espérer beaucoup d'os à ronger en cas d'attitude soumise, qu'il est question... pour l'instant. Mandel ne sera tué que trois ans et demi plus tard... avec un chantage consistant à dire que ce n'est qu'un début, que Reynaud suit... ainsi que Blum.
Les gardes territoriaux chercheurs de parachutistes sont mis en place dès la mobilisation, c'est une mesure des plus banales et il est juridiquement absurde de mettre en cause, pour leurs actes, des ministres récemment nommés, à moins qu'ils n'aient émis des instructions spéciales sur leur emploi, et pris des mesures plus spéciales encore pour leur faire descendre à toute vitesse les échelons hiérarchiques ! Juridiquement, d'autre part, la chose échappe à Mandel, le ministre de l'Intérieur étant dessaisi de toute autorité sur les forces militaires en cas d'état de siège.