Cette affaire ayant servi sur un autre forum de flèche d'appoint contre votre serviteur, un nouveau fil y a été ouvert :
http://www.debarquement-normandie.com/phpBB2/viewtopic.php?t=11534
J'y raconte notamment ceci :
Le dernier communiqué des archives londoniennes est particulièrement lamentable :
http://www.nationalarchives.gov.uk/news/stories/121.htm
The police investigation into the six files found to contain forged documents is still ongoing. At this stage The National Archives is unable to make any announcements on the progress of the police investigation. However, we will provide further information when we are able to do so.
On a bien lu : à ce stade, la direction des archives nationales est incapable de donner la moindre nouvelle des progrès de l'enquête de police... qui a début un an plus tôt ! Et un an et demi, au jour d'aujourd'hui.
C'est quasiment surréaliste. Vous fournissez un service, celui-ci est saboté par un tiers à votre insu, quand vous vous en apercevez vous tardez à appeler la police mais finissez par le faire, et vous supportez au moins un an et demi de ne rien savoir de ses investigations alors que pendant ce temps-là vos services restent à la disposition du public !
En fait il faut comprendre que c'est le cabinet Blair qui ne prend pas ses responsabilités et que la direction des archives est prise entre le marteau et l'enclume. Sous cet éclairage, son communiqué est presque insolent.
Quant aux aménités déposées à mon endroit sur le fil cité au début de celui-ci, elles m'inspirent le résumé suivant : j'ai commencé par ajouter foi aux documents produits par Allen et garantis par le sérieux des NA, puis quand on a parlé de faux j'ai remarqué la curieuse dichotomie entre deux pages présentées comme grossièrement falsifiées et une troisième, la plus explicite, qui avait résisté à toutes les analyses et n'était traitée de faux qu'en référence aux deux autres. Face à des contradicteurs qui disaient : il y a des faux, ça suffit pour mettre en doute l'ensemble et trouver comestible la version officielle de 1945.
Par ailleurs, à ce jour, l'expertise des deux "faux" reste unique et le fait qu'Allen ait bien eu en main les mêmes pièces, non établi.
Puis, à la question d'un animateur sur les mobiles qu'aurait pu avoir Churchill de faire dépêcher le chef SS :
Pour faire vite : si une équipe de tueurs spécialement déléguée par le Political Warfare Executive entre en contact avec Himmler sur le territoire allemand le 23 mai 1945, elle a nécessairement reçu sa mission quelques jours plus tôt, voire quelques semaines, donc dans un autre contexte.
Le 23 mai en effet, c'est aussi le jour de l'arrestation en bloc du gouvernement Dönitz. Une mesure que Staline pressait Truman et Churchill de prendre, sans qu'ils se dépêchassent d'obtempérer. C'est-à-dire qu'ils voulaient bien traiter avec ce gouvernement nommé par Hitler, et Churchill explique lumineusement pourquoi dans un télégramme à Eden, daté du 14 : nous avons besoin de Dönitz pour désarmer la Wehrmacht et pour l'instant il nous obéit comme un toutou en convainquant ses soldats d'amener leurs armes dans nos dépôts.
Seulement voilà : Dönitz, en sa capitale d'opérette de Flensburg, avait fait bon accueil à Himmler, pourtant déchu par Hitler quelques jours plus tôt, avant de le virer et de le pousser à la clandestinité, le 10. Il envisageait donc bien, dans un premier temps, de lui rendre ses fonctions de ministre de l'Intérieur, ou quelque poste très élevé dans l'appareil de sécurité, ce qui correspondait bien à la logique himmlérienne (et, à mon avis, testamentairement hitlérienne) consistant à proposer les services de l'appareil SS aux Alliés de l'Ouest en détériorant, par là même, leurs relations avec l'URSS.
Dans cette configuration, Himmler est donc pour Churchill (qui suit l'affaire de beaucoup plus près que Truman et a les idées nettement plus claires) un homme à éliminer d'urgence, tant pour ne pas trop déplaire à Staline que pour s'assurer que Dönitz n'est rien d'autre qu'un expédient provisoire.
Ajoutons que Churchill vient de passer des années à essayer de convaincre ses deux partenaires qu'il faudrait lors de l'avance en Allemagne fusiller immédiatement les cadres de très haut niveau. Ce n'est que le 3 mai qu'il accepte, sous une très vive pression de Truman, l'organisation d'un procès à Nuremberg, et encore, sous réserve d'un accord sur les modalités. Dans le télégramme où il explique à Eden ce revirement du cabinet, il fait contre mauvaise fortune bon coeur en disant : "de toutes façons beaucoup sont morts et bien d'autres peuvent mourir entre-temps."
Donc pour Churchill, les nazis, les vrais, les chefs, ça ne se juge pas, ça se liquide, pour purifier au plus vite l'Allemagne et la rendre gouvernable.
Mais il est clair que quand le 23 il fait arrêter Dönitz (décision qui lui revient car Flensburg est en zone britannique) il pourrait rappeler son commando, si commando il y a, l'exécution sommaire devenant tout d'un coup beaucoup moins justifiable. Il y a là un cafouillage... qui explique la rareté, encore à ce jour, des archives et les nombreuses bizarreries et contradictions des versions officielles et autres témoignages.
Pour moi donc, le mobile semble être beaucoup plus de l'empêcher d'agir que (comme le disent Irving, Bellinger et consorts) de parler.
J'ajoute que ce sont eux, ainsi qu'Allen dans son livre, qui parlent d'une exécution. Les recherches que j'ai faites moi-même, autour du témoignage du capitaine Selvester, m'amènent à pencher plutôt pour un suicide assisté. C'est ainsi d'ailleurs que j'avais intitulé le dossier au tout début, mais plutôt ironiquement. A présent je penche pour l'exactitude du récit de sa fin (sinon que je retarde la date du 23 au 24, les choses ne pouvant s'être passées avant minuit) : il a bien croqué une ampoule pendant un examen buccal... mais on venait de la lui fournir ou peut-être de la lui rendre.