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 Sujet du message: Présentation du livre
MessagePosté: Lun Nov 29, 2010 6:37 am 
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Inscription: Sam Juil 01, 2006 8:20 am
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Philosophe et historien, Marcel Gauchet vient de nous livrer l’avant-dernier tome de sa fresque sur la "sortie de la religion". Il analyse ici le XXème siècle, pendant lequel la planète a été, selon lui, confrontée à des défis auxquels trois "totalitarismes", apparentés et très différents, ont répondu de manière irréaliste et vouée à l’échec. Ils comblaient en effet le vide laissé dans l’univers politique par l’affaissement des religions, au moyen de chimères qui sollicitaient elles-mêmes une adhésion de nature religieuse. La démocratie libérale ramassait finalement la mise et comblait ledit vide d’une façon plus satisfaisante dans la seconde moitié du siècle, notamment par le biais de l’Etat-providence.

Une entreprise historique aussi vaste est tributaire de matériaux que l’auteur n’a pas fabriqués lui-même : en pareil cas, le choix des fournisseurs est l’un des principaux facteurs de la réussite. En retour, le fait de se situer à une telle hauteur permet des visions d’ensemble que les arpenteurs de champs plus restreints n’ont pu appréhender.

Ma propre analyse, fort réservée devant le concept de "totalitarisme" et plus sceptique encore devant celui de "fascisme" appliqué en dehors des frontières italiennes, conclut volontiers à l’unicité du phénomène nazi. Va-t-elle ici persister, ou se laisser enrichir ?

Gauchet propose un prisme pour la lecture du XXème siècle : le libéralisme aurait, au XIXème, réalisé une "sortie de la religion" imparfaite, ladite religion aurait fait retour, à la manière du refoulé dans la psychanalyse, principalement sous la forme du nationalisme, celui-ci aurait déclenché et fait durer la Première Guerre mondiale et les trois totalitarismes lui auraient succédé. Cependant ils ne procéderaient point, comme on le dit souvent, des violences et des destructions du conflit, mais sortiraient de la même matrice que lui. Les communions des régimes d’extrême droite ou d’extrême gauche, tout comme la fraternité des tranchées, répondraient à des besoins de type religieux. Ils soigneraient la nostalgie d’une société unie et consisteraient en un "réenchantement du monde" fantasmatique et nécessairement bref -la relative longévité de son incarnation soviétique tenant à un lent refroidissement de la ferveur initiale.

Le nazisme est de cet enchantement, d’après l’auteur, la forme la plus achevée et la plus évocatrice des religions anciennes. Celle qui a le plus cherché à matérialiser sa propre idéologie.

L’hypothèse est intéressante, et mérite d’irriguer à l’avenir les études historiques. Celles qui portent sur le nazisme ont en effet elles-mêmes, dans le moment présent, à sortir d’une religion appelée le fonctionnalisme, dont les prédicateurs initiaux furent deux universitaires ouest-allemands, Martin Broszat et Hans Mommsen. Cette approche dénie au phénomène une bonne part de sa continuité et le considère au jour le jour. Il ne serait pas entièrement dépourvu de colonne vertébrale, mais créerait celle-ci au fur et à mesure en un "processus cumulatif".

Gauchet sort de cette religion-là de façon incomplète, mais précieuse. Il repère dans le nazisme un "programme génétique", dont la pièce maîtresse est l’antisémitisme. Il ne s’agit pas cependant d’une "guerre contre les Juifs", comme certaines études, anciennes ou récentes, ont tenté de le démontrer. Gauchet voit dans "le Juif" une entité concrète mais aussi abstraite, un fantasme contre lequel la cité nazie se construit, un ennemi de type satanique indispensable à l’affirmation de la foi. Il met aussi à sa place, la première et de loin, le discours hitlérien, comme le seul important, un Rosenberg ou un Himmler dégoisant aussi de l’idéologie mais de façon désespérément périphérique. Hitler EST -suivant ce dogme- à la fois son pays et son peuple. Le régime a certes une histoire, mais lestée d’invariants lourds et contraignants. Le chef sait où il va, et sait toujours où il en est.

Par rapport à mes deux décennies de travaux et de publications, ce livre fouille un domaine où je me suis peu aventuré, celui du champ politique et idéologique dans lequel se déploie le nazisme. J’ai surtout décrypté les manoeuvres hitlériennes -et j’en ai trouvé tellement, qui n’avaient point été repérées ou même soupçonnées, que je considère à présent ce domaine comme à peine effleuré. Mon attention, du coup, a été moins attirée vers les conditions historiques qui ont permis, ou au moins favorisé, le succès de ces manigances. Le fait, par exemple, que Hitler, en jouant sur les ressorts de la modernité, échappe vite à l’emprise des conservateurs qui l’ont hissé au pouvoir, est souligné dans des pages excellentes (460-462) où on lit notamment : "Il savait parfaitement que le choc symbolique provoqué par sa nomination emporterait toutes les digues qu’on voudrait lui opposer". "Il savait aussi qu’il avait entre les mains, avec son parti de combat, un instrument démultiplicateur d’une autre trempe que les machines électorales anémiques des ’réactionnaires’ avec lesquels il lui fallait pour un temps composer".

Dans ce tout premier commentaire d’une oeuvre sur laquelle il faudra longuement revenir, je voudrais relever une divergence, sans doute significative : Gauchet insiste à de nombreuses reprises, à commencer par l’expression même de "religion séculière", sur le caractère entièrement terrestre des trois totalitarismes, et leur refus de toute transcendance. S’agissant du nazisme, c’est faire bon marché de l’invocation fréquente par Hitler de "la Providence". Or il semble qu’il y ait là non pas une métaphore, mais bien une ferme croyance. Ce chantre de la Volonté semble avoir adopté la devise "Aide-toi, le Ciel t’aidera". Son intransigeance même et son refus de capituler, fût-ce à la dernière extrémité, ne peuvent guère procéder que du sentiment que sa fidélité à ses idéaux allait être finalement récompensée, par une divinité personnelle et attentive aux choses d’ici-bas. Ainsi se serait-il vu sincèrement comme un Antéchrist, voué par une mission surnaturelle à purger la Terre du "poison juif" distillé par "deux mille ans de christianisme".

Faute de voir les choses ainsi, et sans doute aussi par une propension à surestimer les points communs avec d’autres dictatures, staliniennes en particulier, Gauchet met trop l’accent sur l’impasse historique qu’aurait constituée le nazisme. Etait-il si voué à l’échec que cela ? Une religion l’a dit très tôt, celle du nazi repenti Hermann Rauschning qui présentait le national-socialisme, dès 1938, comme une "révolution du nihilisme". Voilà qui explique peut-être, outre une référence laudative à l’un des livres de Rauschning, l’absence, dans toute cette analyse, du mot "Churchill". La volonté personnelle de cet Anglais ne s’est-elle pourtant pas mise in extremis en travers d’un triomphe durable du prophète allemand ? Son rôle est ici attribué, de façon anonyme et chronologiquement vague, à "la démocratie libérale". De même sont ignorées certaines recherches récentes sur la politique finale du régime, qui n’aurait pas consisté à "brûler" la terre allemande pour punir ses habitants d’avoir été indignes de la mission assignée par le régime. La classique fable de Speer, qui aurait saboté le fameux "ordre de Néron" donné par le dictateur, trône inviolée. Or si un nazi était une marionnette de Hitler c’était bien cet architecte, et le fait même qu’il ait été chargé d’une telle mission, en ayant averti qu’elle lui répugnait, montre que le Führer avait là une politique apparente et une autre, bien réelle : il était le premier à souhaiter un redressement de l’Allemagne sous la botte américaine, mais ne pouvait évidemment le clamer.

Il l’aimait donc, ce pays, certes à sa monstrueuse manière. Voilà ce qu’une vision trop systématique dissimule dans ce maître ouvrage. De même qu’il fait de la "race aryenne" une réalité purement idéologique, sans mesurer que ce concept va à l’encontre de l’idée encore prospère, et ici réaffirmée, que le nazisme visait une domination de l’Allemagne sur le monde alors que sa proposition, autrement réaliste et tentatrice, consistait en un partage de la planète avec les Anglo-Saxons.


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 Sujet du message: Re: Présentation du livre
MessagePosté: Mer Déc 08, 2010 8:51 am 
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Inscription: Mar Sep 23, 2008 1:11 pm
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Quels sont ces trois totalitarismes ?
Je n'en vois que deux : le communisme et le nazisme.
Si le troisième, c'est la démocratie libérale, je ne suis pas d'accord, mais alors pas du tout.
Elle met l'individu au centre. Elle est donc le contraire d'un totalitarisme. Elle est le triomphe de l'anti-totalitarisme, sa négation même.


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 Sujet du message: Re: Présentation du livre
MessagePosté: Mer Déc 08, 2010 10:44 am 
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Là, tu nous donnes une démonstration de lecture diagonale, facteur de grave incompréhension.

Il est clair que Gauchet est favorable à la démocratie libérale et hostile aux totalitarismes : ce n'est pas pour les confondre !

Le troisième ne peut donc être, et n'est, que le fascisme italien.


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 Sujet du message: Re: Présentation du livre
MessagePosté: Mer Déc 08, 2010 11:59 am 
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Bien sûr !
Sauf que le fascisme italien ne fut totalitaire qu'en paroles. Il laissa l'éducation de la jeunesse à l'Eglise et la liberté d'expression ne fut pas abolie complètement jusqu'à la guerre.
Mussolini disait :"Je prends l'homme à la naissance et je le garde avec moi jusqu'à la mort. A ce moment-là, je le cède au pape."
En fait, il n'en fut rien.


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 Sujet du message: Re: Présentation du livre
MessagePosté: Mer Déc 08, 2010 12:38 pm 
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Gauchet fait ces remarques, mais classe tout de même le fascisme dans les régimes totalitaires.


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 Sujet du message: Re: Présentation du livre
MessagePosté: Mer Déc 08, 2010 5:30 pm 
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Inscription: Mar Sep 23, 2008 1:11 pm
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Oui. D'ailleurs, je crois que c'est à propos du fascisme italien que le mot "totalitaire" fut employé pour la première fois. Mais s'il y a un signe qui ne trompe pas, c'est bien le camp de concentration (à distinguer des camps d'internement). Il n'y en eut pas en Italie. A lire Carlo Lévi (Le Christ s'est arrêté à Eboli) les opposants étaient traités dignement.


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 Sujet du message: Re: Présentation du livre
MessagePosté: Jeu Déc 09, 2010 2:27 pm 
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ne te fais pas trop d'illusions là-dessus !

mais il est vrai que tout est relatif.

On peut d'ailleurs tout à fait comparer les rapports Mussolini-Hitler aux rapports Pétain-Hitler : tel est pris qui croyait prendre.


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 Sujet du message: Re: Présentation du livre
MessagePosté: Sam Déc 11, 2010 6:13 pm 
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Inscription: Mar Sep 23, 2008 1:11 pm
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Citation:
Philosophe et historien, Marcel Gauchet vient de nous livrer l’avant-dernier tome de sa fresque sur la "sortie de la religion". Il analyse ici le XXème siècle, pendant lequel la planète a été, selon lui, confrontée à des défis auxquels trois "totalitarismes", apparentés et très différents, ont répondu de manière irréaliste et vouée à l’échec. Ils comblaient en effet le vide laissé dans l’univers politique par l’affaissement des religions, au moyen de chimères qui sollicitaient elles-mêmes une adhésion de nature religieuse. La démocratie libérale ramassait finalement la mise et comblait ledit vide d’une façon plus satisfaisante dans la seconde moitié du siècle, notamment par le biais de l’Etat-providence.


Non !
Marcel Gauchet se trompe à la base car le totalitarisme n'est pas l'exception mais la règle dans l'histoire et, ce qui est l'exception, c'est son contraire à savoir l'individu, sa valeur intrinsèque, la morale des droits de l'Homme, en bref : la Liberté. La Liberté ne s'est pas introduite en un jour ou en une seule fois dans l'histoire. Pendant la quasi totalité du temps historiques et sur la totalité des espaces géographiques, l'humanité n'a connu qu'une seule morale qui était la morale de la communauté, le patriotisme, si l'on veut, et les religions n'apportaient pas une autre morale que celle-là, bien au contraire puisqu'elles se mettaient à son service. Soit la religion était "municipale" comme dans la cité antique, soit la communauté devait sa consistance à la religion comme dans le Judaïsme et l'Islam.
Le christianisme, en particulier latin, a puissamment innové en installant une deuxième morale au sein de la première et l'Europe fut le pays de la double morale, celle du pape et celle de l'Empereur, d'où la Liberté que nous chérissons est sortie.
Le déclin des croyances religieuses a eu comme effet pervers de ramener certains pays à l'état antérieur. Le totalitarisme c'est le retour à l'Antiquité et au "despotisme oriental".


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 Sujet du message: Re: Présentation du livre
MessagePosté: Sam Déc 11, 2010 6:24 pm 
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Inscription: Mar Sep 23, 2008 1:11 pm
Messages: 4749
Citation:
On peut d'ailleurs tout à fait comparer les rapports Mussolini-Hitler aux rapports Pétain-Hitler : tel est pris qui croyait prendre.



Non!
On ne peut pas comparer deux choses aussi différentes et, d'ailleurs, comparaison n'est pas raison.
Pétain était le chef d'un pays vaincu par Hitler, et ce pays était l'ennemi héréditaire de l'Allemagne, tandis que Mussolini était le plus ancien allié et l'initiateur modèle de Hitler.
Hitler révérait Mussolini (mais la réciproque n'existait pas).


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 Sujet du message: Re: Présentation du livre
MessagePosté: Sam Déc 11, 2010 8:35 pm 
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tu pèches encore par généralité, au lieu d'avoir la politesse de lire attentivement et de répondre précisément.

Il y a bien sûr moult différences entre les Césars de Rome et de Vichy (et je te mets au défi de dire laquelle, parmi les millions de lignes que j'ai signées sur le forum et sur le site, pourrait laisser supposer que pour moi comparaison ait jamais valu raison).

La comparaison, pour servir à quelque chose, doit être circonscrite : la mienne l'est à leur commune capacité de se faire embobiner par Hitler. C'est là-dessus que tu dois répondre... si tu as quelque chose à dire.


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 Sujet du message: Re: Présentation du livre
MessagePosté: Sam Déc 11, 2010 8:53 pm 
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Inscription: Mar Sep 23, 2008 1:11 pm
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Citation:
La comparaison, pour servir à quelque chose, doit être circonscrite : la mienne l'est à leur commune capacité de se faire embobiner par Hitler. C'est là-dessus que tu dois répondre... si tu as quelque chose à dire.



La capacité manipulatrice de Hitler est une de tes principales marottes et je ne voulais pas te piquer au vif en te disant que tu te trompes là-dessus.
Les coups tordus du nazisme comme l'incendie du Reichstag, la nuit des longs couteaux, Fritsch, Blomberg, Gleiwitz... soit ne furent pas provoqués par lui, soit furent initiés et exécutés par Heydrich.
Quant à dire qu'il ait manipulé Pétain, c'est faux. Ce fut tout le contraire.
Comment je le sais ?
Parce qu'il l'a dit lui-même dans les Bunkergespräche : "Notre plus grosse faute fut l'armistice" et ton objection disant qu'il voulait poser pour l'Histoire ne tient pas la route une seconde.


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 Sujet du message: Re: Présentation du livre
MessagePosté: Sam Déc 11, 2010 10:19 pm 
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JRAT ?


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 Sujet du message: Re: Présentation du livre
MessagePosté: Sam Déc 11, 2010 10:58 pm 
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Je crois, oui.


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 Sujet du message: Re: Présentation du livre
MessagePosté: Dim Déc 12, 2010 7:25 am 
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Inscription: Sam Juil 01, 2006 8:20 am
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alors voici un nouveau code :
JARAT, qui signifie "j'ai réponse à tout".
J'espère que tu mesures la différence avec ta vantardise maintes fois répétée : "je réponds à tout".


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 Sujet du message: Re: Présentation du livre
MessagePosté: Dim Déc 12, 2010 9:37 am 
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Inscription: Mar Sep 23, 2008 1:11 pm
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Bravo !
Sur un autre fil je t'ai traité de perroquet. Je me trompais. Tu montres avec ton JARAT que tu es capable d'innovation.


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