Après Geignard, Fuyard !
Peu importe, je réponds, en m'adressant à tous, à ton message le plus clair et le plus intelligent :
boisbouvier a écrit:
Le tournant du 9 novembre a bien existé mais il fut dû, non au gauleiter de Moselle-Palatinat Bürckel et à l'expulsion des Juifs lorrains, comme tu le crois, mais au retour de Rougier.
Il est parfaitement exact que Vichy ait envisagé de reprendre les colonies passées à la dissidence gaulliste et de se servir de cet "exploit" pour prouver à l'autorité d'occupation sa loyauté au regard de la convention d'armistice comme elle l'avait déjà fait à Dakar en septembre.
Or, le GA intervenu entre Rougier et Churchill le 24 octobre interdisait justement cela.
En échange de la renonciation des Anglais à attaquer de nouveaux territoires français, la partie française s'engageait à ne pas s'attaquer aux colonies passées à la dissidence.
Le 13 décembre n'a pas d'autre cause.
Pétain se méfiait de Laval, à cette époque.
1) Rougier ment en prétendant avoir rencontré Churchill le 24, au moment de Montoire : c'était le lendemain, et en conséquence, de Montoire.
2) Hitler est à la manoeuvre et personne ici n'a parlé d'une initiative de Bürckel, en tout cas pas moi.
3) Si l'annonce de l'expulsion des Mosellans refusant la germanisation (et non des Juifs lorrains...) est peut-être la goutte d'eau (elle oblige en tout cas Vichy à démentir que l'abandon de l'Alsace-Lorraine ait été convenu à Montoire -et ce sera, le 14 novembre, sous la signature d'Alibert, la seule protestation publique de Vichy contre une mesure de l'occupant), c'est dès les derniers jours d'octobre que l'attitude de leurs interlocuteurs allemands déçoit les émissaires de Vichy, notamment à Wiesbaden.
4) Il n'y a pas de "gentlemen's agreement" avec Rougier, du moins pas en octobre et en Angleterre -ce qui se passe en novembre en Suisse étant une autre question-, mais un simple envoi de Rougier par Churchill à Alger, voir Weygand (sur la suggestion de Rougier), avec un papier témoignant d'une discussion avec Churchill et le Foreign Office sur ce qu'il allait lui proposer au cas où il entrerait en dissidence (papier falsifié puis frauduleusement présenté par Rougier comme un "gentlemen's ageement").
Le tournant du 9 novembre est donc bel et bien provoqué par la froideur hitlérienne consécutive à Montoire et l'analyse différente qu'en font Laval (nous ne l'avons pas encore assez mis en confiance) et Pétain (il s'est bien payé ma tête, il m'a compromis devant les photographes sans contrepartie aucune).