http://passouline.blog.lemonde.fr/2009/ ... -polonais/Citation:
l’un des romans de la rentrée qui est le plus unanimement loué par la critique, Jan Karski (118 pages, 16,50 euros, Gallimard) de Yannick Haenel.
est chroniqué par Pierrre Assouline le 30 août. Le héros est un fameux résistant polonias, qui avait rpis de grands risques pour informer l'Occident de ce qui se passait dans les pays sous domination allemande au sujet des Juifs, et particulièrement à Auschwitz. Un intervenant évoque la fameuse "passivité" des Alliés.
Mes réponses :
Citation:
(...)
Quant à la question, intéressante, “pourquoi ne parle-t-on pas de l’URSS ?” à propos des projets avortés d’actions de sauvetage, sa réponse réside dans le surgissement même de cette problématique, à la fin des années 70, chez des historiens israéliens pour une bonne part et, dans ce cas, animés par des enjeux nationaux. Une querelle largement artificielle : Hitler était un dictateur puissant, à qui on ne pouvait dicter sa politique, en matière juive tout spécialement. Pas d’autre solution pour sauver les Juifs sur un territoire (sauf actes discrets et individuels), que de l’en chasser.
Plus subtilement, on peut aussi arguer que ces mesures spécifiques pour sauver des Juifs étaient souvent suggérées par les nazis eux-mêmes et spécialement les SS, afin de prendre langue avec les Alliés… occidentaux, et d’enfoncer par là un coin entre eux et l’URSS. On comprend que Staline n’ait pas mangé de ce pain, d’autant plus qu’il ne lui était pas proposé… et Churchill pas davantage, malgré son intérêt ancien pour le sionisme. Car il est l’homme qui tient ensemble la coalition, et fait en sorte que le nazisme soit anéanti de concert, avant qu’on parle haut et clair à Staline (mais en faisant en sorte dans la coulisse qu’il ne soit pas trop gourmand, cf. Téhéran et Yalta).
à un contradicteur qui demandait des informations sur les châtiments promis aux Allemands
par la propagande alliée :
Citation:
d’une façon générale, je n’aime pas beaucoup, sur les blogs et forums, ceux qui soulèvent des questions sans biscuits et exigent de leurs contradicteurs qu’ils les fournissent.
Je vous ai donc répondu de mémoire.
A présent je consens à un petit effort de documentation.
17/12/1942 The British Parliament vows to avenge Nazi crimes against Jews, as Eden announces that the Germans ‘are now carrying into effect Hitler’s often repeated intention to exterminate the Jewish people in Europe’. U.S. declares those crimes will be avenged.
traduction : 17 décembre 1941 - Le parlement britannique jure de venger les crimes nazis contre les Juifs, tandis qu'Eden annonce que les Allemands "sont maintenant en train de mettre à exécution l'intention maintes fois exprimée par Hitler d'exterminer les Juifs d'Europe". Les Etats-Unis déclarent que ces crimes seront vengés.
Sur le fond maintenant.
Il y a deux conceptions possibles de la lutte contre Hitler en général et de la Seconde Guerre mondiale en particulier : soit chacun pour soi (et il se frotte les mains), soit tous ensemble (et il verdit de peur). La question juive est centrale… pour lui, et pour les intéressés. Elle n’a pas à l’être pour quelque autre.
Je consacre une bonne partie de mon travail à mettre en lumière l’action de Churchill et à montrer que de 1932 à 1945, exception faite du procès de Nuremberg dont il ne veut pas, il indique une voie efficace, sans que quiconque au même moment en indique une différente, et également efficace.
Examinons donc votre alternative : les Alliés isolent dans leur propagande la question juive et la placent au centre. Ils martèlent des avertissements aux populations juives sous la botte, et à leurs éventuels bourreaux -au lieu de le faire dans des discours balancés, n’oubliant si possible aucune victime. Le résultat ? Probablement, de renforcer le processus décrit par Niemöller :
Als die Nazis die Kommunisten holten,
habe ich geschwiegen ;
ich war ja kein Kommunist.
Als sie die Sozialdemokraten einsperrten,
habe ich geschwiegen ;
ich war ja kein Sozialdemokrat.
Als sie die Gewerkschafter holten,
habe ich geschwiegen,
ich war ja kein Gewerkschafter.
Als sie die Juden holten, quand ils sont venus chercher les Juifs
habe ich nicht protestiert ; je n’ai pas protesté
ich war ja kein Jude. Je n’étais pas juif
Als sie mich holten, gab es keinen mehr,
der protestieren konnte.
Les non-juifs se sentiraient un peu rassurés, et les Juifs encore moins à l’abri.
SURTOUT : les nazis, parfaitement au courant de leur défi à la morale et à l’humanité, n’attendent que cela, des actions spécifiques en faveur des Juifs. Leur valeur d’otages monterait en flèche, et les possibilités de négociation ainsi ouvertes. Ce sont des hommes de dialogue ! Et la voie que montre, si souvent seul, Churchill, c’est de ne JAMAIS discuter avec eux.
Un contradicteur trouve ma thèse "à la fois fantaisiste et idéologiquement douteuse". Il est vrai qu'il m'attribue la pensée que "les nazis
ne considéraient les juifs (à la tonne j’imagine)
que comme une monnaie d’échange" (souligné par moi) et ajoutait : "Il y a effectivement eu quelques ventes de “juifs vivants”, de façon anecdotique. Mais les kommandos de l’Est n’avaient une seule mission : judenrein."
Citation:
Je crois que vous écrivez vous-même ma “théorie” pour mieux l’incendier.
et il semble que vous soyez tellement convaincu que les Alliés auraient pu, par une action spécifique, sauver des Juifs, que vous en veniez à penser que tout contradicteur est un barbare qui nie le massacre lui-même !
Un autre intervenant fait remarquer qu'
"il y a tout de même place pour autre chose entre “….. marteler (etc)… ” et … vos “discours balancés” (sic), discours balancés… qu’on pourrait qualifier tout simplement de “silence radio sur la question”. Place pour des informations claires, par divers biais, qui avertissent les populations." Et d'invoquer l'exemple de la Hongrie, dont les habitants juifs ne s'attendaient pas à ce qui leur est arrivé.
Citation:
La guerre, c’est dégoûtant; pas humanisable; notamment parce que cela expose sans arrêt à des choix inhumains.
Vous montrez fort bien ce qu’on aurait pu faire. Je vous réponds deux choses :
-avec les nazis, ces guerriers d’un type nouveau, il y a grand danger que ce qu’on fait pour les embêter les arrange; c’est aussi pour cela que je souligne la chance que “nous” ayons eu un Churchill, qui ne comprenait pas entièrement Hitler mais au moins essayait (à la différence de tant d’autres, aujourd’hui encore !) et savait mieux que beaucoup ce qui était de nature à le contrarier vraiment;
-même à supposer qu’on ait fait ce que vous suggérez et que les nazis n’en aient pas profité pour nouer de dangereux dialogues et lancer de pernicieux chantages, quelle efficacité, sur des territoires qu’ils dominaient ?
La Hongrie est un bon exemple : pendant presque toute la guerre les Juifs se croient à l’abri et y sont, Horthy se refusant à les persécuter. Brusquement en mars 44 Hitler met Horthy sur la touche et fait fondre Eichmann sur le pays. Fallait-il sonner le tocsin avant, en déconsidérant la protection d’Horthy ? Vous voyez bien que ces gens vous enferment dans des alternatives où ils sont gagnants à tous les coups. Il ne reste qu’à les vaincre et les chasser.