tout à fait OK avec votre fin : Hitler fait comprendre à Pétain dès le premier jour qu'avec lui on n'a rien à revendiquer, même et surtout si on s'en remet entièrement à lui. Car Pétain, en disant "il faut cesser le combat" sans la moindre garantie (autre que d'éventuelles confidences vaticanes ou espagnoles sur les intentions du Führer), s'attend à ce que sur l'heure Hitler fasse connaître ses conditions. D'où la falsification en fin d'après midi (et dans les journaux du lendemain) de son discours par l'ajout d'un verbe signifiant, un peu tard, que la lutte continue : "il faut tenter de cesser le combat".
En ce qui concerne Bullitt, il faudra vous contenter pour l'instant de cet extrait de mon
Mais, si les avis et instructions qu’il prodigue à ses subordonnés
dessinent en creux son analyse de la politique mondiale, un texte au
moins la présente noir sur blanc, le télégramme déjà mentionné de
Bullitt à Roosevelt, daté du 1er juillet et faisant état de ses conversations
avec les principaux dirigeants en train d’emménager à
Vichy. Il expose longuement les vues de Lebrun, Pétain et Darlan
après une introduction générale suivant laquelle toutes ces
personnes, ainsi que Weygand et Chautemps, ont « accepté complètement
que leur pays devienne une province de l’Allemagne ». Ce
défaitisme absolu, chez Darlan, se décline ainsi :
Citation:
L’amiral Darlan en voulait énormément à la Grande-Bretagne.
Il dit qu’il pensait que la flotte anglaise s’était montrée aussi
décevante que l’armée française. Elle était dirigée non par un
homme mais par un collège de dirigeants incapables d’arrêter la
moindre décision avant qu’il ne soit trop tard. […]
Il poursuivit en disant sa certitude absolue que la Grande-
Bretagne serait entièrement occupée par l’Allemagne dans les
cinq semaines, à moins qu’elle ne s’incline avant. […] Les
Allemands pouvaient s’emparer facilement de l’Irlande et fermer
les ports de Glasgow, Liverpool, Cardiff et Bristol. La Grande-
Bretagne mourrait par asphyxie même sans être envahie. Pour sa
part il ne croyait pas que le gouvernement ni le peuple britanniques
auraient le courage de supporter un bombardement aérien
allemand sévère et il s’attendait à une reddition après quelques
raids aériens massifs.
Je fis la remarque qu’il semblait considérer cette perspective avec
un plaisir extrême, il ne dit pas non et il sourit.